Lors de son lancement à l'automne dernier, Chip se présentait comme un simple assistant mobile d'épargne automatique. Il a cependant vocation à s'enrichir progressivement de fonctions additionnelles, avec l'ambition, à terme, d'en faire un complément utile, intelligent et transparent aux services fournis par les banques.
Au cœur de cette stratégie, le nouveau domaine auquel s'attaque désormais la startup est celui des découverts autorisés, dont il faut reconnaître qu'il constitue en effet une cible facile, tant il est simultanément une source de revenus non négligeable pour les établissements traditionnels et un produit potentiellement dangereux pour les consommateurs. Le plan de bataille de Chip sur ce terrain est tracé : il se déroulera en deux vagues successives, jusqu'au déploiement d'une offre de crédit, en juillet.
La première phase peut sembler incohérente, puisqu'il s'agit de permettre aux utilisateurs de l'assistant financier de continuer à mettre de l'argent de côté quand leur compte courant est à découvert. Il existe pourtant plusieurs bonnes raisons de favoriser ce comportement. Tout d'abord, il est important, d'un point de vue psychologique, de créer et alimenter régulièrement une réserve dans un compte séparé, aussi modeste soit-elle, afin de préparer un projet futur ou, plus trivialement, faire face à un imprévu.
Par ailleurs, il ne faut pas négliger le cas où le découvert autorisé est gratuit (ce qui s'avère fréquent pour les étudiants britanniques) : si l'épargne est rémunérée (jusqu'à 5%, en l'occurrence), il serait dommage de se priver d'une opportunité d'accumuler des intérêts. Mais la motivation fondamentale de Chip avec l'ajout de cette option réside ailleurs. Son objectif consiste avant tout à permettre à ses victimes de s'extraire du piège du découvert récurrent (que les banques se gardent bien de décourager).
Dans ces circonstances, l'agent intelligent de la jeune pousse va ainsi mettre en place une stratégie adaptée, toujours automatisée. En premier lieu, il prélève chaque mois l'équivalent du dépassement de budget moyen, de manière à éviter d'aggraver la situation. Dans un second temps, il augmente progressivement la réserve afin de résorber entièrement le déficit accumulé. En outre, il affiche en permanence le montant du découvert et son coût réel, à l'inverse des banques qui tendent à le présenter comme une somme disponible, dont il est tentant de profiter sans réfléchir aux conséquences.
La prochaine étape de la démarche est déjà proposée aujourd'hui en version « beta » : l'option « Smart Credit » renfloue les finances personnelles de l'utilisateur dès qu'elles passent dans le rouge, en lui allouant un emprunt instantané de 100 livres, à des conditions plus avantageuses que celles offertes par les banques sur les découverts. De plus, dans ces circonstances, l'assistant interactif prend automatiquement en charge les remboursements – exactement comme il s'occupe de l'épargne – en ponctionnant ponctuellement le compte courant lorsque sa situation le permet.
Chip esquisse une approche de désintermédiation intéressante, à mi-chemin entre la néo-banque et la plate-forme d'agrégation de services, que TechCrunch qualifie de « plugin bancaire » : elle se greffe sur les comptes existants pour en corriger les défauts et en combler les lacunes. La jeune pousse peut de la sorte porter son attention sur les douleurs les plus sensibles des consommateurs et, potentiellement, les domaines les plus rentables de la finance personnelle, sans gaspiller son énergie à bâtir une offre complète.