Rebel est une nouvelle série de neuf épisodes qui est diffusée depuis la fin mars sur les ondes de BET aux États-Unis. Aussi peu subtil que cela puisse paraître, le titre, c’est le surnom du personnage principal (Danielle Moné Truitt): une policière qui voit sa vie chamboulée après que son jeune frère Malik (Mikelen Walker) se soit fait tuer par ses collègues sous prétexte qu’il représentait une menace. Mais voilà, Rebel était aussi sur les lieux du drame et décide de mener sa propre enquête, quitte à se mettre à dos tout le corps policier. Acteurs moyens, histoires qui s’en vont dans toutes les directions et un nombre incalculable de scènes tragiques qui nous font rire : Rebel n’a manifestement pas réussi son objectif qui est, on imagine, de nous sensibiliser à la brutalité policière.
« Kiss my pale ass »
C’est que dit Jimmy (Derek Ray) à l’un de ses collègues policiers quelque jours après le meurtre de Malik qui semble avoir rallumé l’animosité entre les agents blancs et noir du district. Mais revenons un peu sur les raisons de la discorde. Rebel et son coéquipier Mack (Brandon Quinn) reçoivent un appel comme quoi un homme trouble la paix publique. Sur place, le frère et la sœur se reconnaissent et cette dernière le convainc de déposer par terre son fusil. Par contre, Mack a comme une crampe au cerveau puisqu’il se met à lui tirer dessus. Il le rate, mais quand que Malik tente de s’enfuir, des renforts arrivent sur place et son corps est vite transformé en passoire. Lors d’une enquête de ce genre à l’interne, les policiers se tiennent les coudes, mais Rebel n’entend pas se laisser faire et elle jappe trop fort au goût de certains. Elle finit par démissionner de la brigade, tout en poursuivant l’investigation sur les causes de la mort de son frère et apprend entre autres qu’il transigeait avec des trafiquants. Entre-temps, la seule policière qui n’a pas tiré sur Malik lors de cette nuit fatale est retrouvée assassinée chez elle.
Sur papier, Rebel nous apparaît comme un thriller efficace aux multiples rebondissements, mais une fois les scènes transposées à l’écran, le résultat est tout autre. Il y a d’abord ce pilote interminable où l’action est diluée entre trop d’intrigues pour la plupart inutiles. En effet, c’est tout juste si la protagoniste a eu le temps de faire son deuil que Dolores (Bree Williamson), une amie sortie de nulle part vient lui demander d’enquêter à titre personnel sur son mari. Ce que lorsqu’elle dort, elle jurerait qu’il la regarde et qu’il planifie de la tuer… Enquête moyenne avec des résultats moyens, on nous sert une intrigue pas plus engageante au troisième épisode impliquant des anciens militaires se trouvant dans la rue et certains sont reliés à une fraude majeure que Rebel vient résoudre.
Et lorsque les scénaristes daignent enfin aborder le thème de la brutalité policière entre deux scènes d’enquêtes insipides, l’effet espéré n’est pas au rendez-vous. D’une part, c’est peut-être en raison de la date de diffusion de la série. C’est que depuis au moins l’automne 2016, ce thème a été largement exploité et toujours avec le même pathos: les Noirs sont d’innocentes victimes n’ayant rien à se reprocher et les Blancs, des personnages unidimensionnels que l’on réduit à un coup de feu. Shots Fired diffusée présentement sur Fox inverse les rôles (un policier noir tue un civil blanc), mais le résultat est le même : une division au sein de la communauté et même à l’interne entre collègues selon la couleur de la peau. Ici, pendant que Rebel tente avec les ressources de l’interne d’accumuler les indices sur la mort de son frère, une protestation publique est prévue à l’extérieur avec un (supposé) vibrant hommage du père de la victime réclamant justice. Bref, c’est du pareil au même, mais avec moins de ressources et beaucoup moins crédible. Le désavantage de cette redondance scénaristique, c’est que le téléspectateur n’est plus attentif au message.
On rit quand c’est grave…
Comme dit précédemment, BET aurait mieux fait d’écourter son pilote puisqu’il y a tellement de longueurs et de segments qui en définitive décrédibilisent Rebel qu’on ne sait trop si l’on devrait décrocher tout de suite ou tout simplement continuer pour s’offrir une bonne rasade d’humour. Ça commence dès le soir du meurtre alors que la mort de Malik est totalement gratuite. C’est que la ville de Californie où travaille cette escouade roule manifestement sur l’or. En effet, elle n’hésite pas à envoyer sur place une bonne dizaine de policiers pour un supposé fauteur de troubles qui, on le rappelle ne menace personne et a depuis longtemps lâché son arme. Quand il essaie de s’enfuir (on le comprend), il ne se prend pas une ni deux balles dans le corps, mais treize ?!? Après avoir mis du laxatif dans une soupe de gombo qu’un des policiers dévore, Rebel a les mains libres pour consulter le rapport du coroner et chez elle, elle parvient à identifier la provenance de CHAQUE balle tirée sur lui.
Chez elle, disons que le deuil est difficile à digérer. Notre héroïne fait passer sa colère en renversant toutes les lampes de son appartement, au ralenti bien sûr, et elle se met à halluciner en pensant à sa mère. Celle-ci est jouée par la même actrice à qui on a simplement mis un foulard sur la tête pour « tromper » le téléspectateur. Parlant de coiffure, on ne sait quel salaire gagne un policier de Los Angeles, mais en une seule journée, Rebel change au moins trois fois de coupe de cheveux, toutes plus sophistiquées les unes que les autres. Même chose au niveau de sa garde-robe. C’est que cette fougueuse jeune femme qui le jour n’hésite pas à se battre avec ses ennemis avec un énorme tuyau en main passe ses soirées dans des cafés à lire ses poèmes devant une assistance évidemment ébahie. Le tout, vêtue d’une robe et de bijoux qui feraient pâlir d’envie n’importe quelle actrice à la recherche d’une tenue pour une cérémonie aux Oscars.
Enfin, le jeu des acteurs n’est pas optimal. Dans un segment que l’on pourrait qualifier d’involontairement méta, Rebel et sa meilleure amie Cheena (Angela Ko) espionnent Dolores chez elle après qu’elle ait appris que son mari a été tué. Elle est en larmes et la policière demande à son acolyte : « She look real or is she actin’? », ce à quoi l’autre répond « No, that looks like pain on her face. » Pourtant, l’actrice dont il est question est aussi convaincante qu’un enfant de cinq ans… C’est bien simple, on se croirait dans un épisode d’Angie Tribeca !
Le premier épisode de Rebel a attiré 705 000 téléspectateurs avec un taux de 0,22 chez les 18-49 ans. La semaine suivante, ils étaient encore 564 000 (taux de 0,19) et à l’épisode #3 496 000 (taux de 0,14). On est loin des bonnes performances de The New Edition Story qui faisaient au moins quatre fois plus et on ne serait pas surpris que BET mette un terme à sa nouveauté une fois tous les épisodes diffusés.
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