Là dessus, j'ai un peu de retard mais il faut dire qu'il faut du temps pour digérer les cinq disques (et cinquante morceaux) de la nouvelle oeuvre de Stephen Merritt, l'unique homme ou presque derrière The Magnetic Fields. Après les fameuses 69 love songs sorties en 1999, le bonhomme semble coutumier du fait. Cette fois-ci, le thème est plus personnel, car Merritt vient d'avoir cinquante ans : une chanson par année. On retrouve d'ailleurs le style de chaque période, avec les synthés mis bien en avant pour les années 80. Les titres dépassent rarement 3 minutes 30, le format pop classique. Les mélodies le sont aussi, classiques. Restent cette impressionnante voix grave de crooner décalé, ces paroles souvent ironiques et ces arrangements bricolés qui, pourtant, sont loin de faire pâle figure.
Il y a un style Magnetic Fields (les regrettés Parenthetical Girls en étaient par exemple d'excellents suiveurs plus maniérés). Bien sûr, tout n'est pas parfait. Sur une telle quantité, comment cela pourrait l'être? Qui pourrait tenir la distance ? Difficile d'écouter ce nouveau disque d'une traite sans éprouver une certaine lassitude, surtout que l'inspiration semble diminuer au fil des morceaux. Il faut prendre ces "50 Song Memoir" comme de délicieux tapas qu'on dégusterait selon notre appétit et nos envies, quitte à revenir plusieurs fois sur les mêmes. Il y a tellement de mets appétissants sur la carte qu'il nous faudra de toute façon longtemps avant d'en avoir saisi toutes les saveurs.