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Discours de François Fillon le 30 mars 2017 à Quimper
Mes amis,
Merci, merci d'être là, merci d'être courageux, merci d'être fidèle à votre passion de la France.
Merci à tous nos élus. Il y en a parmi eux que je connais depuis tant d'années.
En vous voyant ici, à Quimper, si nombreux, je repense à ces mots de Michelet : " Le génie de la Bretagne, c'est un génie d'indomptable résistance et d'opposition intrépide... "
Mes amis, je résiste !
Je résiste et je m'oppose à ce pouvoir socialiste qui a tellement échoué, qui a perdu toutes ses batailles, mais qui a décidé par tous les moyens d'organiser sa succession et d'empêcher l'alternance, cette alternance à laquelle aspire toute une France silencieuse et qui n'en peut plus.
Qui n'en peut plus du chômage, de la paralysie économique, de la repentance, de l'insécurité, de la perte d'autorité dans tous les domaines.
Je suis venu vous parler du sens que je donne à ma candidature. Cette candidature que je prépare depuis longtemps. En allant à la rencontre des Français. En écoutant. En tirant les leçons de mon expérience.
Je n'ai pas passé ma vie à rêver d'être président de la République comme d'autres s'y voient depuis la maternelle, mais j'ai passé toute ma vie d'homme au service de la France, à tous les niveaux de responsabilité.
J'ai développé les équipements de ma commune, j'ai soutenu les agriculteurs de mon département, j'ai accompagné nos forces armées au Tchad et au Liban quand j'étais jeune député, j'ai été ministre de la Recherche quand Internet est apparu en France, j'ai réformé France Télécom, j'ai réformé nos retraites sous la présidence de Jacques Chirac, j'ai lutté contre la grande crise mondiale de 2008 aux côtés du président Sarkozy, avec des résultats dont nous n'avons pas eu à rougir en comparaison de tous les pays qui ont été touchés.
Tout cela je l'ai fait avec l'ambition de donner une vie meilleure à mes administrés et de maintenir la France au rang qui doit être le sien, dans le peloton de tête des grandes nations.
C'est avec cette ambition que je me suis présenté à la présidence de la République en élaborant un projet précis, sans ambiguïté, sans démagogie, fondé sur un diagnostic rigoureux des forces et des faiblesses de notre pays.
Je me souviens de la France quand j'avais vingt ans.
Trouver du travail n'était pas une angoisse. Le terrorisme islamiste n'avait pas encore semé la mort dans les rues du monde libre. Nous avions le sentiment d'être dans un pays qui comptait. Nous avions de la croissance et notre budget ne partait pas à vau l'eau.
Le monde était différent, et pourtant il n'était pas plus facile. Mais la France était plus forte et plus respectée.
Que s'est-il passé pour que nous nous retrouvions dans cette situation déprimante, dans ce marasme qui a favorisé la montée des extrêmes à des niveaux jamais vus ?
Pourquoi la France va-t-elle si mal et que devons-nous faire pour lui redonner confiance en elle-même ?
Voilà les questions fondamentales que nous devrions tous nous poser dans cette élection décisive.
J'ai mes réponses.
Depuis 1981 nous avons laissé notre endettement croître dans des proportions irresponsables au lieu de réformer notre Etat.
Nous avons rigidifié notre marché du travail au lieu de lui insuffler la liberté nécessaire à une société de plein-emploi.
Nous avons négocié à mots couverts notre modèle Républicain au lieu de défendre ses valeurs qui sont au cœur de l'identité française.
Nous avons laissé l'Europe se transformer en technocratie au lieu d'en faire un instrument de progrès et de développement au service des nations qui la composent.
Et depuis 1981 la gauche a verrouillé la pensée au point de rendre le débat impossible sur tous ces problèmes qui sont pourtant essentiels. Et cette situation atteint aujourd'hui son paroxysme, dans cette élection où aucun débat de fond n'a lieu, où tout est fait pour imposer la reconduction de l'équipe sortante, au prix d'attaques personnelles dont la mise en scène est sans équivalent dans notre histoire récente.
Vous êtes courageux d'être là, mes amis, alors que tout le monde vous explique que l'élection est déjà faite !
Ils voudraient sans doute que j'éteigne la lumière de cette salle et que je vous invite à rentrer chez vous.
Et puis à quoi bon organiser une élection ? A quoi bon demander son avis au peuple ? Le plébiscite médiatique n'est-il pas évident ?
Ils ont choisi pour vous : ce sera la même politique, ce seront les mêmes visages, agrémentés de quelques ralliements hétéroclites.
Et ce sera le même gâchis, le même attentisme.
Alors que nous avons tellement de grandes choses à faire pour étonner le monde.
La France se désespère parce qu'elle tourne en sous-régime.
Nous avons tellement de talents entre nos mains. Tellement d'atouts. Tellement de richesses culturelles, tellement de savoir-faire technologiques.
Notre pays a toujours fait la course en tête en brandissant le flambeau de la liberté, de l'innovation, de la création, de la justice, en un mot du progrès.
Nous ne devrions pas avoir peur de l'avenir.
Nous devrions tracer nos perspectives avec confiance.
Nous devrions regarder l'horizon en levant les yeux.
Nous devrions avoir envie de montrer la voie.
Le monde numérique est un monde de technologie et de culture : la France devrait s'emparer de cette révolution avec confiance parce qu'elle a toujours rayonné dans ces domaines.
Le monde est menacé dans sa liberté par le totalitarisme islamique : la France devrait être au premier rang sur la scène internationale pour défendre la liberté qui est son étendard.
Pourquoi sommes-nous en retrait ? Pourquoi sommes-nous à l'écart ?
Parce la fierté française s'est perdue dans les marais du relativisme.
Parce que notre économie est faible et qu'un pays économiquement faible ne peut pas être aujourd'hui un pays politiquement fort.
Je ne suis pas devenu subitement " ultralibéral ", comme je l'ai entendu. Je ne suis pas socialiste, c'est un fait ! Gaulliste je suis, gaulliste je reste.
Je veux que le dynamisme de notre économie soit au service de notre souveraineté et de notre cohésion sociale minée par le chômage depuis tant d'années.
Je suis en colère quand je vois que tous les grands pays qui nous sont comparables se portent mieux que nous du point de vue de l'économie et de l'emploi.
Je me souviens de cette vieille formule qu'on nous apprenait autrefois, non sans fierté : " impossible n'est pas français ".
Aujourd'hui il semble que ce soit l'inverse.
En vertu d'on ne sait quelle malédiction, tout ce qui est possible aux autres nations est décrété impossible aux seuls Français, par nos dirigeants socialistes et par les extrêmes.
Diminuer la dette de l'Etat ?
Impossible.
Ramener les effectifs de la fonction publique dans des proportions raisonnables, qui sont celles de nos voisins mais qui sont aussi, tout simplement, celles qui étaient les nôtres au début des années 2000 ?
Impossible.
Travailler jusqu'à 65 ans, ce qui est l'âge moyen du départ à la retraite en Europe ?
Impossible.
Etablir des quotas pour l'immigration, comme le fait par exemple une grande démocratie telle que le Canada ?
Impossible.
Supprimer les 35 heures qu'aucun autre pays au monde n'a jamais instaurées ?
Impossible.
Aller vers le plein emploi, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l'Allemagne ?
Impossible.
Impossible, car M. Mitterrand l'avait dit : contre le chômage, on a tout essayé. Et M. Hollande, quant à lui, vous vous en souvenez, a dit plus récemment : on n'a pas eu de bol.
Les autres pays ont eu du bol, mais pas nous.
Bref, nous sommes les seuls pour qui tout est impossible !
Impossible est devenu français, désespérément français.
Et je pourrais continuer longtemps.
Faire exécuter les peines de prison qui sont prononcées ?
Impossible.
Notre école dégringole dans tous les classements internationaux. En sciences, nous étions en tête il y a vingt ans, maintenant nous sommes très loin derrière, et ce sont les pays asiatiques qui font la course en tête. D'année en année nous avons allégé les programmes et renoncé à toutes les exigences. Bientôt nous enseignerons au bac ce que l'on apprenait autrefois au collège. Pourquoi ? Mais parce que vous vous rendez compte, apprendre, c'est peut-être possible pour les Coréens, mais pour les Français, c'est impossible, c'est trop difficile...
Je suis le seul candidat à ne pas considérer que la France est une île, une île coupée du monde, où l'on peut faire tout ce qu'on veut, où l'on peut s'endetter tant et plus, travailler toujours moins, abaisser le niveau de notre école, et tout cela sans jamais en subir la moindre conséquence, tout cela en s'auto-congratulant sur nos services publics que l'on ne compare jamais aux autres, et en déplorant la fatalité du " pas de bol " pour expliquer au peuple pourquoi on coule au lieu de décoller.
Mon objectif, ce n'est pas de faire de la France le premier pays au monde à passer aux 32h, ce n'est pas de nous faire descendre directement en deuxième division en fermant les frontières et en revenant au franc, et ce n'est pas de continuer la politique hollandaise du " pas de bol " et du " pas de vague " comme le fera M. Macron qui en a été l'inspirateur.
Mon objectif c'est de faire de la France la première puissance européenne en dix ans.
C'est-à-dire un pays qui donne du travail à tous ses citoyens. C'est-à-dire un pays qui puisse orienter l'Europe au lieu de la subir.
Pour cela nous devons transformer notre système en profondeur.
Pour cela il faut libérer notre Etat de sa dette publique et il faut libérer notre économie de ses charges et de ses normes.
Et il faut le faire tout de suite pour rattraper le temps perdu.
Si je suis élu, je donnerai dès les premiers jours une impulsion décisive.
Je m'attaquerai à tout ce qui freine l'embauche, le développement des entreprises, l'investissement des capitaux français.
J'allègerai les charges sociales pour tous les salariés et je les exonérerai pour l'embauche d'un jeune en alternance.
J'en finirai avec les 35 heures, en donnant aux salariés et aux entrepreneurs la liberté de négocier ce qui est bon pour eux.
Je simplifierai notre code du travail qui fait 3400 pages et qui paralyse notre marché de l'emploi.
Je relèverai les seuils sociaux pour aider les petites entreprises à grandir, alors qu'aujourd'hui elles préfèrent ne pas se développer pour s'épargner des démarches fastidieuses !
Je refonderai la fiscalité du capital pour que les capitaux français cessent de fuir à l'étranger, et soient au contraire investis ici, en France, dans l'économie française, dans les entreprises françaises !
Il y a dix ans, je parlais de l'Etat en faillite.
Rien n'a changé.
Chaque année nous empruntons sur les marchés financiers des sommes colossales pour payer les salaires de nos fonctionnaires, pour financer notre protection sociale et ce qui est plus absurde encore pour rembourser nos dettes antérieures !
Mes adversaires font semblant de l'ignorer ou considèrent étrangement que ce n'est pas grave.
Je suis le seul dans cette campagne à vouloir rompre résolument le cercle vicieux de la dette publique.
Et pourtant c'est l'un des plus grands défis que la France ait à relever pour renouer avec la confiance.
Le désendettement est la condition d'un Etat fort, respecté, maître de son destin.
C'est une exigence politique, parce qu'à travers la dette c'est la souveraineté de la nation qui est en cause.
C'est une exigence morale, parce qu'il n'est pas admissible de faire peser ce fardeau sur les générations futures.
C'est une exigence sociale, parce que c'est tout notre modèle français de solidarité qui risque d'être un jour ruiné par notre incapacité financière.
Notre sphère publique sera réformée en profondeur.
Sur l'ensemble du quinquennat je propose de réduire les effectifs de la fonction publique de 8%.
C'est une nécessité. C'est un objectif raisonnable.
Cela nous replacera dans la moyenne des grands pays qui nous entourent et qui ne sont pas moins bien administrés que nous.
Je ne demande pas aux Français de se serrer la ceinture. Je dis simplement qu'en se retroussant les manches on peut réussir, on peut donner du travail à tout le monde, on peut créer de la richesse et redonner du pouvoir d'achat.
Mon projet n'a rien à voir avec je ne sais quelle austérité.
L'austérité elle viendra le jour où après quelques années de revenu universel et de 32h, nous connaîtrons le destin malheureux de la Grèce. Le jour où nous pourrons plus payer nos fonctionnaires. Le jour où nous ne pourrons plus financer notre protection sociale. Le jour où les conseillers du FMI débarqueront dans nos ministères, prendront les manettes et nous diront froidement quoi faire pour amadouer nos créanciers.
Mon projet je l'ai construit en pensant à tous les Français.
Je l'ai construit en pensant à ceux qui sont au chômage parce que les entreprises ont peur d'embaucher.
Je l'ai construit en pensant aux travailleurs dont les salaires sont écrasés par les charges.
Dès le 1er juillet 2017 je diminuerai les cotisations salariales, pour donner un gain de 700 euros par an à un couple qui travaille.
Je l'ai construit en pensant à ces ouvriers qui préfèrent travailler un peu plus que de ne plus travailler du tout.
Je l'ai construit en pensant aux retraités dont les pensions sont si faibles alors qu'ils ont travaillé toute leur vie.
Je l'ai construit en pensant aux artisans qui n'en peuvent plus du RSI. Je le réformerai en profondeur en créant une vraie caisse de protection des artisans.
Je l'ai construit en pensant aux professeurs qui n'arrivent plus à faire cours et qui se sentent abandonnés par une hiérarchie timorée, imbue de théories pédagogiques fumeuses et inefficaces.
Je l'ai construit en pensant aux agents de nos fonctions publiques dans leur ensemble.
Je les respecte. Leurs missions sont parmi les plus nobles.
Je les respecte beaucoup plus que les illusionnistes qui proposent des créer des dizaines de milliers de postes de fonctionnaires d'un coup de baguette magique, mais qui en contrepartie gèlent leurs salaires, fractionnent leurs responsabilités et sont incapables de leur offrir de vraies perspectives de carrière.
Je veux qu'ils soient les agents d'un Etat modernisé, plus efficace, d'un Etat qui soit plus à l'écoute et moins suspicieux à l'égard des citoyens qu'il a à servir, à protéger, à encourager.
Je l'ai construit en pensant à la jeunesse.
Je veux dire à ceux qui ont vingt ans que je me bats pour eux et que j'ai besoin d'eux.
Je me bats pour vous parce que je ne veux pas que vous commenciez votre vie dans un pays à la traîne.
J'ai besoin de vous parce que vous avez l'élan, parce que vous êtes l'avenir, parce que vous êtes le changement en acte.
Et je crois aussi que vous avez besoin de nous, de notre expérience, de ce que nous avons à vous transmettre.
Ce pays qui est le nôtre, nous le transformerons ensemble. En partageant ce qu'il y a d'irremplaçable en chaque génération.
A vingt ans si l'on me demandait ce que je voulais faire, je répondais souvent : guide de haute montagne. Je grimpais les sommets des Pyrénées, je prenais parfois des risques que je n'aurais jamais dû prendre.
Quand j'avais vingt-six ans l'homme politique pour qui je travaillais est mort sous mes yeux. J'ai repris le flambeau. Je me suis présenté à ma première élection, une élection cantonale. Au petit matin, je prenais ma voiture, je partais coller mes affiches et sonner aux portes des maisons.
Je n'ai pas oublié ces moments où à vingt ans on s'interroge, où devant l'immensité de la vie on se sent à la fois conquérant et inquiet.
Je n'ai pas fait de grande école, je n'avais pas de voie toute tracée, j'avais tout à inventer, tout à conquérir.
Je pense à vous qui entrez dans un monde où les parcours seront variés, seront innovants, seront créatifs, dans un monde où l'on passera de moins en moins sa vie dans de grandes structures bureaucratiques, hiérarchisées.
L'avenir du travail c'est la liberté, c'est l'indépendance. C'est pour chacun la maîtrise de son destin, l'invention des formes de sa vie.
Je veux une France qui soit à l'avant-garde de ce nouveau monde.
Je veux une France qui soit en pointe dans le défi écologique, en utilisant toutes les ressources de la technologie, du traitement des données pour optimiser la consommation d'énergie, pour optimiser les transports.
De nouvelles révolutions sont en train d'apparaître dans notre horizon immédiat. La voiture électrique, les véhicules automatisés, la ville intelligente... Saisissons-nous de ces progrès, soyons aux avant-postes. Ayons l'ambition d'être les premiers !
Pour vous qui avez vingt ans, je veux reconstruire une France qui soit une terre de création, une terre d'innovation.
Une France qui encourage, qui donne de l'élan et des forces à ceux qui ont toute la vie devant eux.
Nous ne relèverons pas les défis de l'avenir en nous agrippant au statu quo. Nous ne serons pas au rendez-vous du progrès avec nos vieux blocages.
Tout à l'heure j'ai rencontré des agriculteurs.
Permettez-moi, ici d'avoir une pensée pour Xavier Beulin, dont le décès brutal, le mois dernier, fut un coup rude pour tous ceux qui connaissaient cet homme de cœur, ce syndicaliste qui défendait notre agriculture et la terre de France.
J'ai construit mon projet en pensant à nos agriculteurs.
Je les côtoie depuis toujours.
J'ai passé mon enfance dans un village rural qui comptait 1500 habitants.
A l'école communale, beaucoup de mes camarades étaient fils d'agriculteurs.
Mon père était notaire de campagne. Il connaissait les paysans des environs. Il était le gardien d'une mémoire ancestrale, celle des droits de passage et des limites entre les terrains dont l'origine était quelquefois enfouie sous les strates des générations.
Comme élu local, j'ai soutenu les agriculteurs de ma commune, de mon canton, de mon département, dans leurs difficultés et dans leurs combats.
Leur vocation, leur perfectionnisme, leur abnégation m'ont inspiré un respect sans limites.
Les agriculteurs ne sont pas les témoins d'un passé révolu.
Le monde a changé, mais l'agriculture est toujours un secteur stratégique pour une grande nation comme la France. C'est 2 millions d'emplois directs, mais tout autour, c'est 12 millions de Français dont la vie et le travail sont liés au monde agricole. C'est un secteur qui exporte et c'est aussi, ne l'oublions jamais, la garantie de notre souveraineté alimentaire.
J'ai souvent entendu les agriculteurs me dire ce qui va mal.
L'excès de charges. L'excès de normes. L'excès de contrôles. L'instabilité réglementaire. Les conditions de concurrence qui se dégradent. Le déséquilibre dans la négociation des prix. Le manque d'appui des pouvoirs publics. La faiblesse de la France dans les enceintes européennes. La gestion des crises au coup par coup.
J'abrogerai par ordonnance toutes les normes ajoutées aux textes européens.
Pour réduire les risques auxquels ils sont exposés, je créerai un compte épargne aléas climatiques et économiques.
Je défendrai une PAC 2020 fondée sur la gestion des risques et sur le soutien à l'investissement en maintenant à l'euro près le budget actuel.
Je veux que les agriculteurs soient reconnus et traités comme des entrepreneurs à part entière. Les baisses de charges et d'impôts pour les entreprises les concerneront aussi, par conséquent.
Je veux que leur statut soit simple. Je veux les libérer de tout ce fatras de démarches et de contraintes qui les empêche de se développer et qui leur donne le sentiment d'être traités avec suspicion, alors même qu'ils ont du mal à boucler leurs fins de mois.
Je veux que l'agriculture soit un secteur d'innovation, de recherche, de progrès. C'est une des clefs pour surmonter bien des difficultés, pour les ancrer dans notre avenir, pour dissiper les inquiétudes qui assombrissent leur horizon.
Je pense à nos agriculteurs parce qu'ils sont un symbole de cette France qui s'est construite au long des siècles et qui s'interroge sur son avenir.
Parce qu'ils sont un de ces atouts de notre pays qui en a tellement mais qui n'arrive plus à les développer.
Il ne faut jamais oublier le but ultime des réformes que l'on propose : une France plus forte, un avenir meilleur, une société réconciliée.
Liberté, égalité, fraternité.
Notre devise est l'une des plus belles choses que la France ait données au monde.
Mais ce n'est pas un slogan. C'est une philosophie. C'est quelque chose qui appelle la réflexion, pour que ces idéaux ne soient pas vidés de leur sens, pour qu'ils se retrouvent dans la réalité qui est celle de la France d'aujourd'hui.
Les Français qui m'ont dit : arrêtez de nous étouffer sous les taxes, sous les réglementations tatillonnes, ont le sentiment que la liberté qui est pourtant le premier terme de la devise française a été oubliée de leurs dirigeants depuis des années.
C'est le désir de liberté qui a fait tomber la Bastille, c'est la liberté prônée par les philosophes des Lumières qui a fait rayonner la France au sein du monde.
Mais nous l'avons mise sous le boisseau, nous avons laissé croître un Etat surendetté, une société suradministrée, par peur de l'avenir, par peur du changement, par incapacité à hisser les voiles pour saisir les vents favorables.
Je veux rétablir l'équilibre entre la liberté et l'égalité.
Je ne crois pas à l'égalité au cordeau, à l'égalité qui bride les initiatives, qui empêche les énergies de se déployer, qui décourage la prise de responsabilité, qui enferme chacun dans la même moyenne, loin de ses aspirations, loin de ses rêves.
Je crois à l'égalité active, à l'égalité dynamique, à cette égalité qui dit à chacun : quelles que soient vos origines, quel que soit le lieu d'où vous venez, vous pourrez aller aussi loin que vous le souhaitez, rien n'arrêtera votre courage, vous serez les acteurs de votre vie, les maîtres de votre destinée.
Je crois à cette égalité qui accorde autant d'estime au travail manuel qu'au travail intellectuel, autant d'estime à l'artisan épris de perfection qu'au professeur dévoué à la science, autant d'estime à l'entrepreneur qui invente son activité à partir de rien qu'au fonctionnaire animé au plus profond de sa conscience par le sens de l'Etat et de l'intérêt général.
Je crois à cette égalité qui honore tous les métiers, cette égalité de tous les hommes et de toutes les femmes qui grandissent la France en accomplissant ce qui leur tient à cœur.
Je crois à cette égalité qui bouscule les vieilles hiérarchies, les complexes qui n'ont plus lieu d'être.
Je crois à cette égalité qui est l'esprit du monde nouveau, et notamment de cette société du numérique qui offrira de plus en plus de souplesse et d'inventivité aux parcours individuels.
Et puis il y a la fraternité.
La fraternité, c'est ce qui caractérise une société soudée, une société unie dans le respect de ses différences, dans le respect de son infinie variété, unie à travers sa géographie, sa langue, son histoire et son drapeau.
La fraternité, c'est ce qui nous rassemble en nous faisant ressentir notre appartenance à une même nation, dans les moments où elle réalise quelque chose de grand comme dans les moments où elle est menacée.
La fraternité, c'est aussi ce système de solidarité, sociale, médicale, territoriale, dont la France a raison d'être fier et qui doit être préservé, qui doit être préservé en retrouvant, par la croissance, les moyens de le financer d'une manière souveraine.
La fraternité, ce n'est pas le chômage pour tous financé par toujours plus de dette !
Nous ne devons pas abandonner notre modèle, nous devons le transformer pour que les générations futures ne soient pas submergées par nos dettes.
Nous devons le transformer pour qu'il ne soit pas le substitut des emplois que nous n'arrivons pas à créer, mais pour qu'il soit le complément efficace d'une société de liberté, de confiance et de plein-emploi.
Nous devons le transformer pour faire face aux défis d'aujourd'hui : le très grand âge, la dépendance, qui touche de plus en plus de familles, la grande pauvreté, mais aussi l'aménagement de notre territoire, frappé au cœur par de nouvelles inégalités, en particulier dans l'accès aux nouvelles technologies de l'information qui sont désormais vitales pour toute activité.
Oui, mes amis, dans la vision que je vous présente, tout se tient et tout fait écho à cette aspiration fondamentale à la liberté, à l'égalité, à la fraternité.
Et pour consolider ces grands principes, nous avons besoin de trois valeurs qui nous font aujourd'hui cruellement défaut.
Je veux parler de l'autorité, de la transmission, de la souveraineté.
Il n'y a pas de liberté, pas d'égalité, pas de fraternité dans une société où l'Etat renonce à exercer l'autorité qui lui revient et laisse des gangs, des groupuscules imposer leurs lois qui ne sont pas celles de la République.
Des années de déconstruction idéologique initiée par la gauche ont abouti à ce résultat terrifiant : l'Etat a cessé de croire en sa légitimité, il a peur de son ombre, il tremble à l'idée de faire régner quelque ordre que ce soit.
Lorsqu'un territoire de la République, à Notre-Dame des Landes, est occupé depuis des années par des hors la loi en dépit des décisions de justice, des élections démocratiques et même du résultat d'un référendum, c'est l'autorité de l'Etat qui est bafouée.
Lorsqu'en Guyane, des individus cagoulés prétendent suppléer à l'Etat défaillant pour assurer la sécurité des citoyens, c'est la République qui est défiée.
Lorsque les professeurs ont peur devant leurs élèves, les forces de l'ordre devant les délinquants, la vie en commun devient impossible.
Lorsque la laïcité recule au nom des prétendus " accommodements raisonnables ", lorsque l'égalité hommes-femmes est remise en question dans certains quartiers, lorsque l'antisémitisme progresse, la liberté, l'égalité et la fraternité ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes.
Il faut remettre au centre de la République les institutions qui sont les piliers de l'autorité : l'école, la justice, les forces de sécurité, et dans la sphère privée, la famille.
La transmission découle de l'autorité.
Car pour la recevoir, il faut que les élèves, les enfants, les citoyens se mettent en situation de recueillir ce qui leur est transmis.
Mais encore faut-il que, au début de la chaîne, on veuille transmettre un enseignement. Comment transmettre, à l'école quand on estime que l'élève peut seul juger du bien-fondé de ce qu'on va lui transmettre ? Comment transmettre quand certains pédagogues fumeux estiment que la connaissance des savoirs fondamentaux est facultative, que l'histoire de France est aléatoire au point de devenir illisible ?
Lorsqu'une société renonce à transmettre, c'est le signe qu'elle est menacée de déclin. Un peuple coupé de ses racines ne peut qu'avoir le destin des feuilles au vent.
Qu'est-ce qu'une nation sinon, avant toute chose, cette ardente obligation de transmettre un patrimoine culturel, spirituel, historique ? Transmettre et partager, et notamment partager avec ceux des étrangers qui vivent parmi nous car celui qui est accueilli dans la maison respecte la maison.
Enfin, si l'autorité fonde la vie en commun sans laquelle il n'y a pas de nation, et si la transmission inscrit la nation dans la durée, la souveraineté la sauvegarde face aux périls.
Nul n'a le droit de décréter que poser la question de la souveraineté de notre pays ferait le jeu du nationalisme pour la simple raison que tout patriote sincère se la pose.
Défendre notre souveraineté, c'est défendre l'idée que l'indépendance du peuple français est aussi indispensable à nos concitoyens qu'elle l'est au monde. Qu'elle n'est jamais si grande, comme le disait Malraux, que lorsqu'elle est la France pour tous les hommes.
Parce qu'il existe un pacte plusieurs fois séculaire entre la France et la liberté des peuples. Loin de nous restreindre et de nous replier, la souveraineté nous enrichit et nous grandit, elle redonne à notre nation cette capacité d'initiative, en Europe et au sein du monde.
Mes amis,
C'est maintenant que tout se joue.
Cette bataille, nous pouvons la gagner et nous allons la gagner.
J'en ai mené, des combats. J'en ai gagné, des campagnes électorales.
Alors croyez-moi si je vous dis que la victoire se donne rarement à ceux qui croient avoir déjà course gagnée...
La victoire vient à ceux qui donnent tout jusqu'au dernier jour, à ceux pour qui chaque instant est une lutte.
J'ai besoin de vous. J'ai besoin de votre force, de votre courage, de votre volonté.
Ne vous laissez pas faire. Ne vous laissez pas intimider.
Tout est fait dans cette élection pour favoriser le désarroi, le renoncement.
Tout est fait pour masquer les véritables enjeux et détourner les Français de cette préoccupation qui est la plus essentielle au jour du scrutin suprême, celle du destin de leur pays.
Mes amis. Vous n'êtes pas dupes. Vous êtes révoltés par cette aberration. Vous êtes déterminés car vous êtes des militants de la France.
Alors prenez les choses en main ; bousculez les scénarios écrits par d'autre vous ; montrez-leur qui vous êtes.
Allez partout avec la France pour étendard.
Allez partout pour dire que nous avons un projet qui est le meilleur et qui est le seul en mesure de relancer notre pays.
Un projet précis et conquérant. Un projet qui est le seul à pouvoir être mis en œuvre dès maintenant par une majorité politique cohérente.
De tous les candidats je suis le seul qui ait autre chose à proposer à la France qu'un saut dans l'inconnu, un écran de fumée ou un statu quo déplorable.
Je suis le seul qui ait un cap.
Je ne suis pas un produit marketing, ma parole ne m'est pas soufflée par le microcosme. Elle me vient de tous les Français qui m'ont fait partager leurs difficultés et leurs espoirs.
Je suis porté par leur énergie, je suis porté par leur désir de liberté et de réussite.
Je veux incarner la fierté d'une nation qui ne se laissera jamais abattre.
Je m'adresse à tous les Français.
Il n'y a pas un peuple de droite contre un peuple de gauche.
Il n'y a qu'un peuple, le peuple français capable de toutes les grandeurs dès lors qu'on lui fixe des buts clairs et justes.
Je veux convaincre la jeunesse que l'audace du changement est en nous.
Je veux encourager les entrepreneurs, redonner confiance aux agriculteurs et au monde rural qui ne sont pas les derniers vestiges d'une France disparue.
Je veux entendre la voix des Outre-Mer qui réclament respect et progrès.
Je veux convaincre les ouvriers que la productivité est la clé de leurs emplois et de leur pouvoir d'achat.
Je veux réveiller la vocation des fonctionnaires, des policiers, des enseignants, des infirmières qui servent le bien public.
Je veux être aux côtés des familles qui sont le creuset de la France qui veut de l'éducation, de l'autorité, du travail pour ses enfants.
Je veux parler pour les chômeurs, les sans grade, les courageux, tous ceux pour qui le changement est une opportunité de prendre leur destin à pleines mains.
La France a plus de 1500 ans d'histoire mais la France a toujours 20 ans pour les cœurs vaillants.
Nous sommes un grand peuple. Nous réussirons, oui, ensemble nous réussirons, car rien n'arrête un pays qui se dresse pour son avenir.
Vive la République et vive la France !
François Fillon, le 30 mars 2017 à Quimper.
Source : www.fillon2017.fr