Sujet délicat. Ma conception de la gestion de portefeuille est disons, assez tranchée. Je crois que les gestionnaires dignes de ce nom n’ont rien à faire dans un bureau à longueur de semaine. Pire, que pareils financiers exigent des frais des gestion importants n’a aucun sens. Un « vrai gestionnaire » est un homme ou une femme d’affaires qui sort, voyage, visite et s’imprègne de la réalité des entreprises qui l’intéresse. Il se donne la peine et les moyens de visiter en personne les usines, les magasins, les fournisseurs, les clients, les employés, les syndicats et les membres de la haute direction. Même si c’est à l’autre bout du monde et même si ça implique qu’il doive vivre dans ses bagages six mois par année. Si ça coûte cher, on comprendra et ça justifiera en partie les frais de gestion. Non, mais sérieusement, vous croyez sur paroles les PDG de toutes les compagnies, tous les chiffres des états financiers et les notes afférentes des rapports trimestriels? Pas moi.
Qu’en pense Warren Buffet, un des plus redoutables investisseurs de tous les temps? D’abord, précisons qu’il n’a même pas d’ordinateur sur son bureau. Ensuite, dans les entreprises dans lequel il investit des centaines de millions voire des milliards, il recherche des dirigeants qui possèdent trois qualités précises : l’intégrité, l’intelligence et l’énergie. De l’avis du chef de la direction de Berkshire Hathaway, les rencontres en personne sont déterminantes. « Vous ne pourrez jamais communiquer les yeux dans les yeux sans vous rencontrer face à face! »
Pensez-vous que l’intégrité, l’intelligence et l’énergie se trouvent dans des colonnes d’un tableau Excel ou sur un terminal Bloomberg? Pensez-vous sérieusement qu’on peut se faire une idée de la valeur de la haute direction d’une société sans rencontrer physiquement les personnes-clés et sans interroger ceux qui les côtoient depuis longtemps? Non.
Je ne crois pas une seconde qu’en passant le plus clair de son temps devant son écran d’ordinateur, les pseudo-gestionnaires de portefeuille méritent un demi de un pour cent de l’actif confié. Mais que peuvent-ils trouver de si intéressant sur leurs écrans qui n’a pas encore été dits et publiés? À moins qu’ils ne « jouent au gestionnaire », et s’imaginent sérieusement en position de décision. Ma foi, c’est la caractéristique des « gamers ».
Et que penser alors de confier ses épargnes à un gestionnaire qui bâtit ses portefeuilles uniquement qu’avec des FNB indiciels? Ben, ça vaut encore moins cher. Ça signifie que vous payez quelqu’un pour regarder jouer les gamers !