C'est la saison des regrets.

Ce n'est pas l'été. J'ouvre les fenêtres de ma vie, et je ne vois au loin qu'un ramassis de feuilles mortes qui se ramassent à la pelle. C'est l'automne des souvenirs. C'est la saison des regrets. C'est la guerre à l'intérieur. Les regrets assaillent la forteresse que j'ai mis des années à construire pierre à pierre. Il sont là, au pied du mur, tels des soldats du Moyen Age déchainés à l'idée de pénétrer les portes de la ville. J'ai beau leur jeter des seaux d'huile brûlante, cela ne fait que raviver leur persévérance à m'achever.

Les regrets sont exactement comme les causes en droit civil: on peut toujours trouver une cause antérieure à une conséquence, jusqu'à l'infini.... "il a causé l'accident de voiture car il brulé le feu, il a brulé le feu pour éviter le vélo, le vélo a fait un écart pour éviter le piéton, le piéton s'est déporté car un piano allait lui tomber sur la tête, le piano a échappé au déménageur parce que l'échelle électrique était défectueuse, l'échelle n'avait pas été révisée car le réparateur était malade, il était malade parce... etc....." Pour les regrets, c'est le même fonctionnement en fait: on regrette une chose aujourd'hui, mais qui prend sa source dans un évènement d'hier, lequel prend sa source dans un évènement d'avant hier, lequel... etc...." et on peut remonter très loin comme ça dans ce qu'on aurait du faire hier ou il y 15 ans pour éviter de regretter la situation d'aujourd'hui.

Jusqu'à maintenant, j'avais toujours été intransigente avec mon entourage du style "les regrets ça ne sert à rien, moi je n'en ai jamais, il vaut mieux regarder devant que derrière" (Ah oui, ça les discours, je les connais par coeur pour les avoir tant répétés aux autres et tant pratiqués pour moi jusque là...) Mais là, j'ai l'impression que mes beaux discours sont périmés, HS, et je que je paye aujourd'hui ma part au Chef Trésorier des Impôts des Regrets. J'ai des arriérés en plus. Taxe de retard et tout et tout.

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