Résumé : « Une évidence. Une évidence aussi tangible qu’une pierre au milieu d’un jardin : C. est persuadée que je l’aime, que je l’ai toujours aimée. Comment puis-je faire semblant d’avoir oublié ? »
L’illusion délirante d’être aimé est une maladie, chronique, dangereuse, et parfois mortelle, nommée syndrome de Clérambault, car elle fut découverte par le célèbre psychiatre. C’est aussi un roman implacable, un thriller des sentiments : l’histoire d’une obsession et d’une dépossession. Un amour à perpétuité. Un amour qui ne peut que mal finir.
Avis : Le prologue de ce livre m’a fait bondir, je tiens à le préciser. Je l’ai trouvé hyper stigmatisant. Il met face à face « les psychotiques » et « les gens normaux », hors, les gens normaux n’existent pas, et les maladies mentales ne se résument pas du tout aux psychoses. Autre chose, elle décrit les gens qui ont des psychoses et qui essaient de vivre comme tout le monde, comme des menteurs, des tricheurs. Elle ne le dit pas comme ça, mais c’est comme ça que je l’ai ressenti, et désolé mais non. Il y a des traitements pour certains psychotiques, pour les maladies mentales, et oui ils peuvent avoir une vie stable, comme beaucoup d’autres personnes. Bref, je l’ai trouvé hyper jugeant et j’étais très très mal parti avec ce livre.
Au final, est-ce que j’ai quand même aimé ma lecture ? Et bien, c’est très mitigé. J’ai trouvé le sujet abordé super intéressant. L’érotomanie est un délire presque fascinant. Des personnes se mettent à être persuadées qu’une autre les aime, et les gestes sont interprétés de façon complètement aléatoires. Les personnes érotomanes voient dans des petits détails des messages (qui n’en sont pas). Ils délirent complètement et le problème, c’est que ça peut très mal se finir. Ils sont capables de jouer le jeu en société, mais en fait ils continuent d’être persuadé que l’objet de leur amour les aime.
Sauf que j’ai trouvé que le sujet n’était pas super bien traité. En plus j’ai été plutôt mal à l’aise vis à vis de certains propos du psy. J’ai trouvé ça assez dégueu que la narratrice, Laura, essaie de « jouer » avec cette maladie pour écrire son bouquin. Mais soit, c’est l’histoire, Laura risque de se brûler à jouer avec le feu et puis elle est journaliste, mais que le psy la laisse faire, et tout, ça j’ai trouvé ça vraiment pas professionnel.
Il y a pourtant des moments intéressants, y a des questionnements intéressants aussi, est-ce qu’on peut en vouloir à quelqu’un de nous pourrir la vie alors qu’il est en pleins délire ? La folie de C. touche Laura qui elle aussi commence à se perdre, et en plus, elle reçoit peu de soutien autour d’elle. C’est à peine si on la croit. Alors les choses se précipitent.
J’ai trouvé que l’écriture partait par moment dans tous les sens, le livre est coupé en pleins de petites parties, ce qui brisent le rythme et ça m’a agacé au bout d’un moment. Le côté thriller est super bon, mais pas assez développé. Au final, j’ai trouvé que certains moments ennuyants traînaient en longueur, alors que quand on touchait au vif du sujet ben ça allait trop vite, ça restait trop en surface.
Quitte à faire que Laura rentre dans le délire de C., j’aurais voulu qu’elle aille plus loin, mais ça reste très superficiel. La fin est pas mal, peut-être un peu trop facile.
Une lecture moyenne.
Phrase post-itée :
« Peut-être parce que j’ai trop de respect pour le langage, je souffre des conversations où rien ne se dit, où les mots tournent sur eux-mêmes comme dans le tambour vide d’une machine à laver. »