Si le mois d’avril est synonyme de journées qui rallongent, d’ensoleillement et de balades au grand air avec votre cheval… Le printemps peut aussi apporter son lot de galères : allergies, maladies et douleurs pour votre animal. Alors pour prendre soin de votre cheval en cette saison mieux vaut se montrer attentif et respecter des règles essentielles.
La mise à l’herbe
Après plusieurs mois passés au box, au printemps vous avez envie que votre cheval profite de l’air extérieur et de l’herbe bien verte dès les premiers beaux jours. Mais attention une mise au pré trop rapide est risquée pour votre cheval. Votre animal peut tomber malade :
La colique
Changer brusquement l’alimentation de votre cheval n’est jamais bénéfique. En le mettant au pré toute la journée après des semaines dans un box, vous mettez son système digestif à rude épreuve. Gourmand, le cheval ne se raisonnera pas tout seul et risque d’ingérer une grande quantité d’herbe, ce qui peut causer une colique spasmodique ou gazeuse.
Comment savoir si votre cheval est en colique ?
- Il gratte le sol à l’aide de ses antérieurs, peut se coucher ou se rouler
- Il ne mange pas
- Son rythme cardiaque est plus rapide
La première chose à faire est d’appeler le vétérinaire.
En attendant sa venue vous pouvez faire marcher le cheval. Un vétérinaire vous apprend à reconnaitre les symptômes de la colique et les bons gestes à adopter lors de la formation « Gestion des urgences, reconnaitre et réagir ».
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La fourbure
Un cheval en pâturage risque aussi de déclencher une fourbure. En effet, un excès de nourriture riche comme de l’herbe peut provoquer une inflammation du sabot, extrêmement douloureuse. Les poneys sont particulièrement concernés mais ils ne sont pas les seuls. Tout comme pour la colique, le problème vient de la quantité d’herbe ingérée. Nos compagnons à quatre pattes sont souvent bien trop gourmands. Attention l’alimentation n’est pas la seule cause de fourbure.
Comment reconnaître une fourbure ?
- Le cheval reste prostré, rechigne à se déplacer
- Il marche difficilement, comme sur des oeufs
- Il reporte son poids sur les postérieurs
- Ses pieds sont chauds avec un pouls digité frappé
En cas de fourbure appelez votre vétérinaire, il s’agit d’une urgence et mettez le cheval à la diète.
Les parasites
Les pâturages tant appréciés de nos chevaux favorisent la contamination par des parasites qui peuvent leur causer bien des problèmes. En broutant dans l’herbe, surtout s’ils sont plusieurs au pré, l’animal risque d’ingérer des oeufs de divers parasites digestifs qui s’installeront dans ses intestins comme les petits strongles. Le ver profite des nutriments destinés au cheval et le cheval lui s’amaigrit. La perte de poids est le premier symptôme d’une infestation parasitaire.
Les jeunes chevaux sont les plus exposés.
Pour l’éviter, il faut bien-sûr vermifuger régulièrement l’animal, mais il est aussi fortement conseillé de ramasser également les crottins dans le champ. Et pour les éleveurs, l’alternance des pâturages avec les ruminants est une bonne solution.
Le conseil du véto n°1 :
La mise à l’herbe du cheval doit se faire progressivement, en ne laissant d’abord l’animal qu’une heure par jour au pré et en augmentant progressivement la durée avec toujours à sa disposition une bonne réserve de foin. La transition peut prendre un à deux mois. Au bout de cette période il est conseillé de vermifuger les chevaux qui le nécessitent après avoir fait une coproscopie, qui permet d’évaluer le parasitisme de chacun.
Les allergies respiratoires
Comme pour les humains le printemps peut être synonyme d’allergies pour les chevaux.
Les pollens
Le conseil du véto n°2 :
Ces allergies s’apparentent souvent à l’emphysème. Il peut être compliqué d’identifier la cause exacte de cette gêne respiratoire, d’autant que les traitements efficaces sur l’emphysème le sont aussi en cas d’allergies. La désensibilisation peut être très intéressante mais elle est trop peu réalisée de par son coût et ses contraintes. En effet, il faut d’abord dépister l’allergie par prise de sang (environ 180€) puis faire la désensibilisation pendant 3 ans sans garantie de résultats, surtout si le cheval garde une inflammation pulmonaire en parallèle.
Les végétaux toxiques
En passant la journée au pré ou lors d’une balade, le cheval peut risquer l’intoxication alimentaire en croquant dans des feuilles toxiques. En effet certains arbres peuvent se révéler très dangereux pour le cheval. Si une petite quantité peut simplement le rendre malade, certains végétaux peuvent se révéler mortels au-delà d’un certain seuil.
Principaux végétaux toxiques pour le cheval :
- L’if : très nocif il est mortel à partir de 250 grammes.
- Le robinier (faux-acacia) : seule l’écorce est toxique, elle peut causer des troubles respiratoires et le décès par arrêt cardiaque dès 150 grammes ingérés.
- Le laurier-rose : peut causer la mort du cheval par arrêt cardiaque à partir de 400 grammes
- La fougère : les feuilles sont peu toxiques mais le rhizome (partie souterraine permettant la propagation de la plante) est dangereux : mortel dès 80 grammes de rhizome ingérés, alors qu’il faut près d’un kilo de feuilles par jour pendant un mois pour provoquer des symptômes. Elle provoque des diarrhées, convulsions, saignement de nez, des problèmes de locomotion qui entraînent une paralysie.
- Le thuya, le buis, le troène : tous ces arbustes présents dans les haies sont toxiques même à petites doses.
- Le chêne : seuls les glands sont nocifs pour le cheval. Leur tanin cause d’importantes coliques.
- L’Erable sycomore : ses fruits, les samares, sont la cause de la maladie appelée “myopathie atypique”. Cette intoxication, fréquente notamment dans le nord de la France, est restée un mystère jusqu’en 2013 quand la toxine a été enfin identifiée. Cette maladie est le plus souvent fatale, avec une dégénérescence très rapide de l’ensemble des fibres musculaires. Un des symptômes caractéristique est une urine rouge-brun, très foncée.
Cette maladie touche majoritairement des chevaux exclusivement à l’herbe, avec un effet saisonnier au printemps et à l’automne. - L’ergot de seigle : symptômes neurologiques (tremblements, convulsions, paralysie) et des diarrhées.
Cette liste est loin d’être exhaustive.
En cas d’intoxication, il est essentiel d’identifier la plante toxique et la quantité ingérée afin de transmettre toutes ces informations au vétérinaire.
Le traitement consiste à limiter les effets toxiques et à laver l’estomac. L’administration d’huile de paraffine et/ou de charbon, ainsi que la perfusion permet de limiter l’absorption des toxines et de favoriser leur élimination.
Le conseil du véto n°3 :
Mieux vaut prévenir que guérir, car bien souvent il n’existe pas d’antidote. La priorité est donc de supprimer les plantes toxiques qui pourraient se trouver à proximité du pré. Il faut également ouvrir l’œil et rester vigilant lors des sorties.
Attention, dans les régions touchées par la myopathie atypique, les samares peuvent être disséminées par le vent très loin des érables. Il est donc conseillé de complémenter les chevaux et d’éviter une mise à l’herbe totale pendant les saisons à risques afin de prévenir la maladie.
Les insectes
Il font aussi leur grand retour aux beaux jours : les insectes ! Piqûres, démangeaisons, gonflements, certains chevaux ne sont pas épargnés au printemps et en été.
Les insectes ailés
Les moustiques et les taons mais aussi les mouches peuvent provoquer un vrai stress chez le cheval tant leur présence est importante au printemps et à l’été. A cette agitation s’ajoutent les démangeaisons liées aux piqûres, mais aussi les désagréments qui peuvent aller avec : la surinfection d’une plaie, la conjonctivite ou la transmission de maladies comme le virus du West Nile en Camargue.
Il est impossible d’éliminer les insectes de l’environnement du cheval mais il est recommandé de ne sortir le cheval au pré qu’en fin de journée s’il y est très sensible et d’éviter les pâturages proches d’un point d’eau.
Certaines piqûres de moucherons peuvent provoquer le gonflement du fourreau.
Il faut alors bien laver, voire désinfecter (savon antiseptique et rinçage abondant). Des traitements à base de camomille ou de lavande peuvent aider à soulager l’inflammation.
Les chenilles
La dermite estivale
La DERE (dermite estivale récidivante équine) porte bien son nom, puisque chaque année les chevaux qui en souffrent doivent de nouveau y faire face avec le retour de la chaleur.
L’animal qui souffre de dermite estivale est allergique à la salive de certains moucherons. L’encolure et la base de la queue sont particulièrement touchées.
Les démangeaisons sont très douloureuses et le cheval peut se gratter jusqu’au sang.
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Le seul moyen de limiter la dermite est d’agir sur l’environnement du cheval en le protégeant des insectes : répulsifs longue action, chemises protectrices intégrales, le plus efficace étant d’imbiber la chemise de répulsif régulièrement.
Les tiques
Le printemps c’est aussi le grand retour des tiques et des maladies qu’elles transmettent, notamment la piroplasmose ou la maladie de Lyme, sans parler de l’infection du point de morsure.
La plus fréquente reste la piroplasmose qui peut se manifester de façon aiguë (fièvre très importante, anémie sévère) ou chronique (fatigue, baisse de performance…). Il existe un traitement, efficace sur les symptômes mais il présente des effets secondaires (coliques, douleur au point d’injection), et ne permet pas d’éradiquer totalement le parasite dans les cas de piroplasmose à Theileira equi.
Le conseil du véto n°4 :
Là encore le plus efficace reste la prévention. On peut soulager ponctuellement le cheval mais il n’existe pas de traitement miracle contre la dermite estivale, et il vaut toujours mieux éviter les tiques que de traiter contre la piroplasmose.
La lutte contre les insectes doit être une priorité pour vous. Malheureusement, il existe peu de produits rémanents efficaces. Les Pour On ont une bonne efficacité mais sont destinés aux bovins ou ovins. Chez le cheval il est conseillé de tester la sensibilité d’abord sur une petite surface. Ensuite, on peut les appliquer sur la ligne du ventre plutôt que celle du dos afin de limiter les frottements et l’exposition au soleil. Sinon il existe un produit à base de phoxime à diluer avant d’appliquer sur l’ensemble du corps à l’éponge, avec une rémanence de 6 semaines environ.
Attention, ces produits restent toxiques, pour vous comme pour l’environnement, ils sont à utiliser avec parcimonie, pour les chevaux vraiment exposés, ou présentant une forte sensibilité.
Vous l’aurez compris, le printemps n’est pas la saison la plus simple pour les chevaux. L’environnement extérieur présente de nombreux risques pour la santé de votre cheval mais en adoptant les bons gestes et en restant vigilant, vous pourrez protéger votre animal au mieux et ainsi profiter ensemble des beaux jours.
L.C