Des chercheurs de l'Iowa et de la Columbia University avaient déjà utilisé " CRISP " pour réparer, chez l'animal, une mutation génétique responsable de la rétinite pigmentaire, un trouble de la vision hérité qui entraîne une dégradation de la rétine et conduit à la cécité. Ici, les scientifiques de l'Université de Californie San Diego reprogramment, également chez un modèle animal, les photorécepteurs de cônes mutés, obtiennent des photorécepteurs fonctionnels qui permettent de restaurer la vision.
La technique d'édition " CRISPR/Cas " (CRISP pour Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats) est aujourd'hui reconnue comme l'une des technologies biomédicales de pointe et d'avenir. La capacité de la technologie à cibler et faire des coupes précises de l'ADN ou de l'ARN, par l'intermédiaire de bactéries ou de particules qui vont cibler les éléments d'information génétique à modifier, ouvre un nouveau paradigme pour le traitement des maladies à dominante génétique. Ici, " CRISPR " est utilisée, avec succès, pour réparer un défaut génétique causant la cécité, précisément dans les cellules souches de patients.
La rétinite pigmentaire est un bon " terrain d'étude d'efficacité " de l'édition de gènes , car ce trouble de la vision héréditaire peut être causé par de nombreuses mutations dans plus de 60 gènes. Les mutations affectent les photorécepteurs des yeux, les cellules spécialisées de la rétine qui reçoivent et convertissent les images lumineuses en signaux électriques envoyés au cerveau. Il existe deux types de photorécepteurs, de la tige, qui fonctionnent en vision nocturne et périphérique, et des cônes ou cellules coniques, qui permettent la vision centrale et le discernement des couleurs. La rétine humaine contient généralement 120 millions de cellules de tiges et 6 millions de cellules coniques. Dans la rétinite pigmentaire des mutations génétiques entraînent un dysfonctionnement des cellules photoréceptrices de la tige qui s'aggrave au fil du temps. Les premiers symptômes isont la perte de vision périphérique et nocturne, puis une diminution de l'acuité visuelle et de la perception des couleurs. Il n'existe pas de traitement pour la rétinite pigmentaire, qui mène, finalement, à la cécité.
Une vision restaurée : Ici, les chercheurs de l'Université de Californie San Diego School of Medicine et du Shiley Eye Institute à UC San Diego Health, avec des collègues chinois parviennent à reprogrammer, via la technique d'édition de gènes CRISP /Cas 9, les photorécepteurs de cônes mutés en photorécepteurs fonctionnels, inversent la dégénérescence cellulaire et restaurent de la fonction visuelle sur 2 souris modèles de rétinite pigmentaire. Bref, une méthode ultra à la pointe de thérapie génique, qui utilise en vecteur un virus adéno-associé (AAV) qui cible puis permet d'éliminer les mutations sous-jacentes et permet de préserver la vision. Sur les souris traitées, les tests d'électrorétinographie des récepteurs de la tige et du cône suggèrent une fonction significativement améliorée.
Les essais cliniques humains pourront être planifiés rapidement concluent les chercheurs, le besoin est grand et urgent. De plus, l'approche qui consiste à reprogrammer des cellules sensibles aux mutations en cellules résistantes aux mutations pourrait avoir une application plus large à d'autres Les maladies, dont les cancers bien sûr.
21 April 2017; doi: 10.1038/cr.2017.57 Gene and mutation independent therapy via CRISPR-Cas9 mediated cellular reprogramming in rod photoreceptors (Visuel@National Center for Microscopy and Imaging Research, UC San Diego)