Elle a imaginé avec la complicité de la décoratrice Sophie Jacob une ambiance de cabaret qui est déclinée sans faille d'un bout à l'autre de la représentation, reprenant chaque code de l'art forain et du cirque en s'inspirant pour cela du petit cirque de Calder, peuplé d’automates et de petites marionnettes. Tout y est : la piste, les étoiles, les paillettes, le chapeau claque, la canne et le boa, les couleurs vives ... Ça roule, ça scintille, ça chante, ça "se produit".
Faut-il vous résumer l'histoire ? Hermia aime Lysandre, et refuse d’épouser le prétendant que son père lui destine, Démétrius, lui-même courtisé par Héléna. Les amants fuient dans la forêt. Parallèlement, des artisans répètent une pièce qu’ils joueront pour le mariage du duc d’Athènes avec la Reine des Amazones. Arrive le clair de lune, et tout ce petit monde se retrouve sous l'influence des fées et de leurs souverains, Titania et Obéron dont la querelle trouble la nature.
Obéron demande à son génie, Puck - qui a le pouvoir de commander aux phénomènes naturels - de déposer un philtre d’amour sur les yeux des personnages. S’ensuit une série de méprises… jusqu'à ce qu'au petit matin, après 4 jours et 4 nuits de folie, Puck rétablisse la concorde entre les couples respectifs.
Chaque scène est pensée comme un tableau, provoquant à chaque fois un étonnement nouveau. Les effets sont multiples, osés, mais sans qu'il n'y ait jamais surcharge ou vulgarité. On entend les jeux de mots voulus par l'auteur.
La mise en scène est périlleuse. Il fallait oser demander à Flore Lefebvre des Noëttes de se risquer à danser avec quelques plumes. L'actrice est aussi prodigieuse dans le rôle de la première fée que dans celui de Quince, d'habitude interprété par un homme, et elle fait très bien le mur aussi.
Chacun interprète plusieurs rôles et c'est une vraie surprise aux saluts de se rendre compte, par exemple, que le lion est aussi Démétrius (Adil Laboudi), sans compter quelques figurations par ci par là. Les dix comédiens jouent vingt-cinq rôles sans qu'on ne remarque beaucoup la supercherie.
Heureuse idée aussi d'avoir conservé les chansons en anglais. Ce songe est une réjouissance !
Le songe d'une nuit d'été de William Shakespeare
mise en scène Lisa Wurmser
texte français : Jean-Michel Deprats (éditions Folio Théâtre)
scénographie : Sophie Jacob
musique : Laurent Petitgand
magie : Abdul Alafrez
costumes : Marie Pawlotsky
chorégraphie : Gilles Nicolas
avec John Arnold, Jade Fortineau, Léo Grange, Adil Laboudi, Flore Lefebvre des Noëttes, Christian Lucas, Marie Micla, Yoanna Marilleaud, Gilles Nicolas, et Laurent Petitgand.
Du 3 Mars au 2 Avril 2017
au Théâtre de la Tempête - salle Copi
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30
Route du Champ de Manoeuvre 75012 Paris
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Laurencine Lot ou de Agathe Poupeney