Danger.Ce que n’admet pas et n’admettra jamais Fifille- la-voilà, et pour cause, tient en une phrase : ce sont ses prédécesseurs de Vichy qui ont aboli la République française, eux, les partisans de la révolution nationale (qu’elle chérit tant), eux, qui portèrent la responsabilité de la défaite et de la collaboration. Ce n’était plus la République. La République française n’était donc pas coupable, mais la France, elle, l’était! Ne pas le reconnaître aujourd’hui signe l’infamie et nous renseigne, encore et encore, sur le danger du Front nationaliste, qui, en apparence, joue le jeu de la démocratie électorale – en refusant l’étiquette d’extrême droite mais en préparant l’opinion à accepter un processus de solutions qui tournent le dos à la démocratie et visent à rompre le pacte républicain, comme le firent ses aïeux. Prenons la mesure: la normalisation et la dédiabolisation du FN ont fini par avoir un prix, celui du point de non-retour à partir duquel il convient de ne pas rester terrifié, mais de devenir terrible, pour plagier Sartre. Pour combattre l’extrême droite sans seulement tenter de sauver l’honneur, il faut imposer des principes, des fondations politiques, des perspectives et des alternatives réelles. Alors seulement nous repousserons les logiques de peur et d’exclusions dont les relents fascisants nous ramènent, par un mouvement d’involution invraisemblable, aux années 1930.
[BLOC-NOTESpublié dans l’Humanité du 14 avril 2017.]