Anna McPartlin : Mon midi, mon minuit

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Mon midi, mon minuit d’Anna McPartlin   3,5/5 (26-03-2017)

Mon midi, mon minuit (400 pages) sort le 6 avril 2017 aux Editions Le Cherche Midi (traduction : Valérie Le Plouhinec).

 

L’histoire (éditeur) :

Si vous vous reconnaissez dans l’une des 5 situations suivantes, ce roman est pour vous !
1. Il vous est déjà arrivé de danser dans des toilettes publiques, un test de grossesse négatif à la main.
2. Vous vous êtes déjà mise à pleurer après une aventure d’un soir.
3. Vous êtes déjà tombée amoureuse malgré vous.
4. Vous avez déjà eu l’impression d’être follement vivante, vous vous êtes aussi déjà sentie complètement idiote.
5. Vous n’avez encore jamais lu de livre capable de vous faire rire, pleurer et appeler votre meilleur(e) ami(e).
À la suite d’un drame, le monde d’Emma, jusqu’alors rempli de promesses, s’effondre. La jeune femme plonge dans le désespoir. Ses amis font alors bloc autour d’elle pour tenter de lui redonner le goût de vivre…
Comment survivre à la perte et au chagrin ? Quel courage l’existence peut-elle parfois exiger de nous ? Après Les Derniers Jours de Rabbit Hayes, Anna McPartlin nous offre de nouveau un roman à la fois caustique et profondément émouvant. Servi par un style plein d’esprit et un humour irrévérencieux, Mon midi, mon minuit est une ode à la vie.

Mon avis :

Mon midi mon minuit, nouveau titre publié en France d’Anna Mc Partlin (qui est en vérité, son tout premier roman) est un très joli titre sur l’amitié, le deuil, la reconstruction et la famille.

« C’était au début du mois de mars, un jour de pluie ? Les nages ses soulageaient avec la férocité d’un ivrogne vidant sa vessie après sa quatorzième pinte. »  Page 11

Et voilà, j’ai envie de dire que cette première phrase donne le ton. Entre grisaille, poésie et humour, Mon midi mon minuit vous embarque plus dans l’histoire d’un groupe d’amis que véritablement dans celle d’Emma, personnage principal autour duquel gravite tout un petit monde qui va devoir faire face à un drame.

Et oui, parce qu’après ces petite minutes-pépites de drôlerie pendant lesquelles Em’ va attendre de savoir si elle enceinte (« J’ai joué distraitement avec le bâtonnet que je tenais à la main, avant de me rappeler que je venais de faire pipi dessus. ») et nous présenter sa petite vie de femme comblée entre son métier de prof (pas spécialement passionnant, mais finalement assez pratique en terme d’horaires et de vacances), John, son homme qu’elle aime depuis toujours (oui, parce quand on a 26 ans et qu’on est installé depuis 6 ans avec celui qu’on ne quitte plus depuis ses 12 ans, on peut considérer que c’est depuis toujours !) et sa bande de copains, les choses se compliquent un peu…

Tiens justement, ce soir l’un d’entre eux, Richard, organise une petite fête d’héritage (son grand père de 91 ans vient de mourir en lui laissant une bonne partie de son patrimoine et une fortune considérable, de quoi organiser une sympathique petite soirée pour fêter dignement la vie de son aïeul). Tous se réunissent et festoient joyeusement jusqu’à ce que pif-paf-pouf John soit renversé par une auto, meurt et laisse Emma seule avec sa culpabilité et ses souvenirs.

« La lumière est éteinte, l’étincelle était partie, et tout ce que nous étions et avions et tout ce qu’il était et serait jamais s’est envolé. Mon garçon, mon homme, mon ami, mon défi, mon amant, mon identité gisait et devenait froid comme la pierre. » Page 37

« Notre chez-nous était devenu un musée et mon présent était désormais le passé. Assise dans la cuisine, j‘ai contemplé son mug personnalisé, le Post’it qu’il avait laissé sur le frigo pour me rappeler de faire réparer le feu arrière de la voiture, la feuille de papier qu’il avait rapportée de la fac avec son test idiot sur les ballons sauteurs. J’ai contemplé tout ce qui avait été lui et j’ai pleuré pendant des heures, parce qu’il n’était plus là et que c’était ma faute. » page 44

C’est donc parti pour 350 pages de reconstruction, mais aussi de construction car Emma, son frère Nigel et leurs amis vont devoir sortir la tête de l’eau, surmonter l’épreuve et l’absence et surtout devoir continuer à faire leur bonhomme de chemin et prendre des décisions pour enfin avancer.

Ce qu’il y a de bien dans ce roman, c’est la multitude de personnages qui partent tous dans des directions différentes mais qui restent quoi qu’il arrive très soudés, chacun étant la béquille d’un autre, toujours prêt à l’épauler et à l’aider à se relever. Même si ce que vivaient John et Emma était très fort, elle n’est pas la seule victime de cette tragédie et Anne Mc Partlin évoque ainsi très bien la perte, et les différents types de douleurs, en ne centrant pas l’histoire sur Em’.  Et ainsi, elle disperse les différentes étapes du deuil sur chacun de ses protagonistes, comme si chacun devait à sa manière affronter une étape, pour qu’ensembles ils puissent se relever.

Et puis, au-delà des histoires personnelles et de l’intrigue de groupe il y a le contexte qui enrichie bien le récit, notamment grâce à Nigel, le grand frère qui a fait le choix très jeune de devenir prête et qui aujourd’hui (nous sommes dans les années 90) dans un Dublin très influencé par la religion catholique, remet en cause son attachement…

Mon midi minuit, est donc un livre plein de légèreté qui confronte le lecteur à de nombreux éléments délicats et sombres, un livre positif, un hymne à l’amitié et la famille qui malgré les douleurs reste assurément optimiste et plein d’espoir.

Toutefois, malgré toutes ces qualités qu’il est impossible de ne pas évoquer, je ne suis pas totalement rentrée dedans. Je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages ni à me passionner réellement pour leur histoire. En retrait et trop détachée, je n’ai donc pas pu apprécier à sa juste valeur ce roman optimiste qui parle fidèlement de la vie, mais j’ai quand même beaucoup souri car l’écriture d’Anna McPartlin en dent de scie sait avec une incroyable facilité vous faire passer du rire aux larmes d’une page à l’autre. Et même si je n’ai pas fait partie de ce public qui est passé du cœur serré aux éclats de rire, j’ai tout de même apprécié cette succession de passages touchants et d’humour qu’elle distille avec efficacité pour retourner constamment le sentiment du lecteur.

Le problème ici, je crois, c’est que tout est finalement assez convenu et pas assez creusé, comme si l’auteure allait parfois trop vite et restait en surface…

Oh mais pour tout vous dire, j’aime l’auteure et je ne peux me résoudre à dire du mal de son travail. Anne Mc Partlin est une personne formidable, bavarde comme j’aime, d’une bonne humeur communicative et drôlement touchante, alors je préfère vous préciser que mon avis est purement subjectif et surtout bien entretenu par mon caractère du moment d’ours mal léché !

Alors, même si je suis ressortie mitigée, je vous recommande tout de même fortement ce livre.

Si vous voulez passer un bon moment livresque (dans le genre de Quatre mariage et un enterrement), n’hésitez pas un instant, vous allez vous régaler !

 

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