Il y a eu plusieurs , puisque la première publication du livre, en 1917, a été suivie de rééditions, dans des présentations allant du tirage de luxe au populaire précurseur du livre au format de poche qu'était la collection, plus grande que nos poches, " Le livre moderne illustré ". Quand celle-ci est parue, en 1924, Édouard Estaunié avait été, à la surprise presque générale, élu l'année précédente à l'Académie française alors que sa candidature avait été déposée au dernier moment.
Revenons au début, c'est-à-dire en 1917. L'auteur n'est pas un inconnu, il a reçu le prix Vie Heureuse, futur Femina, en 1908 pour La vie secrète. Ses ouvrages ne passent pas inaperçus et Solitudes, le 11 août 1917, bénéficie d'un entrefilet chaleureux dans Le Journal des débats politiques et littéraires :
Sous le titre : Solitudes, M. Édouard Estaunié publie trois nouvelles infiniment attachantes, où l'on retrouve les belles qualités d'exécution nette et de style sobre qui distinguent ses remarquables romans. Une complication psychologique très raffinée, mais toujours fondée sur la vérité et l'observation humaines, caractérisent ces trois récits de forte originalité et vraiment vivants de la vie de l'âme et de la vie des choses. Ils compteront parmi les meilleures productions de M. Estaunié.
Le 16 septembre 1917, l'ouvrage fait l'objet d'un article plus consistant signé Roland de Marès dans Les Annales politiques et littéraires.
Est-ce à proprement parler un roman ? Non, sans doute. C'est une étude de psychologie très fine portant sur les âmes qui s'isolent dans le monde et vivent totalement repliées sur elles-mêmes. Ibsen a dit que l'homme heureux est celui qui est le plus seul, ce qui constitue une formule impressionnante, dont tout le cœur humain contredit l'orgueilleuse âpreté. M. Estaunié étudie la solitude sous son véritable aspect moral.
M. Édouard Estaunié raconte simplement, sans éloquence factice dans la phrase ; il fouille les âmes en observateur scrupuleux ; il fixe d'un mot précis le caractère d'un geste ou d'une attitude ; il a l'intuition délicate des souffrances morales les plus subtiles. Son livre est un de ceux qui font méditer sur l'infinie misère de la nature humaine et il constitue par l'ensemble du ton et des développements littéraires une œuvre d'un charme mélancolique et pénétrant.
Il semble bien oublié aujourd'hui, Édouard Estaunié, malgré la réédition, l'an dernier, de L'infirme aux mains de lumière (Éditions Le Festin, préface d'Éric Dussert). Mais découvrir en 2017 un ouvrage paru cent ans plus tôt nous donne une proximité avec ce qui s'écrivait et se lisait cette année-là.
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