Douze de Vermeer entourées des grands peintres hollandais de son époque sont à l’honneur au Musée de Louvre jusqu’au 22 mai. En parallèle, une exposition dédiée à Valentin de Boulogne, le peintre français de la Rome du XVIIème siècle, tiraillé entre la foi et les excès, montre que grandeur et décadence peuvent être simultanées.
Quarante-cinq minutes d’attente alors que j’avais réservé un billet avant me permettent de vous donner un conseil : prenez des billets pour les nocturnes du samedi soir, apparemment plus accessibles que les horaires classiques. Je commence par l’Exposition Vermeer et les maîtres hollandais. Une grande taille me permet de voir les tableaux du maître et de réaliser qu’il y a à la fois une communication forte entre les artistes mais aussi des tableaux qui convergent, tant dans la composition que dans les personnages représentés. Je réalise alors l’ordre qui règne à l’époque, avec des tableaux où l’on intègre des tableaux, on représente des parures, des globes, des miroirs, avec comme seul objectif de réussir techniquement l’impossible. La perspective n’est toujours pas épuisée, les couleurs fleurissent, les plis sur les draps ressemblent aux plus illustres sculptures : on a presque l’impression que ces peintres défient la troisième dimension, en se montrant aussi habile que le relief sans pour autant quitter la toile. On estime à un peu de quarante toiles la production de Vermeer, avec une trentaine de toiles attestées, et pourtant, il fait aujourd’hui partie des plus connus. Qu’a-t-il de plus que les peintres dont il était contemporain, qui avaient un talent fou et une vie plus longue et donc avec plus de productions picturales.
Je me dirige alors vers les salles consacrées à Valentin de Boulogne. Ce peintre du début du XVIIème siècle est souvent relégué derrière Poussin et Caravage. Il est aussi décédé assez tôt, à cause d’une soirée trop arrosée dans les bas-fonds de Rome. Il en a peint beaucoup des jeux de hasard, des musiciens vagabonds, des habitués des tavernes… Et pourtant, il est reconnu comme un des plus grands peintres par le Cardinal Barberini, le neveu du Pape Urbain VIII. Il peint de nombreuses toiles à thème biblique : de David contre Goliath à la Crucifixion de Jésus en passant par l’épisode de Jésus qui chasse les marchands du Temple, la Cène ou encore le reniement de Pierre. Cette connaissance et cette vie consacrées à l’étude biblique, la sensibilité et le caractère dramatique du trait laissent imaginer une véritable foi. Néanmoins, il était aussi dans une vie de débauche. Y-a-t-il contradiction ? Valentin de Boulogne voulait-il être « dans le monde », au plus près des plus petits, des plus éloignés de la foi ? Ou au contraire, était-il tenté par le « malin » qui voyait en lui un disciple à séduire ? Le mystère reste entier.