Demain, jeudi 26 juin, la direction de l’Assurance Maladie présentera son plan de maîtrise des dépenses pour l’an prochain. Les objectifs sont donc essentiellement comptables et le ton utilisé pour l’annoncer est volontairement catastrophiste. Le directeur général de l’Assurance Maladie, Monsieur Frédéric Van Roekeghem, s’y est employé. L’homme a d’ailleurs été directeur de l’audit du groupe d’assurances privées AXA de 2001 à 2003…
Concrètement, sont d’ores et déjà prévus :
- la baisse du remboursement de certains médicaments dits « de confort » pris en charge à 100% pour les patients en affection longue durée (ALD) et qui ne seront désormais remboursés qu’à 35%,
- le développement accru des génériques,
- des « efforts de productivité » sont préconisés pour les hôpitaux et un « plan de redressement » pour les plus déficitaires est envisagé.
L’UMP a donc lancé son entreprise de destruction de l’assurance maladie solidaire pour pouvoir créer un marché qu’elle livrera ensuite aux intérêts privés, c’est-à-dire aux amis de Sarkozy.
Pour les remboursements, gare aux cancéreux, aux sidéens, aux diabétiques, ou aux cardiaques (liste non exhaustive bien sûr) qui n’auront pas les moyens de se payer une mutuelle ou une assurance complémentaire (d’ailleurs les Mutuelles viennent d’annoncer qu’elles s’opposent au déremboursement) ! Ceux-là n’auront qu’à crever ou à emprunter chez des entreprises d’usuriers (celles qui par exemple proposent des crédits express à la TV) pour pouvoir se payer ces médicaments dits de confort. Car, évidemment, pour Monsieur Van Roekeghem, quand on est sous morphine parce que la douleur est intolérable et que les effets secondaires provoquent notamment de la constipation, le laxatif acheté à la pharmacie, lui, n’est évidemment qu’un médicament de «confort»… il est donc inutile de le rembourser à 100%. Au nom du progrès et de la maîtrise des dépenses bien sûr ! Si le patient modeste ne décède pas de son cancer, ce sera alors d’une occlusion intestinale qu’il n’aura pu faire traiter à temps.
Le développement des génériques. Belle idée dont on attend de voir la réalité. Il reste à savoir si la logique comptable de la direction générale de l’Assurance Maladie ne se heurtera pas à la logique comptable des grands laboratoires pharmaceutiques. Il est assez peu probable que ces derniers demeurent impassibles alors qu’on sait les sommes colossales investies dans la recherche de nouvelles molécules et dans les brevets. Ce qui d’ailleurs laisse aux grands groupes pharmaceutiques relativement peu de temps pour rentabiliser les investissement effectués. On doute vraiment que le gouvernement reste longtemps sourd à leurs pressions, lui qui d’ordinaire est si attentif à tout ce que peuvent dire les entreprises…
Quant aux hôpitaux, on sait aussi ce que signifie le mot « rentabilité ». Ca commence par des fermetures de lits. Puis des fermetures de lits, on passe ensuite à la fermeture d’un ou de deux services, voire plus (ex : la maternité ; le service d’alcoologie, etc.). Et enfin, on en arrive insidieusement à la fermeture pure et simple de l’hôpital. Et alors, quand celui-ci est en plus situé en zone rurale, la fermeture est présentée aux citoyens lampistes comme une évidence. A Saint-Affrique (Aveyron), les citoyens en ont fait les frais. L’hôpital de Mende, lui, est en sursis. Tout le monde s’en doute. Bientôt, pour accoucher, la Lozérienne devra faire deux heures de route pour se rendre à Nîmes, à Montpellier ou à Clermont-Ferrand. Magnifique ! On appelle toujours cela le progrès et la maîtrise des dépenses.
Mais de tout cela, Van Roekeghem s’en fout. Il n’accouchera jamais de toute façon. La science est formelle sur ce point. Et si un jour il souffre d’une constipation sévère (ce qu’on ne lui souhaite pas naturellement), il y a assez peu de chances qu’il aille se faire déboucher à l’hôpital public de Mende, mais plutôt au très chic et très onéreux hôpital américain de Neuilly-sur-Seine.