L'histoire nous offre souvent des pages d'ironie et j'en veux pour exemple la ville de Sable, fief de Fillon. Aujourd'hui un fief de droite alors que le 19 mai 1929 la ville tombait dans l'escarcelle socialiste et qui plus est - et c'est là que réside cette ironie - grâce à l'action militante d'un jeune Martiniquais de 38 ans, arrière-petit-fils d'esclave: Raphaël Elizé. Premier maire de couleur d'une ville de métropole. Un symbole! Ce Maire exemplaire fut destitué par l'occupant en 1940: "Ainsi qu'il a été signalé, [le] maire de Sablé est un officier français et mulâtre. [...] Il est incompréhensible pour le ressentiment allemand et pour le sens du droit allemand qu'un homme de couleur puisse revêtir la charge de maire. [...] Il est insupportable [pour] l'armée allemande de reconnaître comme maire en territoire occupé un homme de couleur, ni de discuter avec lui." Extrait de la lettre de destitution de la Feldkommandantur, le 9 août 1940.
Il s'engage dans la Résistance. Il est pris et torturé par la Gestapo, puis déporté à Buchenwald en 1943. C'est dans ce camp de concentration qu'il pérît le 9 février 1945 dans le bombardement du camp.
En cette période électorale où les valeurs sont bousculées, où un candidat à la Présidence de la République est mis en examen - candidat qui bien longtemps après a succédé à Sablé au maire exemplaire qu'était Raphaël Elizé il est important de souligner aujourd'hui le parcours exemplaire de dignité de cet homme. Sablé ville exemplaire dans les années 30 s'est abandonnée aujourd´hui à la facilité de l'exclusion pour en finir par se donner l'image d'une ville complaisante avec la moralité publique en s'établissant comme le fief d'une droite réactionnaire.