Gaëlle Josse : Un été à quatre mains

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Un été à quatre mains de  Gaëlle Josse   4/5 (15-03-2017)

Un été à quatre mains (87 pages) est sorti le 23 mars 2017 aux Ateliers Henry Dougier.

L’histoire (éditeur) :

Franz Schubert, compositeur déjà reconnu mais désargenté, a été invité comme maître de musique de deux jeunes filles de la haute aristocratie viennoise, dans leur somptueuse résidence d'été en Hongrie. 
Franz reconnaît bientôt en l'une des deux comtesses, Caroline, la plus jeune et la plus talentueuse, son âme sœur. Cet amour, cependant, va se briser sur les conventions et les interdits de caste. 
Cette passion fut-elle partagée ? Certains gestes, même les plus ténus, ne sont-ils pas, parfois, des aveux ? 
Un été à quatre mains explore les invisibles mouvements du cœur, et le mystère d'une histoire entre deux êtres qui rêvent d'un monde où ils trouveraient enfin leur place.

Mon avis :

Été 1824, Franz Schubert est invité en Hongrie, au château de Zseliz, par la famille du comte Esterhazy afin d'enseigner la musique aux deux jeunes filles du couple (soucieux d'inculquer à leur progéniture le bon goût de la musique et sa culture) : Caroline âgée de 19 ans et Marie, 21 ans.  
A 27 ans, il a bien besoin de cette rémunération afin d'endiguer ses difficultés financières, et compte aussi profiter du calme de cet environnement pour composer ce qu'il a en tête et dans le cœur, après ses échecs successifs et cette terrible année 1823 marquée par la maladie. 
Franz connaît déjà bien les lieux pour y avoir vécu il y a 6 ans lorsque sa mère y était domestique (cuisinière).  Mais aujourd'hui c'est en tant qu'on hôte qu'il est reçu et à bien du mal à trouver sa place.

Lui qui a eu tant d'hésitation à entreprendre ce voyage, il y voit désormais une chance de renouer avec l'inspiration et peut-être connaître la gloire... Mais c'est un homme timide, marqué par la pauvreté, effacé et peu sûr de lui, n’ayant pas grand-chose à offrir, inexpérimenté et gauche avec les femmes (alors qu'il sent un vrai lien se tisser avec la douce Caroline).  Et pourtant, c’est au fond un homme submergé par la musique, qui compose avec une incroyable maturité, qui sait répartir les rôles instrumentaux, sans même une hésitation ou rature. 

Gaëlle Josse compose avec une écriture délicate un récit très mélancolique, à l'image de l'homme.  Elle nous plonge dans une partie de la vie du compositeur, un moment riche de Franz durant lequel il frôla l'amour. 
C'est avec un grand intérêt que l'on découvre un homme qui avait tant à partager et qui malheureusement n'a pas su trouver sa place dans la société et affirmer à sa juste valeur son talent. 
J'ai été particulièrement touchée par l'homme dont l'auteure a su capter l'extrême timidité, le mal être et l'accablement. 

Un été à quatre mains est un très court texte hyper mélancolique, un ravissement en terme de forme et une vraie découverte de Franz Schubert.


Je vous conseille chaudement si vous aimez ce genre de lectures délicates !