L’anthologie, par définition (un choix de ‘fleurs’) supporte mal l’histoire. Or, Yves Di Manno et Isabelle Garron se sont donné pour grille afin de ranger leurs notes une histoire. La chose est faussée dès le principe. Y a-t-il un rapport entre histoire de la poésie et poésie ? Pas sûr. Je prendrai pour illustration de mes craintes le fait que bien peu de place dans cette grille historique a pu être accordée à l’œuvre de Marcelin Pleynet, qui est pourtant, à mon sens, la plus proprement poétique, depuis 1960 : une poésie du roulement de dés, reprenant le fil bien en deçà de Mallarmé, jusqu’à Héraclite et l’enfant-roi, qui joue « parce que », comme une fleur.
Une grille~histoire ne peut accueillir le « parce que » enfantin-souverain car elle est préoccupée par une volonté de justification (de légitimation).
Claude Minière