«Les petits gestes font la différence». À l’école secondaire de l’Érablière, à Saint-Félix-de-Valois, une poignée de jeunes a décidé de suivre cet adage. Depuis février, ils dépensent temps et énergie dans le but de poser des gestes à répercussion sociale. Leur source d’inspiration: le mouvement des Établissements Verts Brundtland ( EVB ) et le conviction de pouvoir changer les choses.
Petit geste deviendra grand
Gabriel Alexandre Gosselin
C’est en surfant sur le web que la conseillère en information scolaire de l’Érablière, Amélie Gougeon, trouve par hasard le site Internet du mouvement EVB (voir encadré). Le mouvement québécois encourage et reconnaît les établissements qui posent des gestes en lien avec 4 valeurs: écologie, solidarité, démocratie et pacifisme.
À sa grande surprise, Amélie se rend compte que son école répond à plusieurs critères du mouvement. L’Érablière recycle le papier et les batteries mortes. Des membres du personnel tiennent une friperie à même les couloirs de l’établissement scolaire. Une petite fille malade de la région reçoit l’appui financier des élèves et membres du personnel depuis 3 ans. «Je me suis vite rendue compte que notre école est plus belle que ce qu’on laisse croire. Il ne faut pas avoir peur de se faire ce genre de compliment», croit Amélie Gougeon.
Revenant d’un congé de maternité, «c’est d’abord en pensant à mon fils que le projet m’a interpellé. Une espèce d’égo-trip!», reconnaît-elle. Elle en parle au conseil étudiant, qui s’engage sans hésitation. Ce dernier part à la rencontre du personnel de école, «parce qu’on a besoin qu’il pousse dans le même sens que nous pour que ça fonctionne», explique Mathieu Gravel, président du conseil étudiant. Les enseignants et les employés cadres de l’Érablière acceptent sur le champ.
Ne reste plus qu’à tâter le pouls des étudiants. Au départ, Mathieu et Amélie ne s’attendent pas à un miracle: «On se disait que si 10 personnes voulaient participer, ce serait déjà bien.» Finalement, 32 jeunes se portent volontaires pour trouver des idées et agir au nom des 4 valeurs du mouvement EVB.
De ce nombre, 4 comités sont créés, un pour chaque valeur. Les jeunes s’impliquent dans le comité qui répond le plus à leurs aspirations. Un système démocratique les relie. L’objectif des comités: faire reconnaître leur école par le mouvement EVB en 2008.
À l’action
On avait les gens qu’il fallait pour faire avancer le dossier. On s’est mis au travail immédiatement, pour d’abord faire connaître le concept dans l’école et l’implanter», dit Mathieu Gravel, 17 ans. Lui et plusieurs membres des comités sont en secondaire V. Ils quitteront l’Érablière à la fin de l’année sco-laire. Le temps presse.
C’est d’abord à leur insu que les différents comités agissent en faveur d’une valeur du mouvement, la solidarité. Des jeunes sont en adaptation scolaire à l’Érablière. Leur cours ont lieu dans des locaux un peu en retrait du reste de l’établissement. «On ne côtoie pas beaucoup ces jeunes là. 5 d’entre eux se sont montrés intéressés au projet EVB, raconte Mathieu. On ne savait pas trop à quoi s’attendre mais ils nous ont vite prouvé leur valeur. C’est fou comme ils sont à leur affaire et allumés. Ça nous a permis de réaliser leur isolement.»
Puis, la roue s’engrange: consultation de la population étudiante, instauration du compostage, projet d’aide au Maroc réparti sur 3 ans en collaboration avec une autre école secondaire de la région de Lanaudière, collecte de fonds pour LEUCAN, organisation de différentes conférences sur des sujets qui touchent les 4 valeurs EVB… Les idées ne cessent de fuser, les actions de se multiplier.
Plus vite que prévu
Amélie Gougeon est emballée par l’engouement qu’expriment les jeunes impliqués: «Ils pètent le feu! C’est incroyable comme ils sont motivés, inspirés et sérieux dans le projet.» Mathieu Gravel, de son côté, croit qu’une telle démarche favorise le sentiment d’apparte-nance à l’école: «On a le pouvoir de changer les choses dans notre école et ailleurs. Ça change la donne. On ne vient plus à l’école uniquement pour suivre des cours. On vient pour générer des actions.»
Mathieu et les autres finissants des comités se sentaient amers de quitter l’Érablière au moment où le projet EVB prenait son envol. Ils auront eu droit à un prix de consolation avant de partir vers d’autres horizons: leur école secondaire a été reconnue par le mouvement EVB le 23 mai dernier, soit un an avant la date prévue! «C’est sûr que je vais revenir l’an prochain, pour voir si le projet a continué sur sa lancée», avoue le jeune homme.
Le mouvement EVB
À la suite du rapport Brund-tland publié en 1987, qui faisait état des politiques nécessaires au développement durable, certains établissements québécois créaient des comités environnementalo-pacifique. Le phénomène s’amplifiant dans les grands centres, la Centrale syndicale du Québec (CSQ) décide de créer le mouvement EVB. En regroupant les établissements, la CSQ s’assurait une concertation dans les actions et donnait la chance au mouvement de se développer dans d’autres régions du Québec.
Depuis, plusieurs institutions ont été tentées par l’aventure. Le mouvement regroupe au-jourd’hui 1188 établissements qui sont reconnus à 2 niveaux: ceux qui sont affiliés à la CSQ, et ceux qui ne le sont pas.
Les établissements prennent eux-mêmes l’initiative de s’inscrire au mouvement EVB par un versement annuel. À partir de ce moment, ils doivent émettre des relevés de réalisation sur une base régulière. Cette liste des actions reliées aux 4 valeurs EVB (environnement, solidarité, démocratie et pacifisme) est étudiée par les représentants du mouvement, qui reconnaissent ou non les établissements.