Magazine Culture
Le livre :
Terreur de Yann Moix aux éditions Grasset, 160 pages, 18 € 00.Publié le 4 janvier 2017.
Pourquoi cette lecture :
Je n'ai encore rien lu signé Yann Moix alors que je l'écoute régulièrement dans "On n'est pas couché".L'analyse et un retour sur les attentats qu'a subit notre pays ces dernières années, ces derniers mois par un intellectuel doit changer de ce que l'on peut lire d'ordinaire.
Le pitch :
"Ce livre, écrit au jour le jour pendant et après les attentats contre Charlie Hebdo et à l'Hypercacher, ne sort que deux ans après les événements : il fallait respecter le temps du deuil ; et me donner la faculté de suspendre celui de la réflexion. "Penser" les attentats est une gageure, parfois même un oxymore : le risque est soit de donner trop de sens à ce qui n'en a pas, soit de rater les étapes d'un processus plus complexe qu'il n'y paraît.Penser les attentats, c'est possiblement se tromper. Ce livre est un cheminement, une progression, une interrogation, un questionnement sur la radicalité, la radicalisation, la jeunesse, l'islamisation, la violence, le nihilisme. Autant de termes qu'on ressasse à longueur de journées sans jamais s'arrêter pour les creuser, les approfondir jusqu'à la nausée. Ce petit essai est obsessionnel : revenir à l'infini sur les actes, les causes, les effets, les acteurs, les conséquences, sans jamais se raturer, au risque même, çà et là, de se contredire.Les frères Kouachi, Amédy Coulibaly sont les tristes protagonistes d'un événement originel, matrice de tous les attentats qui suivirent : les notes et scolies rédigées à chaud et publiées maintenant, doivent se plaquer sur tous les attentats qui suivirent, et qui sortent tout droit, peu ou prou, de janvier 2015. Car ce qui me frappe à la relecture d'un texte rédigé il y a deux ans, c'est à quel point ce qui y était prévu est déjà advenu ou encore, hélas, à advenir .Je n'ai donc rien censuré des passages prophétiques qui me donnent aujourd'hui le sentiment d'une réflexion rattrapée par le réel, au prétexte qu'ils pourraient être lus comme ayant été rédigés rétroactivement à partir du réel : on ne s'excuse pas d'avoir eu raison trop tôt. "Nous sommes en guerre" a dit le président de la République. Les écrivains ont toujours voulu dire la guerre. Je n'échappe ni à la règle, ni à la tradition", Y. M.
Ce que j'en pense :
Ce livre est une succession d'idées, de réflexions sur des événements qui ont marqué les esprits, mais aussi les consciences, les chairs... L'ensemble est décousu, pas sans liens, mais jeté sans ordre, sans autre organisation que celle du temps, de l'ordre dans lesquelles lui sont venues ces pensées.
Le titre ne reflète pas le contenu, ne vous y fiez donc pas plus que cela. Il est trop fort. C'est peut-être pour marqué les esprits, nous attirer. L'auteur ne ressent pas de la terreur, il n'aurait pu écrire ce livre. La terreur paralyse les fonctions cognitives, on ne peut penser, pas plus que réfléchir. On est au mieux dans l'instinct de survie.
J'ai apprécié les idées de l'auteur, mais assez vite, disons au quart de ce livre, j'ai eu l'impression de tourner en rond. J'ai eu le sentiment qu'on avait fait le tour. Il y avait des redites, bien faites, mais cela finit par lasser à la longue. J'aurai préféré que ce soit plus court.Au niveau du style, je dirai que c'est du Yann Moix dans le texte. C'est mon premier titre de l'écrivain, mais tout au long de ma lecture, j'avais sa voix dans un petit coin de ma tête qui lisait le texte. Il y avait tout. Les intonations, les pauses, le rythme...
Au final, c'est un livre intéressant pour des passages incroyablement intelligents, finement vus, mais il y a un peu trop de remplissage. C'est dommage car l'auteur qui en irrite plus d'un par son caractère ou son franc-parler pas toujours diplomatique me semblait être au-dessus de cela. Après j'ai lu d'un trait ce qui me semblerait plus judicieux de découvrir par bribes. Ce serait plus digeste.Un livre, des idées qui dérangent ne sont pas pour me déplaire. Cela fait réfléchir, penser, argumenter... En cela, Yann Moix a réussi. Pas besoin d'être en accord sur tout. Et puis, on apprend chaque jour en confrontant des idées.
Et s'il fallait mettre une note : 13 / 20