Réseaux sociaux: haro sur le « taom-baovao malagasy »?
En surfant sur FB (facebook) grande fut ma surprise en lisant les différents « posts » se rapportant à « l’Alahamady be », le « taom-baovao malagasy » (nouvel an malagasy), les avis étant partagés, certains approuvant la célébration de « l’Alahamady be » du 28 mars 2017, d’autres reprouvant cette célébration déniant la date et les rituels des festivités, tandis que d’autres se gaussent ouvertement de ceux qui s’essayent de perpétuer une tradition séculaire occultée durant la période coloniale . Bref, la date de célébration du nouvel an malagasy ne fait pas l’unanimité pour ceux qui s’y intéresse. Car il ne faut pas se voiler la face: ce nouvel an, qui a été jeté aux oubliettes durant la colonisation et le début de la période post-coloniale est parfaitement méconnu par le grand public, et pour cause, ceux qui ont persévéré à le célébrer, de purs traditionalistes, ont été souvent taxés ou assimilés à des animistes ennemis du monde chrétien instauré par les colons.
Mais il faut reconnaître que ces dernières années beaucoup d’efforts ont été déployés par les nouveaux gardiens de la tradition malagasy qui ont gagné en respectabilité étant plus instruits ( à l’occidental) et faisant partie de plus en plus de « l’establishement » malagasy. Eh oui, a voir de près les têtes dirigeantes des dernières éditions médiatisées, entre autre la « Maison Royale De Madagascar » dirigé par le Prince Rabarioelina, descendant de la branche ainée de la Famille Royale de Madagascar(?),Docteur en Théologie, assisté par le Conseil des Rois Traditionnels et Princes de Madagascar.
Cette année, un peu partout à Antananarivo des cérémonies ont été organisées pour commencer à célébrer avec faste cet « Alahamady Be ». Ainsi à Mahamasina on a vu Rakotondrazafy, un Tangalamena venant de Sahapetraka, dans le district de Soavinandriana , Région Itasy âgé de 111 ans. donner sa bénédiction. Cet événement a été sous l’égide du Comité d’organisation de nouvel an malagasy 2017 dirigé par Président de Fitohasina Mbola Tina Ramamonjisoa.
Quoiqu’en dise, petit à petit , l’oiseau fait son nid! Les malagasy initiés glissent subrepticement vers une période commune, si ce n’est une date commune pour cette célébration. Reste à démocratiser et l’affaire est dans le sac! Mais ce ne sera pas une mince affaire au train ou vont les choses, à décrypter les différents commentaires sur FB par exemple, le fait même d’avoir la particularité d’un nouvel an malagasy autre que celui que propose le calendrier grégorien en offusque plus d’un, allez savoir pourquoi! Trop imprégné par la culture occidentale qui a imposé le calendrier grégorien pour en concevoir l’existence d’un autre? Mais qu’ils le veuillent ou non, nombreux sont les calendriers utilisés pour les usages religieux ou traditionnels à travers le monde. Alors pourquoi les malagasy y échapperaient-ils?
Le grand bémol dans cette quette d’unité dans le calendrier, car il s’agit bien d’une quette, est justement la disparité dans les dates de célébration suivant les associations ou les régions. Les malagasy ne sont pas encore sorti de l’auberge pour arriver à accepter d’être un seul et même peuple, là pour une simple question de date commune, les têtes pensantes divergent dans leurs avis. La rhétorique colonialiste sur la diversité ethnique est encore très vivace dans certaines couches de la population pour arriver à se débarrasser du fameux « diviser pour régner » si chère aux colonialistes d’antan. On sait bien qu’on est bien loin des contrées où les diversités ethniques signifient vraiment quelque chose : disparité de culture, disparité d’origine, disparité de langue mais dans un même pays. Tandis que dans la Grande île, du nord au sud et d’est en ouest, la langue est la même à quelques nuances près, les rites, les us et les coutumes ne diffèrent pas si tant que ça et le comble c’est que tous les malagasy sont condamnés à vivre, cohabiter sur une cette seule et unique grande île!
Alf Raza
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