Hubble a 27 ans aujourd’hui et en cadeau, il nous offre un aperçu, riche de détails, de deux galaxies spirales très proches l’une de l’autre. Leur étude intrigue cependant les astronomes, car, en dépit de leur interaction gravitationnelle, aucune déformation n’est visible. Il existe peut-être une explication à cela.
C’est aujourd’hui, lundi 24 avril, qu’Hubble fête le 27e anniversaire de son lancement. Que de chemin parcouru depuis : 148.000 tours de la Terre, à quelque 400 km d’altitude, ce qui fait un total cumulé de 6 milliards de km ! Autres chiffres impressionnants : depuis qu’il a ouvert son œil de 2,4 m de diamètre (après qu’il ait subi une intervention malencontreuse), il a totalisé pas moins 1,3 million d’observations (141 Tb de données) de 42.000 objets célestes différents. Le célèbre télescope spatial a ainsi contribué à la publication de 14.600 articles scientifiques dont certains ont été distingués par des prix prestigieux internationaux comme le Nobel.
Tous les domaines de l’astronomie ont été couverts, des jeunes galaxies aux confins de l’univers (à plus de 13,2 milliards d’années-lumière) jusqu’aux astéroïdes et comètes de notre Système solaire (à seulement quelques minutes ou heures-lumière…). Le moins que loin puisse dire est qu’il a largement influencé notre perception du cosmos au cours du quart de siècle écoulé, quasiment autant pour les astronomes que pour le grand public. Et cela ne semble pas prêt de s’arrêter, car ses responsables le gardent en fonction après l’arrivée, fin 2018, de celui qui est souvent présenté comme son successeur, le James Webb Space Télescope (JWST).
Très proches l’une de l’autre, ces deux galaxies intriguent les astronomes
Preuve, s’il en faut une, des étonnantes capacités du vétéran Hubble, cette vue de la paire de galaxies spirales, NGC 4302 et NGC 4298. C’est son cadeau pour célébrer ses 27 ans (chaque année une image remarquable d’un objet céleste est publiée pour fêter son anniversaire).
À l’échelle cosmique, les deux galaxies ne sont pas très éloignées de la nôtre. Elles sont à environ 55 millions d’années-lumière, en direction de la constellation de la Chevelure de Bérénice, et se sont fait capturer par l’immense amas de galaxies de la Vierge (une collection de près de 2.000 galaxies !), le plus influent dans notre voisinage.
Pour la galaxie vue de profil, NGC 4302 (à gauche de l’image), les astronomes estiment sa taille à 87.000 années-lumière (60 % de la Voie lactée). Sa voisine, NGC 4298, distante approximativement de 7.000 années-lumière, serait deux fois plus petite (45.000 années-lumière). En dépit de leur proximité et de leurs interactions gravitationnelles, aucun échange entre les deux n’est visible, ou presque. Les chercheurs sont intrigués. Il n’y a qu’un lien très ténu d’hydrogène neutre tissé entre elles, or, dans ces circonstances, ils s’attendaient plutôt à voir une longue queue de traine et des déformations de leurs disques.
Les queues de gaz très fines qu’ils sont parvenus à observer témoignent, selon eux, de l’arrivée récente du couple de galaxies dans l’arène de l’amas de la Vierge. Toutes deux semblent foncer vers la galaxie très massive Messier 87 (M87), ogre qui grossit toujours, qui règne au centre du groupe. Il est donc possible, selon les astronomes qui les ont étudiés, que NGC 4302 et NGC 4298 laissent dans leur sillage des courants de gaz de plus en plus importants dans un futur proche, des dizaines de milliers d’années.
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