C’est un échange entre amis et propriétaires d’une
des plus importantes collections de peintures du monde.
En été 2015, le Kunstmuseum Basel a prêté dix
oeuvres majeures de Pablo Picasso au
Museo Nacional del Prado de Madrid. Celles-ci
ont attiré près de 1.4 million de visiteurs.
En 2017, c’est au tour du Prado de confier au musée
bâlois 26 chefs-d’oeuvres de la fin du 15e
jusqu’à la fin du 18e siècle.
Jan Kraeck 1587, portrait de Philip Emmanuel de Savoye, Prado
Ce généreux prêt est cependant loin de rendre compte
de la richesse de la collection madrilène, et la sélection
effectuée conjointement par le Kunstmuseum et le Prado
n’a pas la prétention de présenter un aperçu de ces fonds.
Les invités d’honneur du Prado sont exposés en 24 duos
(et quelques trios) avec des peintures du Kunstmuseum :
ainsi les oeuvres de Titien, Zurbarán, Velázquez, Murillo
et Goya dialoguent avec celles de Memling, Baldung,
Holbein le Jeune, Goltzius et Rembrandt.
Francisco de Goya, jeunes filles aux cruches 1791/92
Des cycles d’oeuvres graphiques de Goya et Holbein
le Jeune issus du Cabinet des Estampes complètent
la rencontre entre les deux collections.
Dessins de Holbein
Cette exposition
se propose de montrer les liens qui unissent ces
peintures et ces collections au-delà des courants
artistiques, des époques et des espaces géographiques.
Ainsi, le plaisir artistique va de pair avec un voyage
de découverte aux multiples facettes.
Goya
Ci-après, un exemple pour un rapprochement
d’oeuvres : Peu avant la Réforme, Hans Holbein le
Jeune révolutionne l’art sacré avec son
Christ mort au tombeau, une nature morte semblable
Holbein, Christ mort au tombeau, 1521/22
à un distillat du récit biblique qui redéfinissait les
catégories et les frontières de la peinture religieuse.
Près d’un siècle plus tard, Francisco de Zurbarán
peignait, suite à la Contre-Réforme, un tableau encore
plus radical dans la pure tradition du bodegón,
la forme espagnole de la nature morte qui privilégie
la représentation sobre et détaillée de repas.
Francisco de Zurbaran, Agnus Dei, 1635/40
Il reproduit un agneau aux pattes attachées.
Il s’agit bien entendu de l’Agnus Dei de l’évangile
selon Jean, l’un des symboles les plus anciens du
Christ. Ces deux oeuvres invitent à réfléchir à la
représentation du fils de Dieu.
Chez Zurbarán, cette réflexion deviendra un sujet
à part entière, puisque le peintre apparaîtra sous
les traits de Saint Luc dialoguant silencieusement
avec le Christ en croix.
Naturellement, l’exposition présente aussi un
bodegón profane du Prado mis en regard avec
le somptueux repas de Georg Flegel du Kunstmuseum.
Georg Flegel 1615
Et Hans Holbein le Jeune peut aussi se mesurer avec
les peintres d’histoire et les portraitistes italiens :
Tiziano, Ecce Homo, 1565/70
avec Titien dont le tableau Ecce Homo dialoguera avec
La flagellation de Holbein, ou avec Giovanni
Holbein la Flagellation, 1515
Battista Moroni dont le Portrait d’un soldat est
opposé au Bonifacius Amerbach de Holbein le Jeune.
Cette manifestation couvre aussi d’autres genres telle
la peinture d’histoire religieuse et mythologique,
l’allégorie ou le paysage.
Les 54 oeuvres s’expliquent mutuellement : l’observation
des liens et des différences fournit la base pour des
conclusions complémentaires. La mise en regard permet
la mise en évidence des points de départ qui se révèlent
parfois au premier coup d’oeil, parfois seulement
après une observation plus détaillée.
C’est ainsi que s’écrit l’histoire de l’art – ou, tout au
moins, c’est ainsi qu’elle devrait s’écrire.
Pour Bodo Brinckmann, commissaire de l’exposition
ces oeuvres se mettent mutuellement en valeur,
et fournissent une base pour une réflexion continue.
C’est une expérience artistique de premier ordre,
un voyage plein de surprises, de Bâle à Madrid,
une rencontre au sommet de 2 collections, une
chance pour les visiteurs.
Jusqu’au 20 août 2017
au Kunstmuseum de Bâle, 2 e étage.
nouveau bâtiment.
passmusée
Horaires d’ouverture
du lundi au dimanche
10 h / 18 h
Jeudi : 10 h / 20 h