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Exposition “MON PREMIER CERCLE” Anouk Grinberg | Flair Galerie – Arles

Publié le 31 mars 2017 par Philippe Cadu

Du 8 avril au 24 juin 2017 - Vernissage vendredi 7 avril de 18h30 à 21h

http://www.flairgalerie.com/

" Dans les dessins de l'anouk - je ne recours pas au l' pour déifier l'actrice, quand sciemment elle s'efface dans l'ombre des animaux qu'elle dessine ; je fais tomber la majuscule de son prénom, qu'on la voie mieux comme l'une d'entre eux : écrire l'anouk comme on dit l'ours, comme on dirait l'oiseau - nous revenons à nous, tandis que les bêtes surgissent de cadres qui ne sont jamais des enclos. Car on n'en imagine pas les bords, comme on abdique la frange qui sépare humains et animaux. L'anouk voit, trace, dessine, peint, depuis son espèce ; et c'est tous les vivants. Dans le regard qu'elle pose, dans celui de la chèvre ou du chien, on lit la mélancolie ou la stupéfaction, souvent une combinaison des deux. Je chercherais d'au

Ces animaux savent ; ils savent nos excès, nos limites, nos erreurs, nos accidents, nos déroutes. Ils savent qui nous sommes. Ils savent qu'on les a trahis, qu'on les trahit toujours. Nos caresses engendrent la domination, ils le savent, savent qu'on les prend de haut dans nos filets de prédateurs. En silence, ils nous interrogent. Ne réclament pas d'explication. N'incriminent personne. Ont cette élégance, ce génie. Mais ils savent et nous savons. Dans leur plus simple appareil, les animaux de l'anouk nous rappellent à des solidarités ancestrales (ou naissantes), quand les bêtes humaines prenaient (ou prendront) parole en nous. Comme quand nous étions enfants et que les loups passaient dans la chambre nous conseiller de ne pas grandir sans peur, quand les vaches du pré voisin portaient l'amitié dans leurs cornes, quand en frère soudain le cerf giclait de la nuit pour ouvrir l'échelle du réel. Avant que notre identité sociale ne ravage tout de notre être animal, nous allions vers les bêtes choisir l'une d'entre elles pour en faire un totem, une identité d'emprunt. Tendresse, disions-nous. Estime. Reconnaissance.

Le film documentaire de Jean Rouch, La chasse au lion à l'arc, réalisé entre 1958 et 1965, nous emmène sur la rive Gourma du Niger, dans " le pays de nulle part ", cette brousse plus loin que loin, où vivaient seulement des bergers peuls. Les Peuls pensaient que le lion était nécessaire au troupeau, que le troupeau ne pouvait exister qu'avec le lion. En étudiant ses traces, ils identifiaient chaque lion. Quand un lion mangeait trop de bœufs, il était considéré comme un tueur. Alors on décidait, à contrecœur, de le chasser. Représentants d'une caste héréditaire, les Songhaï étaient seuls autorisés à traquer le fauve. Pour se préparer à la chasse, ils respectaient un protocole exigeant ; tuer le lion n'allait pas de soi : l'acte requérait précautions et solennité. Au cours du film, tandis que les Songhaï piste un lion tueur de bœufs, on assiste à la mort d'un petit lion. Ce n'est pas celui qu'on chassait. Alors Tahirou, le chef des chasseurs, s'agenouille pour demander pardon à l'animal et le prier de mourir le plus vite possible. Rituel de libération de son âme. L'âme du lion.

FLAIR Galerie, 11 rue de la Calade, 13200 Arles. Tél: + 33 9 80 59 01 06. Portable: + 33 6 20 75 13 58 : http://www.flairgalerie.com/
Du mardi au samedi de 11h à 13h et de 15h à 19h et sur rendez-vous


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