Bourdieu le disait dès 1972 au sujet des sondages d'opinion qu'il décrivait comme un artefact, pointant la faiblesse structurelle les 3 grands postulats sur lesquels ils sont basés : tout le monde n'a pas d'opinion, toutes les opinions ne se valent pas et les questions que l'on pose correspondent à la conjoncture car elles découlent d'une demande qui elle-même répond à un besoin d'objectivation d'une opinion et qui procède d'une démarche commerciale... N'oublions jamais que les sondages se payent chers... Sur le web c'est pareil en pire et en mieux. L'effet de consensus décrit par Bourdieu existe aussi ("la blogosphère a réagit vivement" comme on dit "les Français" quand on a une majorité issue d'un sondage, alors que l'on devrait dire : "le débat a agité la blogosphère"), car sur le web comme dans les cafés ou les familles, toutes les opinions s'expriment et il est difficile d'en faire la moyenne... Une différence pourtant qui pourrait plaider en faveur d'une pertinence plus importante des "sondages d'opinion" sur Internet : le fait que la compétence politique par rapport aux questions posées est mécaniquement supérieure à celle de la population française chez les internautes de part leur niveaux d'éducation et de CSP supérieurs. Mais sur le fond c'est pareil, on additionne des gens qui ne parlent pas de la même façon de la même chose, et les généralisation ou les analyses des opinions sur Internet relèvent clairement de 2 effets bien connus des sondages "offline" : l'imposition de problématique (poser des questions à des gens qui ne se les posent pas), et l'effet de politisation (si on me pose la question c'est qu'il y a un enjeu et donc je vais répondre quelque chose de manipulé).
Blogged with the Flock Browser