Magazine Amérique latine
L'idée de départ, c'est un peu de ma propre expérience dans le merveilleux monde des administrations universitaires. Partant de là, un souvenir du film L'auberge espagnole, de Cédric Klapisch : au début du film, Roman Duris décide de partir en Erasmus en Espagne, et là commence sa longue aventure préparatoire. On le voit courir d'un bureau à l'autre, écouter 43 versions différentes sur le même sujet, les crétines se contredisant d'un bureau à l'autre, et chacune ne sachant absolument rien renvoyant à une autre qui en sait encore moins. Bref, l'administration universitaire, donc, dans toute sa splendeur.
Je viens d'en avoir un nouvel aperçu, côté argentin cette fois-ci, mais on peut dire que c'est l'administration en général, soyons généreux.
Mais je voudrais pas précipiter les choses. D'abord cette première aventure, côté français. C'était en 97, je rentrais à la fac, j'étais perdue (comme toujours), je venais de déménager, et la fac me paraissait un énorme monstre prêt à m'engloutir. Donc je me pointe pour m'inscrire, et après plusieurs revers, me présente devant l'étudiante qui doit enregistrer mon dossier. Problème : je suis boursière. Ben oui. Donc, faut que je présente aussi l'avis d'attribution définitive de bourse. Ok. Direction le bureau des bourses. "Je viens pour obtenir l'avis etc.." Problème : je suis pas inscrite. Ben non. Pour obtenir l'avis définitif, faut être inscrite, inscription pour laquelle je dois pouvoir présenter l'avis définitif.. Vous me suivez ?
C'est un joli exemple, moi j'aime bien. Rassurez-vous, j'ai quand-même réussi à m'inscrire, même si j'en ai pas fait tout le bon usage qu'on en attendait.
Aujourd'hui, donc. C'est déjà l'épisode X de ma longue démarche pour comprendre putain comment on peut faire pour se régulariser dans ce pays à la con. Bref, j'ai tenté de m'inscrire à la fac. Après avoir erré sur le net un bon million d'années, j'ai trouvé qu'en m'inscrivant à la fac, on me donnait un visa d'étudiante d'un ou 2 ans. Logique, faut bien que j'en ai un pour pouvoir étudier tranquillement. Mais quand je me pointe la gueule enfarinée au bureau des étudiants de la fac de Catamarca, on me répond fermement qu'on peut pas accepter mon inscription si j'ai qu'un visa de touriste. Je réponds qu'il me semblait qu'on octroyait un visa d'étudiant aux gens s'inscrivant dans une fac. Que nenni me répond-on, sinon tous les trous du cul du tiers-monde s'inscriraient à la fac (je précise que l'enseignement à la fac est gratuit) juste pour pouvoir rester dans le pays. Logique aussi.
Après ça, donc, je suis blonde mais quand-même, je vais à la police des migrations pour engager une démarche de radication en Argentine, pour obtenir un visa de résidente provisoire qui me permettrait, enfin, de m'inscrire à la fac. La charmante dame, aussi brillamment crétine que cette connasse qui m'avait reçu à Boutonnet (pardon, une vieille rancœur), me répond que pour présenter un dossier de radication, il faut justifier d'un motif me poussant à vouloir rester dans le pays : études, mariage, boulot. Les deux derniers m'intéressent pas (je bosse au black, comme 43% des habitants de la Province) mais le premier si. Problème : je dois justifier de mon inscription à la fac pour présenter le dossier de radication.
J'appelle quand-même le consulat à Buenos Aires (après avoir cherché une bonne heure sur internet des infos susceptibles de me faire avancer..), qui me dit : "Aucune idée". Merci, ils sont là pour ça.
Devant l'impasse, et dans une crise de désespoir aigü, aujourd'hui j'appelle les Migraciones, à Tucumán. Ils me disent qu'une nouvelle disposition autorise les universités à accepter des étudiants avec un visa de touriste. Ben avec ça...
Prochaine étape : aller à la police des migrations pour leur demander une copie de cet arrêté, puis aller à la fac pour leur montrer la copie et les obliger à m'inscrire...
Je vous jure, ça pourrait être si simple...