Quand ce soir–là je pris l’ascenseur de 22h43, je ne m’attendais pas à ce qu’il m’emmène si loin, et certainement pas à ce qu’il me conduise à un exil sur une planète fantôme appelée narcisse 81.
Cette histoire s’est passée il y a très longtemps, pas aussi loin que la fin du Saint Empire Romain Germanique bien sûr, mais il y a 542 lunes et 7 jours environ. Je m’en souviens parfaitement
parce que ce jour fut le début de ma première descente aux enfers par la face nord (la voie Sud est si banale... )
Nous étions en septembre, et je finissais un automne à Tanger, un de plus, m’ennuyant de toute l’énergie dont j’étais capable avec une fille qui ne signifiait plus rien pour moi. Nous habitions la maison Borniol, une baraque déglinguée dans laquelle les dingues et les paumés, comme nous, venaient chercher refuge et fumer un peu de shit. La dernière station avant l’autoroute pour beaucoup, la dernière possibilité de quitter une vie pourrie faite d’alcool et de dope, de rêves brisés à force de passivité, d’une culture d’un no future à laquelle certains tenaient absolument juste pour aller danser le pogo sur la deadline. Le moment ou jamais de prendre l’exit to chatagoune goune et tant pis pour les retardataires pour lesquels la rock autopsie, mais autopsie quand même, ne retrouverait que pulque, mescal y tequila.
Allongé dans le noir, les yeux brillants je réfléchissais à ce que j’avais envie de faire dans cette vie de merde, un exercice de mathématiques souterraines pour lequel je n’étais décidément pas doué en fumant clope sur clope, ma 113ème cigarette sans dormir... J’avais abusé de mon autorisation de délirer et maintenant je me retrouvais seul, sans un rond, à côté de ma môme kaléidoscope qui changeait d’humeur comme de chemise, plus souvent même puisqu’elle traînait le plus souvent nue toute la journée. Elle dormait paisiblement, sur le côté, une mèche lui barrant les yeux, un peu de bave lui coulant de la bouche… répugnante. Comment avais-je pu la comparer à Lorelei Sebasto Cha, la vierge au dodge 51 qui m’avait dépucelé l’été de mes 15 ans, la seule femme qui ait compté pour moi ? Je l’avais aimée Ad orgasmum aeternum avant de me transformer en amant destroy. Elle était partie sur les autoroutes jeudis d’automne, me laissant entonner seul le chant du fou. Lorelei….
« Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir »
Sentant quelque chose bouger dans l’ombre, je la fixais avec plus d’acuité et d’inquiétude, dans cette taule, les rats sont aussi gros que des chats et sont aussi féroces… que des tigres. La fille du coupeur de joint dit que c’est parce que l’herbe les fait bouffer, moi je crois que c’est parce que cet endroit est maudit. Aujourd’hui les rats, demain les kids, hors de question pour moi de finir gros et bouffé par des rongeurs…
Chacun son avis clic clic clic comme le chante la droide song !
Un chat albinos aux
yeux turquoise (non pas rouge, je sais ce que j'ai vu !) sortit de l’ombre, il (elle ?) portait un magnifique collier de velours rouge brillant qui tranchait sur le blanc de sa fourrure
et marcha nonchalamment vers moi. Il se frotta doucement contre ma jambe et je vis l’enveloppe qui était accrochée à son collier, une enveloppe rouge sur laquelle mon prénom était écrit :
Hubert Felix Je m'empressai de l'ouvrir:
« Si tu veux
quitter le "Zoo Zumain Zébus" , retrouve-moi à minuit au cabaret ste-lilith. Je t’en remets au vent de la nuit et à Demonia… j’attendrai chambre Alligators 427. Ne sois pas en
retard… »
J’eus une dernière
pensée pour cette vie que je laissais, ces nuits où j’étais tellement stone que je m’étais enfermé dans les cabinets (avec la fille mineure des 80 chasseurs) sans réussir en sortir,
celles où je me réveillais au matin, semi-comateux, à côté d’une fille au rhésus négatif, celles où je me tartinais à la cancoillotte pour me rendre plus fort. Et tant d'autres. Je me revis
taxiphonant d’un pack de kro, tellement bourré que j’était incapable de distinguer le combiné de la canette. Je revis le déchet que j’étais devenu et je me levais doucement en prenant la douce et
ronronnante Démonia dans mes bras.
Je sortis doucement de notre taudis, dans les ronflements et les odeurs de marie Jeanne, et je courus à perdre haleine jusqu’à la Tour du diable pour prendre l’ascenseur de
22h43. Où que j’aille, je ne serai pas en retard, où que j'aille ce sera mieux qu'ici...
Exercice d'écriture pour la communauté Ecriture ludique dans lequel vous devriez trouver les titres de chansons suivants d'Hubert
Felix Thiéfaine...:
- je t'en remets au vent
- l'ascenseur de 22h 43
- la cancoillotte
- la fille du coupeur de joints
- la fin du saint Empire Romain Germanique
- la maison Borniol
- le chant du fou
- première descente aux enfers par la face Nord - La vierge au dodge 51
- La mome kaléidoscope
- Enfermé dans les cabinets (avec la fille mineure des 80 chasseurs)
- Dernière station avant l'autoroute
- Rock autopsie
- Autorisation de délirer
- Alligators 427 - 113eme cicarette sans dormir
- Narcisse 81
- mathematiques souterraines
- taxiphonant d'un pack de kro
- cabaret ste-lilith
- une fille au rhesus negatif
- exil sur une planète fantome - Lorelei sebasto cha
- Autoroutes jeudis d'automne
- Ad orgasmum aeternum
- Les dingues et les paumés
- Exit to chatagoune-goune
- Je ne sais plus quoi faire pour te decevoir
- Amant destroy
- Pulque, mescal y tequila
- Droide song - Demain les kids
- Pogo sur la deadline
- Un automne a Tanger
- 542 lunes et 7 jours environ
- Zoo Zumains Zébus