Le triste sort annoncé de
Benoit Hamon, dépouillé de ses électeurs putatifs par Macron d’un côté et par
Mélenchon de l’autre, laisse présager un bien sombre avenir pour le Parti
Socialiste.
Pourtant, la triste situation du Parti Socialiste n’a rien d’une surprise
tant elle est l’aboutissement d’un processus commencé depuis bien longtemps
déjà.
Si on veut être précis, on peut en dater la genèse à la déconfiture de
2002.
Le PS entre alors de plein pied dans l’opposition dans laquelle il se
complet tel un gros chat benoitement installé sur son moelleux coussin
stratégiquement positionné entre le radiateur et le rebord de la
fenêtre.
10 ans pendant lesquels il s’est mis en mode opposition automatique et
systématique.
10 ans de vie facile pendant lesquels il n’y a eu ni remise en cause, ni
éclaircissement d’une idéologie pourtant de plus en plus coupée des réalités du
monde.
10 ans pendant lesquels le discours quotidien a consisté à prétendre que
s’ils avaient été à la place de ce gouvernement d’incapables, le chômage aurait
fondu comme neige au soleil, le pouvoir d’achat aurait atteint des sommets, les
logements sociaux auraient poussé comme des champignons et l’Europe aurait filé
doux.
Le Parti Socialiste avait 10 ans pour se débarrasser de tous les handicaps
structurels qui l’ont amené à l’humiliation de 2002, il n’en n’a rien fait,
trop occupé aux petites luttes d’influences entre une ribambelle de courants
contradictoires et d’égos surdimensionnés.
Cette confortable situation aurait pu durer encore 5 ans si François
Hollande n’avait pas eu la malheureuse idée de se faire élire à la Présidence
de la République.
Elu par anti-sarkosisme, sur un projet sans consistance et basé sur les
vieilles recettes de Tonton, le quinquennat de François Hollande ne pouvait
être qu’un échec. Et il fut un échec. Il fut d’autant plus un échec qu’il a
fallu qu’il se batte non seulement contre son opposition de droite mais
également contre son opposition de gauche jusqu’au sein de son propre
parti.
La confrontation des socialistes au pouvoir n’a été que le révélateur de ses
fractures. Plus possible de se cacher derrière une mauvaise synthèse que tout
le monde s’empressait d’oublier. Il fallait décider et appliquer. C’est à
partir de là que les choses ont commencé à se gâter.
Hollande n’est évidemment pas le seul fautif et Il n’a fait que récolter ce
qu’il a contribué à semer en tant que premier Secrétaire Général du PS, puis
ensuite, comme candidat même s’il n’était pas le pire en la matière.
Après les premiers errements du Gouvernement dont on se rappelle qu’il était
à deux doigts d’amener la direction de Peugeot devant un peloton d’exécution,
François Hollande a clairement changé de cap pour, au moins sur le papier,
prendre de bonnes orientations. Plus question de traiter les chefs d’entreprise
de parasites doublés d’exploiteurs ni de continuer à engraisser un Etat
boursouflé.
Mais il était trop tard !
Trop tard pour expliquer les contraintes auxquelles la France est confrontée
à des gens, auxquels, pendant des décennies, on a fait croire que tout était
simple, qu’il suffisait de le vouloir pour concilier rigueur économique,
justice sociale, hausse du pouvoir d’achat, SMIC à 2 000 euros, logements
abondants et pas chers, solidarité débridée, services publics pléthoriques,
plein emploi et tout cela sans effort, dans la joie et la bonne
humeur.
A ce moment, l’inanité idéologique du PS a été révélée aux yeux de tous,
sauf de ceux qui ne voulaient ou qui ne pouvaient pas imaginer un seul instant
qu’ils s’étaient si lourdement trompé depuis si longtemps.
Pour ceux-là, impossible de reconnaitre qu’il ne suffit pas de claquer des
doigts pour que le chômage baisse, ou de taxer les « riches » pour
redresser les finances publiques.
Ca ne pouvait être que la faute de Hollande, ce renégat, ce traitre à la
Gauche qui, soutenu par son homme de main Valls, dont on se doutait bien qu’il
n’était plus de gauche depuis longtemps, a mené une politique de droite bien
évidemment inefficace (pléonasme).
A partir de là, ce parti qui ne tenait que par des bouts de ficelle a
commencé à se disloquer.
Ce fut Montebourg, Hamon et Filipetti qui n’eurent même pas la décence
d’attendre la fin du quinquennat pour se désolidariser de Hollande et de son
gouvernement.
Ce furent les frondeurs et leurs soutiens, plus discrets mais néanmoins tout
aussi enragés, qui se lancèrent dans une guerre ouverte tels des croisés
défenseurs de la vraie gauche.
Hollande discrédité, le PS sans leader capable de s’imposer naturellement,
guère étonnant que le candidat issu de la primaire de la gauche répondant au
nom ridicule de « La belle alliance populaire » n’ait pas été suivi
avec un énorme enthousiasme par tous ses camarades.
Il ne pouvait pas en être autrement, comment en vouloir à Manuel Valls de ne
pas soutenir quelqu’un qui n’a eu de cesse de plomber son action
gouvernementale, quelqu’un dont le projet ressemble à s’y méprendre à celui de
Mitterrand en 1981.
Hamon et le PS à travers lui vont donc se faire rétamer dans l’indifférence
générale.
Les vrais de gauche se seront rabattus sur Mélenchon et les sociaux-libéraux
vers Macron.
Quel que soit le résultat de cette élection, l’avenir s’annonce bien sombre
pour le PS.
Les législatives qui vont suivre devraient entériner sa faiblesse et pour
peu que Macron soit élu, il se retrouvera entre un Parti de Gauche plus
puissant que jamais et le mouvement « En Marche » tiré par le succès
de son leader. Dans tous les cas, face à deux concurrents en pleine bourre, le
PS transformé en cimetière des éléphants, aura beaucoup de mal se relever et à
trouver sa place au sein d’une gauche complètement recomposée.
Faute d’avoir su se renouveler et d’avoir voulu constater et gérer lui-même la fracture idéologique entre son aile gauche et son aile socio-démocrate, le PS a laissé d’autres s’en charger à la tronçonneuse. Difficile de savoir ce qui en ressortira mais la gauche ne sera plus jamais comme avant, et c’est tant mieux !