Il n'est pas courant de confronter, de mêler paraboles, paroles d'Evangile; c'est le choix- réussi - que pose André Querton, offrant au personnage du jeune homme riche - celui à qui le Christ demande d'abandonner famille et biens matériels pour l'accompagner sur son chemin spirituel - la destinée du père ..du fils prodigue. Et le croisement fonctionne bien, offrant à notre réflexion des pistes nouvelles, vivifiantes.
" Je vivais donc en pleine satisfaction avec moi- même et si je souris maintenant en y songeant, ce sourire n'est pas d'ironie, mais d'allégresse et de reconnaissance. Mes familiers étaient également satisfaits. Mais mon père était sans doute celui qui était le plus heureux. Je portais son nom et il en était fier comme je l'étais. Chaque fils est pour son père la preuve qu'a été tenue une promesse faite à son propre père; celui qui engendre rend ainsi hommage à celui-là même qui l'a engendré."
Le portrait est d'une actualité patente...
C'est celui d'un rendez-vous manqué, ou du moins, reporté.
Et le jeune homme, d' "[aller] donc, jeune et souple, sans tourment", sans rimbaldienne bohême, de se muer, selon lignée et destinée en père digne et aimant de ses deux fils.
Devenu adulte, son fils cadet rompt la chaîne des générations , quitte maison et famille, nanti de la bénédiction paternelle, des angoisses nocturnes corollaires et de sa part d'héritage...
La fable est belle; la réflexion ne l'est pas moins qui interroge les pères sur les limites des voies et trames familiales tissées dès le berceau.
" Des nouvelles vies commençaient pour chacun et nous nous en réjouissions."
A Elter
Le père prodigue, André Querton, essai, Ed. Mardaga, février 2017, 60 pp