Aujourd’hui, donc, Henri Dès est synonyme de musique pour enfants. Voilà qui serait, si ce n’est réducteur, presque péjoratif. Et dire que moi-même, qui suis né quelques années après son tout premier disque pour enfant qui s’intitule Cache-cache, je ne le connaissais que de réputation, de nom. Pour sa musique, il aura fallu attendre que mon propre enfant ne l’écoute, à la maison (d’abord grâce à La Petite Charlotte, le numéro 2, publié en 1979) et, aussi, à l’école. Car oui, depuis 1977, Henri Dès est un classique pour tous.
Résultat, quand il publie son 18ème album en 2013, Casse-pieds, je dois bien avouer que, ça y est, nous avons l’intégrale la plus imposante de toute notre discographie. Néanmoins, j’appréhendais ce nouvel album, Henri Dès ayant désormais plus de soixante-dix ans (pardon, septante…) et, surtout, il a réalisé bien plus de 18 albums déjà si l’on y ajoute ceux reprenant des comptes et des histoires (Les Trésors De Notre Enfance, Belles Histoires De Pomme D’Api, Toni Et Vagabond, etc.).
Quelle erreur ! Henri Dès est, sur Casse-pieds, plus en forme que jamais. Les paroles des douze nouvelles chansons sont au moins aussi efficaces qu’à son habitude et, toujours comme à l’accoutumée, ne vous quitte plus de la journée.
De plus, et comme sur les précédents finalement, la musique n’est jamais en reste. Plus encore, je trouve que c’est peut-être son album le plus ambitieux musicalement. Cela, en grande partie grâce à l’aide mille fois précieuse de Martin Chabloz qui a lui-même enregistré et donc interprété l’intégralité des instruments de l’album (exception faite de « T’en vas pas papa », la chanson cachée ou fantôme – comme dans les grands disques de rock). Par exemple, quelle idée de génie de terminer « Niversaire » par une batterie qui rappelle sans équivoque… un morceau de métal ! Ou encore, l’éponyme « Casse-pieds » et ses inspirations celtiques réveilleront le plus réservé des enfants (et des adultes…).
Aussi la grandeur du disque vaut-elle autant parce qu’il est au moins aussi bon que chacun des précédents. La formule chansons suivies des versions instrumentales montre à quel point Henri Dès fait confiance à sa musique, qui est aussi humble qu’irréprochable. Enfin, le morceau placé (caché?) en vingt-troisième position, c’est-à-dire après les onze chansons du disque et leur version instru respective, est signe d’une volonté farouche de préserver ses auditeurs les plus jeunes, tout en refusant, une fois encore, une thématique malheureusement universelle : la séparation d’un couple, en particulier ici la séparation de parents d’un enfant, quel que soit l’âge de celui-ci…
Bien sût, tout le monde aura reconnu le dessin de son compatriote Zep, qui a illustré tout l’album à l’aide notamment d’un petit bonhomme qui pour notre plus grand bonheur nous rappelle son héros-fétiche Titeuf !
Rappelons, pour conclure, qu’Henri Dès (et sa femme) a toujours cru en sa musique, allant jusqu’à créer son propre label suite eux refus des maisons de disques de le publier. Elles doivent être très nombreuses à s’en mordre les doigts.
En tout cas, vivement le numéro 19 !
(in heepro.wordpress.com, le 01/04/2017)
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