Notre-Dame de Paris, un soir de Noël, est occupée par une poignée de SDF. Le père Kern, qui officie dans cet édifice les accueille tandis que, dehors, la police et des intégristes de tous poils s’amassent autour du monument pour en découdre. C’est le point de départ de ce roman policier qui, s’il est bien ancré dans notre époque, ne manque pas de faire penser au chef-d’oeuvre de Victor Hugo. Tout se déroule entre le Palais de Justice et le Musée de la Sculpture en plein air, au coeur d’un Paris touristique. Des portraits minutieux de ceux qu’on ne voit pas d’habitude (sacristain, gueux, policier, prêtre, juge), une Cour des Miracles d’aujourd’hui et aussi des miracles. Mouss, mort noyé, les pieds et les mains percés, est-il, comme le prétend « le Grec », une réincarnation du Christ, entre Noël et Pâques de cette année-là ?
Je me suis laissé entraîner dans ce récit au point de marcher dans les pas des personnages, un soir, entre Châtelet et le Quai Saint Bernard. Ce n’est certes pas le style de Victor Hugo mais c’est Notre-Dame. On peut être touché par la ressemblance entre le père Kern et Mouss, deux éclopés de la vie qui ne sont pas tombés du même côté de la société mais qui sont pourtant proches. On peut être agacé par la façon dont Claire Kauffmann, la juge, joue avec ses cheveux. Mais on peut aussi s’attacher à ces personnages qu’on sent manipulés, sans savoir par qui, et qui s’efforcent de tenir bon, de ne rien lâcher même si la victime n’est qu’un gueux.