Nous avions repéré son talent et sa beauté singulière depuis deux ans, en particulier au sein de la troupe des Youtubeurs « Les Parasites » ou en télévision dans « Elle… les filles du Plessis ». Après le succès théâtral de The Servant, Roxane Bret magnétise le théâtre de la Huchette, dans une relecture pleine de jeunesse du classique de Boris Vian « L’écume des jours ». Nous sommes aller interviewer l’étoile pour Darkplanneur.
Eric Briones : Comment se prépare-t-on à une telle performance ?
Roxane Bret : J’ai abordé le rôle avec beaucoup de naïveté finalement (rires) J’avais lu l’œuvre il y a plusieurs années et quand on s’est replongés dedans j’ai pris tout ce que Sandrine et Gilles Vincent, les metteurs en scène, m’ont donné sur ce rôle, on s’est racontés beaucoup de choses, on a écouté notamment girl pool, on en entend des morceaux dans la pièce, on a vu les films, on a regardé bande à part de manière à construire une sorte de moodboard qu’on a aspiré tous ensemble.
E.B : Vous êtes en action tout le temps pendant la pièce, même quand vous au fond de la scène ?
R.B : C’est une intention de mise en scène de Gilles Vincent et de Sandrine qui voulaient vraiment qu’on soit un trio, sans arrêt ensemble pour être plus forts, se soutenir, être à l’écoute. Cela permet de renforcer les paroles de celui qui joue, finalement si on ne jouait pas en permanence cela serait moins fort.
E.B : Vous jouez et vous chantez également. Combien de temps vous faut-il pour préparer ce rôle ?
RB : Le chant c’est très nouveau pour moi, je chantais d’habitude sous la douche (rires). Ils m’ont demandé si je savais chanter et j’ai dit on peut essayer. Avant de monter sur scène je ne me prépare pas vraiment. Physiquement et psychologiquement on se dit juste qu’on part pour un grand voyage d’une heure et demi, on respire, on reste ensemble tous les trois, on se prend dans les bras et on se donne de la force. C’est le trio qui nous guide.
E.B : Est-ce que vous vous connaissiez déjà avant ?
R.B : J’étais en classe libre avec Maxime et Antoine, au cours Florent mais on se connaissait très peu.
E.B : Votre personnage est un personnage multi-facettes que vous explorez tout au long de la pièce. Quelles sont ces facettes, certaines sont-elles plus difficiles à jouer, d’autres plus jouissives ?
R.B : Je prends énormément de plaisir à jouer cette partition où j’ai l’impression d’ouvrir différentes portes au fur et à mesure. Je dirais que je les aime toutes autant, c’est un tout, c’est un parcours global que je chéris dans l’ensemble, il n’y a pas un moment plus difficile ou plus facile, ou plus jouissif. On a veillé à ce que ce personnage que j’incarne, Chloé, ne soit pas « nunuche » car c’est un personnage qui n’a pas énormément de personnalité dans le roman.
E.B : Et vous qu’est-ce que vous avez voulu lui apporter ?
R.B : On a vraiment travaillé avec les réalisateurs à lui donner vie. Je lui apporte un coté femme enfant, drôle et acidulé et également un coté rock un peu fou. Des choses qui lui donnent un petit côté Lynchien.
E.B : Est-ce que la pièce est différente à chaque fois ou il y a ce côté de performance qui est là ?
R.B : C’est complètement différent à chaque fois car on n’est pas forcément dans le même état quand on monte sur scène. Parfois on est fatigué, parfois la synergie entre nous, malgré qu’on soit un groupe fort, n’est pas la même. On essaie toujours d’être là pour les autres, si on sent qu’un de nous est plus fragile ce jour-là on essaie de le soutenir un maximum, on tire les cordes ensemble. Et puis les publics ne sont pas les même non plus. L’échange est différent en fonction de l’accueil des publics.
E.B : Qu’est-ce que vous diriez aux gens qui ne sont pas encore allés voir la pièce ? Pourquoi y aller ?
R.B : Parce qu’on délivre un message essentiel aujourd’hui, on explique qu’il faut vivre, qu’il faut résister, qu’il faut rire, qu’il faut aimer dans cette non époque un peu sombre. Cette œuvre écrite il y’a longtemps est toujours très actuelle. On y prend une vague de jeunesse, un shot de feel good, on est là pour redonner l’espoir. On aborde l’addiction, la violence et même la mort mais en sortant justement on a juste envie de vivre !
Critique express de « L’écume des jours » mise en scène par Sandrine Malaro et Gilles Vincent Kapps, avec Roxane Bret, Maxime Boutéaron et Antoine Paulin.
La mise en scène de ce texte très avant-gardiste de Boris Vian l’est tout autant :
Ambiance colorée qui rappelle les » cabarets Lynchiens » et synthétiseurs à la Brian Eno mais la bonne humeur domine !
En mélangeant habilement à un rythme endiablé comédie, drame romantique, chant et performances, on ne voit pas passer les 90 minutes de ce spectacle résolument moderne et jouissif , rock et arty mais pas snob pour un sou. Enfin, l’ambiance intimiste de la salle mythique du caveau de la Huchette permet de vivre un moment unique avec les 3 jeunes comédiens vraiment excellents, qui arrivent avec brio à passer d’un registre à l’autre sans » surjouer « , faire passer le spectateur du rire à l’émotion en quelques instants sans trahir l’esprit burlesque de Boris Vian. Un vrai coup ( d’arrache ) de cœur. RN
Courez voir « l’Écume des Jours » au Théâtre de la Huchette du Mardi au Samedi à 21h, ici
Avec la collaboration de Marine Peyrol