Italissimo est le titre d’un Festival de littérature et culture italiennes organisé par la Maison de la Poésie et l’institut culturel italien à Paris. Erri de Luca en était l’invité le 1er avril.
Son propos commence avec un chantier en Tanzanie. Il y découvre une Bible, en hébreu et se met à apprendre cette langue pour traduire le livre. À plusieurs reprises, il reviendra, au cours de cette soirée, sur cette traduction.
D’abord, il est étonné de lire « il dit » au début de toutes choses. La création, selon l’écriture qu’il découvre ainsi, n’est pas un effet de la parole mais lui est simultanée : dire et faire, c’est la même chose. Plus tard, cela changera, dire et faire vont être dissociés.
Sa traduction de la traversée du désert par les Hébreux, durant l’Exode, l’encourage à poursuivre cette approche au plus près des mots : le texte qui évoque les nuages emploie un mot qui en fait un tapis plutôt qu’une couverture. Les Hébreux ne se protégeaient donc pas du soleil sous les nuages mais suivaient le chemin que ceux-ci dessinaient sur le sol. Cette traduction permet de comprendre les mots utilisés pour signifier l’écart hors du chemin ou le retour dans celui-ci.
Mais c’est à propos de la première femme, Ève, que son approche lui fait comprendre les déviations de sens que les religions issues de la Bible ont pratiquées. Celles-ci prétendent que la Bible condamne la femme à accoucher dans la douleur ; or, le mot utilisé n’est pas « douleur » mais « effort », « travail », ce qui n’est pas une condamnation mais une prise de conscience. C’est le fait de goûter au fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal qui fait advenir l’humanité, qui sépare l’humanité des autres animaux. Devenir humain, c’est alors prendre conscience de sa nudité (« ils virent qu’ils étaient nus »), c’est aussi, avec le savoir, comprendre qu’on peut travailler la terre et pas seulement jouir de ce qu’elle donne spontanément.
(à suivre demain)