Déjà un absent sur la photo de famille du Grand débat: 10 et non pas 11
On hésite : Un remake de dîner de cons ? Mais qui dans le rôle titre ? Et puis onze candidats et 2 journalistes, ça fait 13 à table : Mauvais présage.Ou alors les « 12 salopards », comme dans le film, où 11 condamnés sont graciés contre une mission suicide censée sauver le débarquement de 1944, donc la démocratie. Un peu simpliste, mais haletant. Alors que le grand débat, même avec Mélenchon en chauffeur de salle, c’était un peu ... chiant. Il faut dire que 3 heures 30 divisées entre 11 intervenants, il restait 15 minutes de temps de parole, tronçonnées en séquences d’1 mn 30. Pas le temps pour des débats, sauf peut-être pour des saillies, comme celle de Philippe Poutou : « Nous, quand on est convoqués, on n’a pas d’immunité ouvrière ». A part ça, les lignes vont-elles bouger ? Les électeurs cachés vont-ils faire leurs coming-out ? Les indécis se décider ? Pas sûr. Pas sûr non plus que le « grand débat » ait été un moment « historique », comme l’ont rabâché pendant plusieurs jours tous les medias. Aucune démocratie n’avait imaginé ou même osé imaginer un tel débat. Et l’on comprend pourquoi: La cacophonie n’est pas la démocratie. On veut nous faire croire que donner la parole à tout le monde, c’est la démocratie, la vraie, à l’ancienne, à la grecque, genre Ecclesiaqui se réunissait sur l’Agora. Sauf qu’on oublie de nous préciser que les débats entre citoyens dans l’Athènes antique, n’étaient réservés qu’à une élite, moins d’un dixième de la population, les femmes aux gynécées, les non grecs et les esclaves à la cave. Quant à l’absentéisme: 2000 votants sur 400 000 habitants...Le grand débat, donc, pas de gagnant, mais beaucoup de morts. Un peu comme dans la chanson et le roman Les dix petits nègres. Sauf qu’à la fin du roman, tous sont morts, le coupable s’étant suicidé. Alors que là, le 7 mai, il en restera un :Un petit nègre se retrouva tout esseuléSe pendre il s'en est alléN'en resta plus... du tout . La corde pour nous pendre en l’occurrence, ce serait, ce sera l’abstention. Nous vivons une e-poque formidable.