Contre toute attente, le géant de la publicité en ligne Google aurait l’intention d’intégrer un logiciel antipub à son populaire navigateur web.
Google souhaiterait déployer d’ici les prochaines semaines un bloqueur de publicité natif à même Chrome pour le bureau et les appareils mobiles selon des personnes familières avec les plans de l’entreprise qui se sont exprimées au Wall Street Journal.
Le géant de la publicité en ligne souhaiterait-il combattre sa propre source de revenus? Le diable est dans les détails…
Vous avez bien lu, cette entreprise qui bénéficie annuellement d’environ 60 milliards de dollars en retombées publicitaires envisagerait d’éliminer essentiellement sa principale source de revenus. Qui plus est, la fonction en question serait active par défaut.
Mais l’idée ici ne serait pas de combattre la publicité elle-même, mais plutôt de filtrer les publicités jugées intrusives et nuisibles envers l’expérience utilisateur. Ces annonces inacceptables seraient déterminées en collaboration avec Coalition for Better Ads, un groupe qui a défini en mars dernier une norme pour les formats publicitaires en ligne. Au banc des accusés, on retrouve le déploiement de fenêtres surgissantes (ou pop-up), la publicité vidéo avec piste audio dont la lecture est déclenchée automatiquement, et les annonces qui masquent le contenu d’une page en affichant un décompte indiquant le temps restant avant de pouvoir accéder au contenu.
Google songerait notamment à bloquer l’ensemble des publicités d’un site à la moindre présence de publicité jugée abusive. Dans ce contexte, les administrateurs du site auraient la responsabilité de s’assurer que les publicités intégrées à leur contenu respectent les normes imposées par Google.
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En déployant son propre bloqueur de publicité à même son populaire navigateur, Google espère ainsi contrecarrer la montée des bloqueurs de pub indépendants en rendant leur installation inutile. Certains éditeurs de tels logiciels antipubs profitent de leur popularité pour exiger des frais auprès d’annonceurs afin de permettre à leurs publicités de passer à travers leurs filtres. C’est le cas d’Eyeo, l’éditeur d’Adblock Plus, à qui Google doit verser un montant annuel pour que les publicités de son moteur de recherche et de certains autres de ses services puissent être affichées malgré sa présence. Ce modèle d’affaires a d’ailleurs été vivement critiqué en justice il y a quelques années.
Dans le cas où Google décide d’aller de l’avant avec cette stratégie, Chrome ne serait pas le premier navigateur web à proposer un bloqueur de publicité natif et actif par défaut. Rappelons qu’une telle fonction est déjà présente dans Opera depuis mai 2016.