Supposons que la compétitivité soit la charnière nécessaire à la croissance. Et supposons encore que l'on veuille de la croissance.
En quoi la baisse des conditions de travail peuvent-elles permettre d'être plus compétitifs ? Ce qu'on gagne en précarité, on le perd en absentéisme et en cotisations de santé.
Travailler le dimanche (par exemple) n'aidera en rien un magasin à être compétitif, il obligera même les concurrents qui ne le souhaitaient pas à ouvrir aussi le dimanche, pour se maintenir. Mais les clients n'ont pas plus d'argent le dimanche que les autres jours et les achats réalisés le dimanche ne le seront plus en semaine. Travailler à l'usine le dimanche ne fera pas baisser le prix des biens de consommation, dont le problème est de ne pas avoir assez d'acheteurs.
Baisser un salaire français rendra-t-il une entreprise compétitive par rapport à un concurrent à l'étranger dont le coût du travail est 30 fois inférieur ? Jusqu'où sommes-nous prêts à baisser le coût du travail ?
Précariser l'emploi aidera-t-il à améliorer le niveau de compétence d'un employé ? La logique de flux tendu que l'on applique à la vente doit-elle retomber sur la qualité de vie d'un employé ? La pizza doit-elle à tout prix arriver en 30 minutes chez moi, au prix d'une prise de risque du livreur et d'un bilan carbone catastrophique ? La livraison à domicile justifie-t-elle les conditions de vie désastreuses des livreurs ? Et si le concurrent fait pareil, où est le gain de compétitivité ? On y a tous perdu dans l'histoire.
Pour être compétitif, il faut se différencier. Et baisser une norme sociale ne permet pas de se différencier les uns des autres.
La France était le pays des idées. Mais nous manquons cruellement d'idées aujourd'hui. Nous ne sommes plus bons qu'à copier les inégalités de nos voisins.