" Dans la continuité de la Tape #1 qui parlait des femmes, de la féminité et d'une relation amoureuse, nous évoquons cette fois-ci l'amour dans ses différentes formes. L'amour maternel entre un parent et son enfant, l'amour charnel pour un amant... "
Ainsi Her présente sa Tape #2, son second EP.
Cette seconde Tape renferme six titres, dont une introduction parlée et un interlude. Dans le prélude, la voix de l'ingénieur son qui parle de son fils se mêle à celle de Victor (chant-clavier) lisant un poème de Peter Handke, mais également à celle de Simon (chant-guitare) qui parle d'amour. En guise de conclusion, le leitmotiv de l'EP est annoncé : " L'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas ", phrase attribuée au psychanalyste Jacques Lacan. On entre enfin dans le vif du sujet.
Her n'est pas sorti de son droit chemin depuis la sortie de sa Tape #1. Avec la diction d'un anglais percussif, Simon et Victor alternent les lignes de chant soul et se complètent en harmonies. Les Français réimposent leur marque de fabrique : tapis de sons langoureux, nappes groovy planantes, guitare plaintive et rythmes charnels.
On connaissait déjà la " Swim " sous le nom de " The President ". Légèrement remaniée, sur scène cette chanson engagée était devenue leur chanson anti-Trump. Victor explique : " Swim, c'est nager et marcher à contre-courant, cultiver la différence. Nous vivons dans une époque trouble marquée par un regain de violences, un retour en arrière et une montée des extrémismes. En tant qu'artistes, nous voulons faire passer un message positif en incitant les gens à penser autrement, en acceptant sa propre singularité et celle de l'autre ".
L'acceptation de soi est un thème récurrent chez Her, qui avait mis en ligne il y a quelques mois le titre " Queens ". Les Reines, les femmes. Toujours les femmes, le thème de prédilection du groupe, son inspiration. " Nous pensons sincèrement que l'avenir est entre les mains des femmes et qu'elles nous guident déjà vers un monde plus juste et plus humain " confirme Victor. La femme et l'amour de la femme sont ubiquistes pour Her.
Deux nouveautés : l'intime " Blossom Roses " et sa gradation d'intensité, comme Her sait si bien les amener, note après note, vague après vague... Quelques accords de synthé ambiance messe gospel sur les couplets, puis ce refrain bien pesant où les voix chantent à l'octave dans un souffle, le kick de la batterie ponctuant la lente ascension jusqu'à l'éruption.
Et puis " Jeanie J. ", la petite intruse de l'EP. Jeanie J., ce " trois-mâts irlandais qui au XIXe siècle emmenait des immigrants fuyant la famine jusqu'en Amérique, à la recherche d'une vie meilleure " explique Simon. Quel lien avec les trois autres titres ? La chanson parle " de la vie, du couple, et du temps qui passe. Le bateau est également le symbole du groupe " poursuit Simon. On y est tourmenté dans les eaux de l'Atlantique avec ce synthé onduleux, ces percus-bongo et cette complainte de guitare lascive.
Avec ce deuxième EP, cette deuxième Tape, Her nous confirme quelque chose que l'on savait déjà, depuis ce midi fortuit où on les a découverts en live : Her est fort, très fort.
► Tape #2, sortie le 7 avril 2017 (Barclay). En concert le 11 avril à la Gaîté lyrique et le 7 juillet au Festival Beauregard.
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On y était : Her au Festival Les Aventuriers