En bon(ne)s habitué(e)s de PCPL que vous êtes, vous commencez à le savoir, la Révolution Française ça n'a pas fait que des bonnes choses.
Entre les destructions de patrimoine, les profanations de sépultures, les changements de langage... on en a chier des ronds de chapeaux !
Alors Ok!, on a eu la démocratie; mais ça c'est pas fait dans le coton.
Je dirais même qu'en partie, ça c'est plutôt fait " dans le cuir "
Mais pas un cuir de vachette pleine fleur, tanné à l'ancienne et teinté dans la masse pour lui conserver sa souplesse... Non !
Un cuir de peau humaine !
Car oui M'sieurs Dames ! On le sait peu, mais à la Révolution, sous la Terreur plus précisément, on tannait du bonhomme !(et de la bonne-femme, on n'était pas sectaire...)
Et on ne faisait pas ça par souci d'économie ou parce que la peau animale manquait.
Le révolutionnaire se tannait un petit froc en peau de son ennemi pour le porter tel un trophée !
Tout ceci n'étant que modérément honteux à l'époque, on trouve assez facilement référence à ces petites coquetteries dans les rapports et récits de cette macabre période; tel le témoignage de J.Baptiste Harmand de la Meuse qui ne laisse planer aucun doute :
Une demoiselle jeune, grande et bien faite, s'était refusée aux recherches de Saint-Just ; il la fit conduire à l'échafaud. Après l'exécution il voulut qu'on lui présentât le cadavre et que la peau fût levée. Quand ces odieux outrages furent commis, il la fit préparer par un chamoiseur et la porta en culotte. Je tiens ce fait révoltant de celui-même qui a été chargé de tous les préparatifs et qui a satisfait le monstre...
Par ailleurs Louis Antoine Léon de Saint Just, membre célèbre de la Convention, malgré sa tronche d'ange, semblait parfaitement coutumier du fait.
En effet, le monsieur aimait à porter du cuir humain et n'hésitait pas à partager ses bonnes adresses et ses p'tits conseils avec les copains comme on peut lire dans son rapport du 14 Août 1793 à la Commission des Moyens Extraordinaires :
On tanne à Meudon la peau humaine. La peau qui provient d'hommes est d'une consistance et d'une bonté supérieure à celle du chamois. Celle des sujets féminins est plus souple mais elle présente moins de solidité
La tannerie de Meudon n'était pas la seule à pourvoir du froc de monsieur aux français.
Colmar, Etampes ou encore Angers avaient leurs tanneries de peau humaine; cette dernière étant notamment réputée pour avoir fourni aux contingents Bleus des Ardennes, des culottes découpées sur les cadavres des fusillés Vendéens.
J'avais l'âge de treize à quatorze ans, je puis affirmer avoir vu, sur les bords du fleuve (la Loire), les corps des malheureux Vendéens dont les cadavres avaient été écorchés. Il étaient écorchés à mi-corps parce qu'on coupait la peau au-dessous de la ceinture, puis le long des cuisses jusqu'à la cheville, de manière qu'après son enlèvement le pantalon se trouvait en partie formé.
(témoignage en date du 31 mai 1852)
Mais celle de Meudon reste la plus " célèbre " car c'est son créateur, un certain Seguin, qui mit au point la technique de transformation et qui vint en personne défendre le bien fondé de l'ouverture de tanneries de peau humaine devant la Convention :
On se souvient cependant qu'un homme vint à la barre de la Convention annoncer un procédé simple et nouveau pour se procurer du cuir en abondance ; que le Comité de Salut public lui accorda l'emplacement de Meudon dont les portes furent soigneusement fermées et qu'enfin plusieurs membres de ce Comité furent les premiers qui portèrent des bottes faites de cuir humain.
Ce n'était pas au figuré que Robespierre écorchait le peuple, et comme Paris fournissait des souliers aux armées, il a pu arriver à plus d'un défenseur de la patrie d'être chaussé avec la peau de ses parents et amis
Finissons en précisant qu'effectivement, comme le suggère ce témoignage de Joseph-François-Nicolas Dusaulchoy de Bergemont (un proche de Camille Desmoulins), les corps du suppliciés ne finissaient pas uniquement en culottes.
On sait par exemple que la graisse humaine était fondue et transformée en huile combustible pour lampes.
Évidemment il n'en reste pas de traces !
En revanche, quelques exceptionnels spécimens plus consistants nous sont parvenus tels
- la peau tannée d'un bleu tombé lors de la défense de Nantes en Juin 1793 (visible au muséum des Sciences Naturelles de la ville), qui avait émis le souhait que sa peau soit préparée afin de devenir un tambour. Malheureusement pour lui, il ne pu jamais émettre le moindre son du fait de la finesse de sa peau.
- ou encore un exemplaire de la Constitution du 24 Juin 1793 relié en peau humaine, aujourd'hui conservé à la bibliothèque du Musée Carnavalet à Paris.