Après le Brexit et la victoire de Trump, la France ne devrait pas échapper au phénomène dégagiste.
Mais, qui l'incarnera ?
Pendant des mois, ce fut Emmanuel Macron, le leader d'En Marche, qui semblait le mieux placé.
Au moins avec lui, le dégagisme avait les traits d'un politicien novice et sympa se pliant aux vicissitudes de la presse people pour mettre en scène son couple atypique, celui d'un rutilant trentenaire et d'une blonde retraitée inoxydable... Ah, cela faisait rêver dans les maisons de retraite médicalisées et les chambres des lycéens prépubères !
Un récit s'écrivait, fascinant et rassurant, celui d'un vieux jeune homme ambitieux, c'est-à-dire, surtout sans le dire, un mélange de Sarkozy et de Hollande pour lesquels il travailla avec dévouement, idéalement ni de gauche ni de droite, une sorte de centriste millionnaire, soit le mariage de la carpe et du lapin selon lequel le capital et le travail, le PDG de Whirpool qui se gave et délocalise et ses salarié-e-s exploités et bientôt licencié-e-s ont forcément les mêmes intérêts !
Bref, le dégagisme apolitique de Macron sentait déjà le frelaté et le rance, très proche des flagrances de l'extrême droite, qui elle également scande le slogan pétainiste du ni droite ni gauche !
Mais avec EM, la France échapperait, au moins pour 5 ans, au dégagisme fasciste de la famille Le Pen et à son capitalisme nationaliste et autoritaire à la Trump.
Ainsi, la France serait sauvée parce qu'il est prouvé par les médias du CAC 40 qu'une politique capitaliste mondialiste à la Macron n'est surtout pas autoritaire, mais plutôt cool à base de mises en examen de syndicalistes, de coups de matraques et de flashballs sur les travailleurs qui luttent pour leurs emplois, ou de grenades mortellement fun pour protéger les grands projets inutiles et coûteux de l'Etat au service des multinationales !
Sauf qu'à quelques jours du premier tour, patatras En marche patine : Emmanuel Macron n'incarne plus le dégagisme, c'est-à-dire l'anti-système.
Pire, la vedette des médias du CAC 40 dont on ne compte plus les unes et les publireportages apparaît désormais pour ce qu'elle est : la créature du système au service du système. [1]
En l'occurrence, les ralliements des éléments les plus réactionnaires du parti socialiste comme Valls ou Le Drian, de vieux politiciens de LR et l'UDF tels que Madelin, Delevoye ou Bayrou, d'anciens apparatchiks du PC à la Hue - Braouezec, ou des vermoulus Cohn-Bendit, Lepage et De Rugy, et enfin d'intellectuels médiatiques et affairistes à la Attali, Minc, Orsenna et BHL, qui depuis 30 ans chantent les vertus du néolibéralisme et de la régression sociale tout en culpabilisant le peuple, valent toutes les démonstrations : Macron est bidon et sa révolution est en carton !
Il devient désormais évident que c'est Macron qui dégagera face à la représentante de l'extrême droite, tout simplement parce qu'il est l'héritier de trente ans de politiques néolibérales de gauche et de droite et de régression sociale. Le candidat de la caste oligarchique incarne un système rejeté par les citoyen-ne-s !
D'ailleurs, comment ne pas pas remarquer les similitudes entre Hillary Clinton et Emmanuel Macron? A la veille du vote, il ne faisait aucun doute que l'égérie des médias et l'incarnation du système triompherait de Donald Trump... On connaît la fin de cette histoire américaine, et on ne veut pas de remake en France à cause de Macron !
Par conséquent, le seul candidat qui représente un dégagisme de progrès social et écologique s'appelle Jean-Luc Mélenchon. Un dégagisme tranquille et humaniste, historique et républicain.
Le candidat de la France Insoumise est le seul capable de battre Le Pen parce que son discours est cohérent avec son parcours, en d'autres termes il a su à la fois rompre avec une gauche en perdition idéologique et morale et tenir sa position d'opposant sans faire la moindre compromission. Et durablement parce qu'il mettra un terme aux politiques néolibérales qui contribuent à la montée de l'extrême droite.
Intellectuellement et politiquement, Le Pen ne peut battre Mélenchon sur l'Europe, la République, le social, la laïcité, l'écologie, la sécurité, la diplomatie et la défense, contrairement à un Macron qui, on l'a bien vu lors des débats, a montré toute sa fragilité et sa légèreté politique en ne cessant de louvoyer, de tourner autour du pot, et de tenir des propos creux et vides.
Seul Jean-Luc Mélenchon peut arrêter les pires, Le Pen et les politiques néolibérales de régression sociale.
Note
[1] Il n'a pas fallu attendre longtemps pour s'apercevoir combien dans les meetings d'EM, on s'EMmerdait et on n'était pas si nombreux ! Et, comment l'emmerdement était masqué par quelques groupes de supporters hystériques télécommandés à distance via les applis des smartphones et mis opportunément en lumière au milieu de zones d'ombre apathiques ou désertes...