La critique du formidable documentaire « A voix Haute – La force de la parole »

Publié le 19 avril 2017 par Framboise32

A voix haute – La force de la parole est un documentaire réalisé par Stéphane de Freitas et co-réalisé par  Ladj Ly, Le réalisateur du collectif Kourtrajmé

Les infos :

Stephane de Freitas est à l’origine du concours Eloquentia créé en 2012 dans le but d’aider des jeunes de banlieues à maîtriser l’art de la joute oratoire.  Pour cela, Stéphane de Freitas s’est inspiré de sa propre expérience. Propulsé dans les beaux quartiers de Paris à l’adolescence, il vivait en banlieue, il a vite compris que c’est en maîtrisant les mots et les nuances d’une langue que l’on peut toucher les autres et communiquer avec eux. Depuis, chaque année à l’Université de Saint-Denis se déroule le concours « Eloquentia », qui vise à élire « le meilleur orateur du 93 ». Des étudiants de cette université issus de tout cursus, décident d’y participer et s’y préparent grâce à des professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène…) qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public. Au fil des semaines, ils vont apprendre les ressorts subtils de la rhétorique, et vont s’affirmer, se révéler aux autres, et surtout à eux-mêmes.  L’édition 2017 a fédéré plus de 1 200 personnes !

Stéphane De Freitas a attendu la troisième édition du concours pour tourner ce documentaire. Dès le recrutement de la promotion, Stéphane De Freitas avait identifié sept caractères qui allaient émerger. Bien entendu, on le voit tout de suite dans le documentaire avec la façon dont il s’intéresse à eux.  Mais le cinéaste nous laisse quelques belles surprises ! Le premier jour de tournage  a eu  lieu le 7 janvier 2015, jour de l’attentat contre Charlie Hebdo. « Alors que la France était secouée d’horreur, que des terroristes bafouaient la liberté d’expression, nous tournions un film pour célébrer la parole » »SDF »

Dans le documentaire on suit l’histoire d’Eddy Moniot, bien différent des habituels clichés que l’on peut avoir sur les jeunes de banlieue puisqu’il vit en pleine nature, vénère son père et est prêt à passer quotidiennement six heures dans les transports pour étudier et réaliser son rêve de devenir acteur. Le battant Elhadj Touré qui a continué ses études alors qu’il vivait dans la rue. Il y a aussi Franck, Leila, Souleïla, Kristina , Yacine,  Thomas, et tous les autres

Une version plus courte de A voix haute – La force de la parole a été diffusée le mardi 15 novembre 2016 dans l’émission infrarouge de France 2, en deuxième partie de soirée. Un succès puisqu’il a attiré 645 000 spectateurs. Le film a connu une longue période de replay sur le site internet de la chaîne.

Le documentaire est produit par Harry Tordjman et Anna Tordjman de My Box Productions. La société produit essentiellement de la fiction de comédie (bref., Bloqués, Serge le Mytho pour Canal +) et A voix haute est leur premier documentaire

A voix Haute – La force de la parole est sorti en salles le 12 avril 2017. Il est distribué par Mars Films.La ba est ">">ici

La critique

On suit avec le plus grand intéret le parcours de ce groupe de trente étudiants de l’université de Paris-VIII- Saint-Denis.  Tous suivent des filières différentes, futurs comédiens, futurs avocats,  …  . Tous ont des personnalités et des parcours divers. Ils se sont inscrits au concours d’éloquence pour maîtriser l’art de la parole, pour prendre confiance en eux, pour les aider à franchir les barrières sociales et lutter contre les discriminations. Le sujet est passionnant et les étudiants sont passionnés. A voix haute est un magnifique portrait de la jeunesse de Saint-Denis. Ces étudiants prouvent qu’ils sont la, qu’ils ont des idées, qu’ils sont « prêts », qu’ils ont des choses à dire et qu’ils peuvent les exprimer. Le documentaire débute à  30 jours du concours Eloquentia et nous emmène jusqu’à la finale. On suit les cours de l’avocat Bertrand Périer, d’Alexandra Henry ou encore ceux poétiques du slameur Loubaki . On  entre dans l’intimité de certains étudiants (un peu plus pour certains). Les portraits sont beaux. Le documentaire tv s’intéressait plus au concours ici on s’interesse aussi à la vie de ces jeunes. Ca nous permet, après vu le portrait d’un jeune, de mieux comprendre ce qu’il nous dit, le message qu’il fait passer.

Les discours sont puissants. On y entend dans chaque discours l’implication de chacun à y mettre son quotidien, son ressenti, ses idées, son vécu. Le discours du finaliste est un des meilleurs.

Un documentaire à ne pas rater ! pour les discours et pour les vibrations positives que cela nous envoie. Sans parler de tordre le cou aux idées recues sur la jeunesse…

Biographie de Stéphane de Freitas : Stéphane de Freitas, alias «SdF», est artiste et réalisateur. Sa réflexion artistique porte notamment sur « le rapprochement des opposés » puisqu’il fut lui même élevé au sein d’une famille d’origine portugaise en Seine-Saint-Denis et il changea brutalement d’univers à l’adolescence, se retrouvant plongé dans les « beaux quartiers » de l’ouest parisien. Emmuré par les codes sociaux de son nouvel environnement, sa manière «banlieusarde» de s’exprimer fut un handicap qu’il a dû surmonter pour se faire accepter. Il est le fondateur de  «La Coopérative Indigo», association a pour vocation de recréer du lien social et mélanger les milieux sociaux différents, dans lesquels Stéphane a baignés. C’est l’association qui organise les programmes «Eloquentia» depuis 2012. Les concours Eloquentia sont désormais présents dans plusieurs Universités (Grenoble, Limoges, Nanterre…) . Stéphane a souhaité écrire et réaliser ce film afin de mettre la lumière sur la jeunesse des banlieues, humaine, intelligente et aux trajectoires multiples, dont on peine trop souvent à entendre la voix dans les médias traditionnels aux heures de grande écoute.