La chaleur et l'attente m'avaient mis de mauvais poil. Dehors, les ouvriers finissaient de recouvrir de goudron les trottoirs qui n'étaient plus que des amas de cailloux.
J'ai d'abord débranché le téléphone du chargeur avant de le plaquer au sol et de lui coller deux coups de talon, bien secs. Si cela avait été nécessaire, le but aurait été de tuer. Je m'en foutais, mes pompes me protégeaient. Et la douleur n'est qu'un stimulant de plus. Deux minutes plus tard, sans raison, ni une ni deux, le voilà qui traverse d'une traite le salon pour aller rebondir contre le mur du couloir. Voilà qu'il agonise comme un mouton que l'on vient d'égorger.
Quant à moi, j'ai plusieurs univers à bâtir de mes propres doigts, et des montagnes visuelles et de papier à parcourir. Le voilà qui agonise. Je n'ai plus assez de temps.