Tokyo Vice n’est pas un polar (comme je le pensais), mais plutôt un documentaire sur la vie de journaliste de l’auteur, qui mène progressivement le lecteur dans les bas-fonds de Tokyo.
Ce beau pavé se divise en trois grandes parties. La première raconte comment ce juif du Missouri a réussi à se faire une place au Yomiuri Shinbun, quotidien nippon le plus diffusé au monde. C’est avec un mélange d’amusement et d’étonnement que le lecteur suit la période d’apprentissage de ce gaijin qui fait progressivement une croix sur toute vie privée afin d’embrasser pleinement cette carrière de journaliste dans un pays qui n’est pas le sien. Premier étranger à occuper un tel poste, il découvre petit à petit le milieu de la presse nippone et les coutumes japonaises, tout en s’intéressant peu à peu aux yakuzas.
Dans la seconde partie, notre journaliste, déjà beaucoup plus expérimenté, se retrouve muté à Tokyo, où il plonge de plus en plus dans les quartiers chauds de Kabukichō et Roppongi. Après avoir couvert la politique locale à Saitama, il se retrouve en effet lié à la brigade des mœurs de Tokyo, où bars à hôtesses, salon de massages, alcool, drogues et yakuzas sont légion. Dévoilant son côté plus obscur et devenant progressivement une véritable « pute de l’info », prêt à tout pour dénicher un scoop dans les bas-fonds tokyoïtes, il commence à s’intéresser de plus près au trafic d’êtres humains…
La dernière partie est dédiée au scoop de sa vie, celui qui lui vaudra de nombreuses menaces de mort de la part du Goto-Gumi, branche du Yamaguchi-Gumi, le plus important gang yakuza du pays. Poursuivant son enquête sur le trafic d’êtres humains, Jake découvre en effet que l’un des plus puissants yakuzas a eu droit à une greffe de foie aux États-Unis, le tout avec l’aval du FBI et en utilisant de l’argent blanchi par les casinos de Las Vegas. Sa tête se retrouve du coup mise à prix et il se voit contraint de quitter son poste de journaliste au Yomiuri.
Outre le ton drôle et le regard différent et plein d’innocence d’un américain qui découvre progressivement la culture, les mœurs et les dérives de son pays d’accueil, « Tokyo Vice » offre également un plongeon intéressant dans les bas-fonds de la société nippone, dévoilant au passage les liens entre les yakusas, les journalistes, les politiciens et les forces de l’ordre. Je ne suis par contre pas fan du style un peu maladroit de l’auteur. Si l’introduction ne manque pas de mettre l’eau à la bouche grâce à une menace yakuza sur sa personne, il faut cependant attendre le dernier tiers du récit pour arriver au cœur de cette menace, l’auteur se perdant souvent dans de nombreuses digressions et anecdotes, certes amusantes ou didactiques, mais qui prêtent un peu à confusion et font perdre le fil rouge du récit au lecteur.
Bref, un témoignage enrichissant, mais pas fan du tout du style !
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