Japon : un permis de conduire contre des funérailles

Publié le 19 avril 2017 par Daniel Leprecheur

Population vieillissante et dangers de la route

Ce n’est un secret pour personne, la population du Japon est en voie de vieillissement accéléré. Les statistiques produisent des chiffres inquiétants : on sait par exemple que 26,6 % des habitants de l’archipel dépassent les 65 ans, ce qui est énorme et entraîne un véritable déséquilibre humain, ayant un impact sur la santé, l’urbanisme et l’économie.

Outre la question de la natalité et du repeuplement de certaines zones, les autorités ont à gérer les conséquences lourdes de la senescence des japonais, particulièrement dans le cadre des transports. Ainsi d’après la préfecture d’Aichi située sur l’île d’Honshu, 13 % des accidents automobiles fatals sont le fait d’individus âgés de plus de 75 ans.

Ces données reflètent un phénomène national, accru du fait que les vieillards vivant dans les provinces sont obligés de prendre le volant par manque de transports en commun, … et parce que la plupart doivent continuer de travailler, les retraites étant trop justes pour permettre d’en vivre ; ils sont 21,7 % au-delà des 65 ans à retourner en entreprise pour y effectuer des petits boulots, ce qui nécessite obligatoirement un moyen de transport.

Arrêter de conduire pour obtenir des avantages financiers

Ces raisons accumulées expliquent pourquoi il est si difficile de contraindre les seniors à lâcher le volant. Pour y parvenir, il convient de proposer une compensation intéressante, d’où l’idée d’un échange gagnant/gagnant avec avantages financiers à la clé. C’est le concept appliqué depuis peu par les acteurs du secteur public et privé. Ainsi une opération a été menée dans le but de troquer permis de conduire contre bons de réduction dans les restaurants.

Sur l’île d’Honshu, l’entrepreneur funéraire Heiankaku Co., très implanté sur le territoire avec environ une centaine d’agences, a quant à lui mis en place une campagne de sensibilisation porteuse, avec un rabais de 15 % proposé sur le tarif des obsèques.

La ristourne est conséquente : les funérailles traditionnelles japonaises sont chiffrées autour de 2 millions de yens, ce qui équivaut à 15 000 euros environ. De fait le Japon tient le premier rang mondial en la matière, les japonais, bénéficiant de salaires annuels tournant autour de 5 millions de yens étant obligés de s’endetter pour s’acquitter de ce cérémonial.