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Pour un Super Rugby d’Europe

Publié le 19 avril 2017 par Sudrugby

Un Super Rugby d’Europe ?

Cet article peut se lire aussi bien comme une tribune que comme une analyse essayant de décrypter le futur du rugby européen et français. Je pars du constat, que je pense beaucoup partagent, que le rugby français est en train de mourir et les mauvais résultats du XV de France ces dernières années mais aussi le manque de joueurs de classe mondiale dans la sélection s’expliquent par un nouveau modèle tiré vers le Top 14, où performance, réussite économique et marketing sportif sont devenus les mots-clefs. Intérêt des clubs avant celui de la sélection nationale, intérêts de la ligue dictée de près ou de loin par les présidents de clubs avant celui de la fédération et des comités. Le rugby français est en fait le seul cas dans la planète rugby à avoir vu sa Fédération dépassée et asphyxiée par la ligue et les clubs. La fusion Stade français-Racing en était la plus belle illustration, et beaucoup l’ont vu. Partout ailleurs, fédérations possèdent le pouvoir politique et donnent le la au jeu. Le Super Rugby – à 18 mais peut-être plus encore à 15 avec les trois pays de base, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Australie – fonctionne de cette manière depuis le début. C’est le système des fédérations professionnelles : les joueurs possèdent leurs contrats auprès de la fédération et non des clubs. Lorsqu’ils veulent changer de club et/ou venir jouer en Europe, la première étape est de négocier avec la fédération et à ce jeu la NZRFU est reine. La fédération Sud-Af a mis de l’eau dans son vin en permettant à ses joueurs de jouer en Europe tout en étant sélectionnable, ce qui est interdit en Nouvelle-Zélande et en Australie, même si la fédération Aussie (ARU) a émis la possibilité de changer ses règles. Et ça ne vous a pas échappé : les All Blacks sont les meilleurs au niveau international depuis 10 ans maintenant, leurs franchises en Super Rugby également aujourd’hui et la Fédération sait garder ses joueurs clefs tout en favorisant l’émergence de jeunes joueurs prometteurs. Sur le papier et dans la pratique, le système est quasi parfait. Bernard Laporte, nouveau président de la FFR depuis l’automne dernier, a très bien vu l’avantage de ce système et a toujours clamé son intention d’imiter ce qui se faisait de mieux ailleurs. Les contrats professionnels du Super Rugby sont en fait assez proches des « contrats fédéraux » que souhaite Laporte. Le gain financier est énorme et c’est l’autre grand avantage :

« Aujourd’hui, nous donnons 5 millions d’euros à la Ligue. Si on veut une quarantaine de joueurs sous contrat, ça va coûter 12 millions d’euros. Un match supplémentaire contre les Néo-Zélandais, contre l’Afrique du Sud, c’est entre 6 et 8 millions d’euros. C’est fini, c’est financé » selon Laporte. Si l’on peut encore douter sur sa réelle capacité à changer le rugby français, son intention est claire, il affirme « aller jusqu’au bout ».

Bernard Laporte, en guerre ouverte avec la LNR de Paul Goze et pour le bien du rugby français.

Bernard Laporte, en guerre ouverte avec la LNR de Paul Goze et pour le bien du rugby français.

Mais créer un système de franchises, élargie à l’Angleterre, sur le modèle du Super Rugby est l’étape supérieure. Alors évidemment : pourquoi critiquer la fusion Paris-Racing si c’est pour faire la même chose en supprimant des clubs historiques sous une petite poignée de franchises ? Mais créer des franchises ne veut pas dire supprimer le championnat de France et nos clubs ! L’idée est de garder les clubs du Top14 et de Pro D2 mais de créer des franchises régionales – dernier niveau avant l’échelon international – qui dépendront chacune des clubs, qui formeraient leur base de joueurs. Garder des championnats nationaux comme aujourd’hui mais en créer un nouveau, au-dessus. Lyon, Clermont, Brive, Grenoble, Oyonnax ou Bourgoin joueraient contre dans le championnat national mais leurs meilleurs joueurs seraient regroupés dans une méga-franchise. Et ce n’est autre que le fonctionnement du Super Rugby : les provinces d’Auckland, North Harbour et Northland sont opposées en Mitre 10 Cup (le NPC) mais leurs joueurs forment les Blues du Super Rugby, dont certains All Blacks. Ce qui n’empêche pas d’ailleurs de garder une assise au niveau de la grande ville de la région : les Blues jouent principalement à Auckland et dans l’idée une franchise « Auvergne-Rhône » jouerait sans doute à Clermont. L’Angleterre elle, pourrait avoir le même système de franchises, réparties sur le territoire et les franchises des deux pays s’affronteraient dans un grand et alléchant championnat franco-anglais. La Provence-Sud-Est de Toulon, Montpellier, Nice et Marseille irait jouer une franchise anglaise regroupant par exemple Northampton, Leicester et Worcester du centre de l’Angleterre. Le tout formerait un « Super Rugby d’Europe », dans son fonctionnement et pourquoi pas dans sa qualité de jeu car il est assez évident que ces méga-franchises formeraient des équipes redoutables. Les Celtes et l’Italie ont déjà la ligue celte, on le sait, qui fonctionne de la même manière en fait. Il y a donc déjà une sorte de Super Rugby d’Europe quand on regarde bien et c’est la ligue celte. La France peut donc emboiter le pas. Le championnat domestique français lui, pourrait être remanié où Top 14 et Pro D2 formeraient un seul championnat, avec un léger système de descente et quelques matchs entre les divisions pour harmoniser le niveau. Et encore une fois, c’est calquer le championnat domestique néo-zélandais, le NPC, actuellement la Mitre 10 Cup.

Valoriser le haut niveau et le savoir-faire français

Le projet de la fusion a au moins eu de bon de reposer sur la table l’enjeu des « lieux du rugby », des régions et du territoire. Tout le monde le sait : le rugby français souffre d’une vraie inégalité territoriale : le Nord de la Loire est un désert rugbystique, hormis la région de Paris qui est un énorme bassin de population. On connait aussi les raisons culturelles et historiques qui l’expliquent, cette culture du « Sud-Ouest » et de la « bechigue », du terroir et du rugby de clocher, qu’il ne s’agit pas de supprimer. Le tout est de comprendre que le rugby français perd un potentiel vivier de joueurs incroyable en ne promouvant pas assez le rugby au Nord. On comprend les initiatives de délocaliser des matchs ou les actions des comités pour convertir des fidèles. Ce n’est seulement pas assez et surtout, cela ne touche pas l’échelon professionnel. Et c’est là où le projet des franchises prend tout son sens : réunir sur un territoire les meilleurs joueurs, les meilleures infrastructures et les supporters. Fabriquer des « capitales du rugby » en fait, en promouvant le rugby sur une zone, tout en gardant les différences culturelles de chaque territoire. On peut tout à fait découper les places du rugby français en 5 franchises : un axe « Aquitaine », du Pays Basque jusqu’à La Rochelle ; une zone « Occitanie » qu’il faudrait intelligemment découper pour dispatcher les talents, on sait que c’est cette région qui regroupe le plus de clubs dans l’élite ; une zone « Auvergne-Rhône », elle-aussi très forte ; une zone Sud-Est-Provence, marquée culturellement autour du fief Toulon et enfin Paris et ses alentours ont de quoi constituer une franchise, accompagné pourquoi pas du quart Nord-Est. Et on peut imaginer une 6ème franchise, sorte de cellule de développement à l’échelle de la Normandie, Bretagne et Pays de la Loire, boosté par la bonne tenue de Vannes en Pro D2. Mais encore une fois, tout est possible. Et à mon sens, ces « capitales du rugby » où seraient basées les franchises, augmenterait fortement l’attrait du rugby français, aujourd’hui en demi-teinte. Créer 5 ou 6 grandes villes du rugby – sur des bases historiques et de performance – c’est donner un intérêt double à chaque métropole. Ainsi Toulouse aurait à la fois son club dans le championnat national mais serait aussi la base de la franchise avec un stade, d’autres clubs, d’autres supporters, etc.

Découper la France en franchises, ce n’est pas simplement pour faire beau. C’est installer une vraie pyramide avec comme sommet délimité le niveau international et comme base l’immense vivier de joueurs amateurs. Ce devrait être la norme mais ça ne l’est pas : le XV de France n’est pas la priorité ultime, les clubs le sont quasiment tout autant. Créer un système de franchises tout en gardant un championnat national parallèle, c’est garder les clubs historiques de France en enlevant les inconvénients récents que le développement tous azimuts du Top 14 a créés. Globalement on pourrait citer trois grands problèmes que pose notre championnat actuellement :

1/ un manque de qualité de jeu et de prise de risque, 2/ un manque de temps de jeu pour les joueurs français et 3/ un manque de lien avec la formation et l’avènement de jeunes joueurs prometteurs.

Ces problèmes sont bien connus mais les solutions pour y remédier tardent à venir – l’inefficacité du système des JIFF (Jeunes Issus de la Formation Française) le montrent. Réunir les meilleurs joueurs de chaque région contre les meilleures équipes anglaises permettrait clairement de hausser le niveau de jeu, surtout dans un championnat fermé, sans descente où la pression du résultat est immensément moindre. C’est aussi créer une véritable vitrine du vivier rugbystique français car de telles provinces régionales ne compteraient pas d’étrangers ou alors très peu (le cas de l’Irlande, limitant au nombre de trois les étrangers dans chaque équipe, est bon). Représenter le territoire, verticalement, du village amateur jusqu’au quasi niveau international. Et évidemment, d’autres jeunes joueurs – moins prometteurs – pourront se roder et gagner du temps de jeu dans le championnat domestique, avec un bassin de clubs plus grands. C’est le cas actuellement en Mitre 10 Cup. On voit régulièrement des -20 ans kiwis être titulaires dans des provinces uniquement quelques semaines après avoir été avec la sélection Baby Black. Mais pour voir de jeunes pépites éclore et s’en réjouir, encore faut-il en favoriser l’émergence.

Jules Plisson

Jules Plisson

On peut prendre un exemple de joueur, au hasard Jules Plisson. Grand espoir du rugby français il y a quelques années, Jules Plisson n’est désormais que le 3ème ou 4ème choix au poste d’ouvreur pour le XV de France alors qu’il était l’an dernier titulaire. Pourquoi ? Parce qu’on ne fait pas assez confiance aux jeunes joueurs et qu’il faut dire qu’ils ne sont pas mis dans les positions pour progresser. Plisson est arrivé à 19 ans au Stade français mais il a dû attendre trois saisons avant d’éclore réellement, alors qu’il avait un potentiel qui crevait l’écran. Résultat, il compte à 25 ans seulement 13 sélections avec le XV de France. Au même âge, Beauden Barrett en compte 49 pour des débuts professionnels en même temps. Et notez bien que les talents sont proportionnels aux pays, surtout que Plisson a encore une marge de progression. Donc dans le cas de jeunes qui sortent du lot, il faut : club à 19-20 ans, sélection à 20-21 voire 22 ans, maturité sur la période 25-29 ans, expérience ensuite. C’est comme cela qu’on crée des joueurs emblématiques à plus de 100 sélections.

Régler cette question des calendriers une fois pour toute

Grand avantage de ce Super Rugby franco-anglais : la simplification des calendriers et la réduction du nombre de matchs. Véritable épine dans le pied du rugby européen et même mondial, la question est un vrai casse-tête. Les doublons n’existent qu’en rugby et faire jouer en même temps le XV de France et les clubs est une aberration. Créer un Super Rugby entre la France et l’Angleterre permettrait de scinder le calendrier en deux : d’un côté le championnat des franchises qui pourrait être joué en une phase aller donc si l’on compte une dizaine équipes, il n’y aurait qu’une petite quinzaine de matchs en gardant des derbys franco-français (contre 26 actuellement en Top 14, ce qui enlèverait quasiment deux mois de compétition). Ce championnat serait le meilleur en termes de niveau de jeu et d’attente donc il importe de lui privilégier une bonne période. On peut donc penser à la fenêtre après le 6 Nations, calqué donc sur la période du Super Rugby. Le championnat domestique regroupant les actuels clubs de Top 14, de Pro D2 et de Fédérale 1 dans plusieurs divisions se jouerait l’autre partie de l’année ou en partie en même temps, en parallèle du championnat à franchises (comme c’était le cas pour la Vodacom Cup en Afrique du Sud jusqu’à 2015). Mais encore une fois, la discussion est ouverte et tout est possible en matière de calendriers. La chose essentielle est de réduire le temps de jeu pour nos internationaux (on pourrait d’ailleurs reprendre la liste « Elite » en l’élargissant d’aujourd’hui), d’aménager des « fenêtres » spécialement pour le Super Rugby d’Europe et pour les matchs internationaux. C’est aussi une bonne chose pour le spectateur, qui peut parfois – et on le comprend – s’y perdre. L’objectif ultime serait, à terme, une harmonisation des calendriers entre les deux hémisphères. C’est ce qu’il y a de mieux pour la cohérence au niveau international et ce serait beaucoup plus simple d’aménager moins de matchs dans le cas du championnat français. Mais on comprend que jouer un Tournoi des 6 Nations en plein été est compliqué…

Suivre les modèles néo-zélandais et anglais

En ces temps de professionnalisme et de rugby à grande échelle, la solution pour la France pour être performante pourrait se résumer comme ça : suivre ce qui se fait de mieux ailleurs. Et la réponse est toute faite : la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre. Dans le cas de la Nouvelle-Zélande, on analyse souvent leur hégémonie – 1er au classement IRB depuis 10 ans – par leur incroyable vivier de joueurs. Ce qui est vrai, le pays au long nuage blanc possède une densité de joueurs performants sensationnelle par rapport à sa modeste population de 4 millions d’habitants. Mais pour faire d’un amas de joueurs performants une poignée de champions, il faut un système bien géré. Celui de la Nouvelle-Zélande est géré à la perfection, selon le modèle de la pyramide que l’on évoquait plus haut. Le rugby amateur est encadré dès le plus jeune âge par les grands comités locaux, où chaque petit village reste relié à l’entité régionale (nos départements à nous finalement). Les jeunes joueurs prometteurs intègrent des lycées prestigieux, comme la fameuse Christchurch Boys High School de Dan Carter, d’Aaron Mauger ou plus récemment d’Anton Lienert-Brown. Le championnat entre grandes écoles, télévisé, est déjà d’un très haut niveau et normalement tout All Black occupait déjà une place de choix à son poste à cet âge. L’étape supérieure est le NPC, aujourd’hui la Mitre 10 Cup, regroupant les provinces du pays qui elles-mêmes formeront les cinq franchises du Super Rugby. Et ensuite viennent les All Blacks. Dans un système comme celui-là, on voit bien toute la cohérence, le suivi des joueurs, l’attrait des talents locaux. Et finalement, chaque niveau inférieur est le laboratoire à ciel ouvert du niveau supérieur. En termes de jeu et de joueurs. Le Super Rugby est celui des All Blacks : on pourrait assembler le style de jeu des cinq franchises actuelles et on obtiendrait globalement celui de la sélection nationale (la gestion des turnovers et le réalisme des Chiefs et des Hurricanes, l’alternance et la maîtrise des Highlanders et la technique d’avants des Crusaders et des Blues)… L’organisation du Super Rugby : sans descente, le championnat invite à la prise d’initiative et au risque. C’est choquant en Top 14 aujourd’hui de voir à quel point les équipes jouent avec la pression du résultat, l’enjeu tue le jeu et ce depuis plusieurs années déjà. On pourrait presque dire que le championnat a de l’intérêt uniquement pour savoir si tel club va accrocher les phases finales ou pour le supporter. Le Super Rugby lui peut se regarder et s’apprécier pour la beauté du jeu et du sport. Moins de pression signifie aussi plus de liberté pour les coaches qui n’hésitent pas à lancer des jeunes très tôt dans le grain bain du haut niveau. Tout All Black qui se respecte a commencé au moins à 20 ans en Super Rugby. Ce qui accentue aussi la concurrence d’ailleurs dans les squads : personne n’a sa place pour toujours.

Rencontre entre les Blues et les Crusaders le mois dernier. Le niveau de la conférence kiwi atteint des niveaux indécents par rapport aux autres.

Rencontre entre les Blues et les Crusaders le mois dernier. Le niveau de la conférence kiwi atteint des niveaux indécents par rapport aux autres.

Dans le cas de l’Angleterre, les raisons du succès sont finalement assez proches. Pas de franchises mais les dernières années ont vu la fédération anglaise (RFU) reprendre le rugby anglais en main. Un programme axé sur la formation, sur le XV de la Rose (les fenêtres aménagées avant le 6 Nations en attestent) et fiable économiquement. La compétition parallèle LV Cup joué pendant le 6 Nations permet également de donner du temps de jeu à des jeunes. Et le fait d’avoir que 12 clubs contre 14 en France et 1 relégable contre 2 en France change aussi la donne. Ce bon climat impulsé de plein pied par la RFU explique aujourd’hui les résultats exceptionnels de l’Angleterre. Surtout pour le cas français, un championnat franco-anglais de franchises permettrait de se greffer à la dynamique britannique. Les clubs anglais se sont vraiment améliorés les années passées et chaque coin d’Angleterre regorge de bons joueurs. Et côté anglais, on voit toujours les clubs de Top 14 comme de grandes équipes et le rugby français – vestiges du French flair sans doute – reste apprécié et respecté. Et contre nos meilleurs ennemis, la compétition aurait de l’enjeu dans de grands duels franco-anglais.

Mettre des garde-fous

Alors évidemment, un tel système de franchises régionales dans un univers de petits clubs locaux peut vite partir en débandade. Le potentiel économique est énorme pour ce qui serait un vaste championnat trans-Manche entre ses meilleurs joueurs et on voit vite les mains de certains se poser sur le gratin sans prendre conscience du but de base : servir le rugby français. Donc un Super Rugby d’Europe – comme le Super Rugby à l’époque à sa création d’ailleurs – ne doit pas prendre être un développement tous azimuts. Et pour ce faire, c’est la Fédération qui doit être à la base du système, au cœur du rugby français. Un système de franchises pourrait finalement être un moyen déguisé pour la FFR de reprendre possession du rugby français et un tel championnat a de quoi séduire l’actuel bureau de Bernard Laporte. Aussi, la création d’un nouveau championnat ne doit pas ajouter des matchs en plus. C’est précisément l’inverse : créer des franchises c’est permettre aux meilleurs joueurs de jouer dans les meilleures conditions à un moment donné. On demanderait aux joueurs d’en faire moins sur l’année mais plus à certains matchs, ce qui paraît logique pour s’approcher du niveau de jeu international. Aussi, l’évolution actuel du Super Rugby et l’élargissement à 18 franchises l’ont montré, il faut faire attention à trop vouloir promouvoir son championnat. Chaînes, à gros coups de droit TV juteux, investisseurs, sponsors, métropoles seront là pour « vendre » la compétition et peu à peu dénatureront la logique sportive de départ. C’est ce qu’il se passe en ce moment en Super Rugby où les projets de franchise à Singapour sont allés bon train et où l’on préfère ajouter une 6ème franchise sud-africaine qui n’a jamais eu le niveau au lieu de créer une équipe basée aux Iles Pacifiques… Donc limiter ce championnat de franchises à la France et l’Angleterre paraît judicieux, la ligue celte est déjà en réalité une autre compétition basé sur le même principe.

S’il peut être séduisant sur le papier, un Super Rugby franco-anglais impose une large réflexion des instances françaises et britanniques car il redéfinirait complétement le rugby européen et donc mondial finalement. Un tel projet, c’est savoir parler aux présidents de clubs du Top 14, c’est donner le pouvoir et l’action politique à la Fédération mais c’est aussi séduire World Rugby.  Le futur de l’actuel Champions Cup pourrait aussi être mis en parenthèses dans ce système, ce qui pose forcément question. C’est donc un projet de taille, mais à hauteur du retard à rattraper pour le rugby français. Mais surtout, ce qu’il faut comprendre avec un championnat de franchises franco-anglais, c’est qu’il s’agit bien d’un compromis. Compromis entre la volonté d’une FFR de privilégier la qualité du rugby français dans le monde et une LNR qui elle veut optimiser le développement des clubs, des métropoles, des investisseurs et de l’attrait (il faut quand même le reconnaître) de notre sport. Et on est loin du projet d’une fusion, qui était fait sans se préoccuper de l’Histoire, des joueurs, des supporters. Ouvrir un championnat de franchises c’est donc ouvrir une grande négociation pour le futur du rugby français, tout en gardant les bases de notre Top 14 dans un championnat domestique modifié. Et au final, c’est promouvoir notre sport, faire en sorte que le rugby grandisse encore, surtout là où cela n’a pas été fait mais c’est aussi sauver (tant qu’il en est encore temps) les valeurs du rugby français, sa qualité et son identité qui le rend si unique dans le monde.


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