
Calculs. Et voilà qu’un physicien, chercheur au CNRS et membre du Cevipof, Serge Galam, se permet de jeter un pavé dans la mare. Dans une tribune donnée à Libération lundi dernier, le scientifique, qui, entre parenthèses, avait prédit l’élection de Donald Trump dès l’été 2016, nous explique qu’une victoire de Fifille-la-voilà serait passée de «impossible» à «improbable», «improbable voulant dire à envisager». Ses calculs sont formels, sa théorie aussi: «Alors que Le Pen active des électeurs anti-FN quel que soit son challenger, désormais, et c’est nouveau, chaque candidat qualifiable pour le second tour va aussi désactiver des électeurs qui ne pourront pas voter pour lui, même face à Marine Le Pen.» Vous suivez? La fragmentation politique de cette campagne – ajoutée à une faible participation – pourrait accélérer le processus d’étiolement des irréductibles anti-FN. Et le physicien d’annoncer «le grand séisme du 7 mai 2017». Une manière assez grossière, mais efficace, d’appeler à voter utile… Révolutionnaire. Dans une chronique savoureuse, publiée dans les pages «France» du Monde, ce mercredi, nous apprenons que, dans cette campagne électorale, il y aurait deux «révolutionnaires». Suivez notre regard: Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Les deux renvoyés dos à dos. Outre l’ignominie du procédé – pas la première fois –, c’est bien le candidat de la vraie gauche qui effraie les puissants. Il suffit de lire ceci: «La convocation d’une Constituante fait clairement référence à 1789, première étape d’une longue et sanglante émancipation.» Jean-Luc Mélenchon est d’abord comparé au pire (l’extrême droite), puis insulté (référence au sang). Tous les procédés sont bons. Mais cela prouve au moins une chose: la peur a changé camp. [BLOC-NOTES publié dans l’Humanité du 31 mars 2017.]