Ils se présentent tous les deux comme les représentants exclusifs du Peuple.
Un Peuple évidemment opprimé par l’establishment qui monopolise le pouvoir
depuis le début de la 5ème République. Ah, le Peuple ! Le fameux
Peuple ! Mais qu’est-ce donc que le Peuple ?
On devine que derrière ce vocable, ceux-là y mettent, non pas le Peuple
Français dans sa diversité, mais les p’tits gens, les humbles, les modestes,
les plus démunis, les pauvres et les très pauvres, les misérables, les
nécessiteux voire même les sans-dents, en fait, toutes les
« victimes » de notre société dont ils s’autoproclament les hérauts
contre l’élite qui les méprisent !
Comme une version moderne du défenseur de la veuve et l’orphelin, tels des
Robin des bois modernes, ils s’arrogent l’exclusivité de la représentation et
de la défense des intérêts de tous ces gens.
Une belle cause que personne ne peut décemment contester et que, dans un
formidable amalgame, ils utilisent pour rendre incontestable leur propre
vérité. Contester l’une revient à s’opposer à l’autre.
Tous ceux qui s’opposent à eux sont des ennemis du Peuple puisqu’ils
s’opposent à celui ou à celle qui le représente.
Et c’est en son nom que l’un comme l’autre tentent d’imposer leur idéologie
poussiéreuse et autoritaire.
Mais là n’est pas le seul point commun entre ces deux personnages.
L’un et l’autre crachent sur l’Europe et l’Euro.
Marine Le Pen évoque sans fard, quoi que de plus en plus discrètement, une
sortie de l’Euro et de l’Union Européenne. Jean-Luc Mélenchon, plus sournois,
n’en parle que dans le cadre d’un plan B qui interviendrait uniquement si un
très improbable plan A n’aboutissait pas. Belle hypocrisie, lorsqu’on sait que
son plan A consiste à imposer au reste de l’Europe ses délires fiscaux et
sociaux.
L’un et l’autre ont la même frénésie d’endettement sans fin ou dit
autrement, la même pratique du « demain on rase gratis ».
A l’habituel déficit de l’Etat, Mélenchon ajoute clairement plus de 270
milliards de dépenses sur 5 ans. Quant à sa grotesque prévision d’un retour du
déficit à 2,5% à l’issue de son quinquennat, elle n’a aucune
crédibilité.
Le Pen dépense également à tout va des dizaines de milliards supplémentaires
soit disant économisés sur le dos des étrangers et de l’Europe. Bien
évidemment, toutes ces dépenses vont venir grossir la dette pantagruélique de
la France.
Les deux ont également en commun de compter sur la planche à billets de la
Banque de France pour financer leur prodigalité. Belle prise de conscience, du
fait que compte tenu de la hausse des taux d’intérêt qui adviendra
immanquablement, ils n’auront de toutes façon pas le choix. Inutile de dire que
cette illusion d’argent gratuit équivaut à se précipiter dans un gouffre sans
fonds avec au final une France dans l’incapacité totale à rembourser ses dettes
et donc à en contracter de nouvelles.
Et comme l’aurait dit Céline « On ne meurt pas de dettes. On meurt de
ne plus pouvoir en faire »
Ce qui nous amène à un autre point commun à ces deux candidats, leur haine
du banquier spoliateur qui a l’outrecuidance d’acheter de la dette française
contre rémunération. Banquier que, l’un et l’autre n’auront aucun scrupule à
rembourser en monnaie de singe (des francs) ou à purement et simplement planter
avec ses bouts de papiers sans valeur.
Autre point commun entre ces deux extrémistes, un protectionnisme pseudo
« intelligent » qui vaut effectivement toujours mieux qu’un
protectionnisme complètement crétin.
Sauf qu’il n’est pas certain que la frontière soit très claire dans les
esprits nationalistes de nos impétrants comme dirait Montebourg. On le sait,
dans notre monde ouvert et interconnecté, le protectionnisme est à manier avec
précautions et subtilité sous peine de s’exposer à quelques désagréments du
type représailles ou hausse des prix. Pas certain que la subtilité soit la
qualité première de l’une et de l’autre.
En politique étrangère, c’est Mélenchon/Le Pen même combat.
Les deux ne perdent pas une occasion de proclamer leur anti-américanisme
primaire, prétexte à une indulgence coupable envers les autocrates de régimes
autoritaires, déguisés en démocraties, du moment qu’ils s’opposent au Grand
Satan. Le Pen, et Mélenchon qui se présente pourtant, dès qu’il le peut, en
Père la morale, ne trouve rien à redire aux agissements de Poutine qui annexe
sans scrupule un morceau de pays voisin, qui fait emprisonner sinon assassiner
ses opposants, qui apporte un soutien sans faille à une des pires crapules au
monde et qui s’enrichit sans scrupule sur le dos de son pays !
Ce même Mélenchon ne trouve rien non plus à redire, face aux agissements de
Maduro au Vénézuela, qui, poursuivant ainsi l’œuvre de son mentor Chavez, après
avoir conduit son pays à la faillite, le fait glisser immanquablement vers la
dictature.
Plus surprenant, sur le plan social, la retraite à 60 ans, leur
revalorisation, la hausse du point d’indice des fonctionnaires et l’abrogation
de la Loi Travail sont au programme des deux candidats. Pour l’un comme pour
l’autre, pas question de remettre en cause les 35h00 (Mélenchon parle même de
32h00 dans certaines situations).
Certes Marine Le Pen ne va pas, comme son concurrent, jusqu’à établir un
« droit opposable à l’emploi » en faisant de l’État l’employeur en
dernier ressort en cas de chômage de longue durée, mais tous les deux sont
extrêmement généreux avec l’argent qu’ils n’ont pas. Mais pour se faire élire,
peu importe, on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre.
Même si, sur beaucoup de sujets de société, leurs conceptions sont
radicalement différentes, sur leur vision de l’Europe, les relations
internationales, leurs recettes économiques et surtout leur manière de tromper
leurs électeurs, Melenchon et Le Pen ne sont que les faces réversibles d’un
même bonnet. Un bonnet nationaliste rouge ou blanc, Mélenchon-Le Pen c’est
bonnet rouge et blanc bonnet !