L'intégration verticale des soins via le parcours de soins, de l'hôpital à la ville est censée améliorer la communication et la coordination entre les soins hospitaliers et les soins après décharge. Bien que ce principe ait été adopté aujourd'hui par la quasi-totalité des systèmes de santé, les preuves de son impact sur les réadmissions restent contradictoires. Cette étude portugaise confirme tout l'intérêt de cette intégration verticale des soins de santé soit d'une coordination toujours plus étroite des soins entre les soins primaires et les hôpitaux. Ces données présentées dans la revue Medical Care, aboutissent à un taux beaucoup plus faible de réadmissions hospitalières.
C'est en fait le bilan d'une initiative d'intégration verticale " extrême " dans le système national de santé portugais qui nous est présenté ici. Des résultats de terrain qui suggèrent que l'intégration verticale peut avoir un impact positif, mais soulignent aussi la difficulté des défis à relever. Ainsi, entre 1999 et 2012, le ministère portugais de la Santé a fusionné les hôpitaux publics et les centres de soins primaires e généralistes dans 8 zones géographiques pour créer des unités de soin verticalement intégrées. Ces unités de santé locales étaient responsables de la prestation de soins et de la promotion de la santé publique auprès de la population de leur région. L'objectif derrière cette réorganisation était d'améliorer l'efficience, l'efficacité et les résultats de santé de la population (précisément dans cette initiative de 12% de la population portugaise).Les chercheurs ont comparé le taux de réadmissions non planifiées dans un délai de 30 jours dans 6 hôpitaux avant et après l'intégration verticale. En effet, les réadmissions sont un bon marqueur de la qualité des soins fournis par les systèmes de santé et des coûts de soins de santé. Les taux de réadmission dans les hôpitaux intégrés verticalement ont été comparés aux taux d'un groupe témoin de 6 autres hôpitaux ayant des caractéristiques similaires mais non fusionnés avec des centres de soins primaires. Au final, l'analyse a porté sur près de 1,2 million d'hospitalisations entre 2004 et 2013 et a pris en compte les autres facteurs de réadmission possible dont l'âge, la pathologie et les autres problèmes de santé. L'analyse montre que :
-le taux global de réadmission s'élève à 4,8% dans les hôpitaux intégrés verticalement, vs 5,4% dans les hôpitaux du groupe témoin.
-Après ajustement, l'intégration verticale s'avère associée à une réduction de 10% du risque de réadmission non planifiée.
-2 hôpitaux sur 6 n'ont pas présenté de réduction des réadmissions liée à l'intégration verticale, mais cela reste effectif pour 4 sur les 6 hôpitaux intégrés. Ces 4 autres hôpitaux ont connu des baisses significatives de la réadmission, dont une réduction de 20% pour l'un de ces établissements.
-Enfin, l'amélioration des taux de réadmission est observée en particulier, pour certaines conditions : 30% pour les patients atteints de diabète avec complications, et des réductions notables également en cas d'infections urinaires et de pneumonie.
Bref, ces données appuient l'intérêt de ces évolutions organisationnelles de nature à améliorer la communication et la coordination des soins, y compris dans la période critique qui suit la sortie des patients de l'hôpital. Mais jusqu'à présent, les données restaient contradictoires. On comprend ici, à la lumière des différences de résultats entre établissements, que la méthode adoptée pour intégrer affecte également l'efficacité de cette intégration verticale des soins.
Medical Care May 2017 doi: 10.1097/MLR.0000000000000704 Can Vertical Integration Reduce Hospital Readmissions? A Difference-in-Differences Approach