Car Gardnerella vaginalis n'entraîne pas elle-même l'infection urinaire mais elle endommage les cellules présentes à la surface de la vessie et favorise la multiplication des E. coli latentes issues d'une précédente infection. La démonstration est faite ici chez des souris femelles, modèles de vessies infectées avec E. coli, atteintes une première fois d'infection urinaire puis traitées jusqu'à récupération. Un mois après l'infection, aucune E. coli n'est plus détectée dans leur urine, cependant de petits groupes d'E. coli persistent à l'état latent dans la vessie, à des niveaux indétectables dans les urines. Lorsque les chercheurs introduisent dans les vessies de souris soit Lactobacillus crispatus, une autre bactérie vaginale, ou G. vaginalis ou de l'eau salée stérile (groupe témoin), ils constatent que si les 2 types de bactéries vaginales sont éliminés de la vessie dans les 12 heures, avec G. vaginalis réapparaît E. coli dans l'urine de plus de la moitié des souris exposées. Les souris ayant reçu l'autre bactérie vaginale ou de l'eau de mer stérile sont 5 fois moins susceptibles de développer une nouvelle infection urinaire.
De la vessie aux reins : chez certaines des souris infectées par G. vaginalis, G. vaginalis " passe " de la vessie aux reins, via les voies urinaires. Un processus qui existe également chez les femmes et qui aboutit dans 1% des cas à l'infection rénale. Ici, toutes les souris présentant G. vaginalis ou E. coli dans leurs voies urinaires présentent des lésions rénales et 6% des souris porteuses des 2 bactéries dans leurs voies urinaires présentent des lésions rénales sévères, voire mortelles. En d'autres termes, la présence de G. vaginalis rend E. coli plus susceptible de provoquer une maladie rénale sévère.
Et G. vaginalis chez la femme ? Alors qu'on ne prête que peu d'attention à la présence de G. vaginalis chez les femmes atteintes d'infections urinaires, pourtant la bactérie a probablement contribué à l'infection. Il s'agit donc de poursuivre les recherches et d'informer d'ores et déjà les médecins des effets de la vaginose bactérienne sur le risque d'infection urinaire. D'autant que les antibiotiques classiques ne débarrassent pas la patiente de G. vaginalis.
Rapports sexuels et infections urinaires : Enfin, l'étude contribue à expliquer pourquoi certaines femmes éprouvent des infections urinaires récurrentes après avoir eu des rapports sexuels : tout simplement parce que des bactéries vaginales comme G. vaginalis sont déplacées dans les voies urinaires pendant les rapports sexuels.
March 30, 2017 DOI: 10.1371/journal.ppat.1006238 Transient microbiota exposures activate dormant Escherichia coli infection in the bladder and drive severe outcomes of recurrent disease