Jean-François Marcotorchino est à l'origine d'une branche des mathématiques : l'analyse relationnelle. Mais est-ce le plus important dans ses travaux ? Selon moi, ce qui les caractérise est d'avoir montré que beaucoup de problèmes mathématiques fondamentaux étaient mal posés : par construction, ils ne pouvaient pas donner de résultat correct !
Un exemple est celui de la mère de toutes les techniques statistiques et marketing : la segmentation. La représentation traditionnelle des données conduit à la segmentation triviale. Une classe égale un individu ! Donc pas de segmentation ! Alors on triche, en fixant le nombre de classes que l'on désire. Du coup, on est incapable de repérer les "anomalies", en particulier l'arrivée de changements. (Trump, par exemple.) Le problème se résout en ajoutant une contrainte : on veut une "vraie" segmentation. Ce qui conduit à s'interroger sur la façon de décrire les données. Or, il en existe une qui satisfait nos exigences.
C'est curieux, mais toutes mes missions ressemblent à cela. Telle société prend des affaires à perte, de peur de ne pas "charger ses usines", telle autre ne veut pas évaluer ses employés par peur d'être accusée de "flicage"... Or, il suffit d'ajouter la contrainte omise pour faire que l'entreprise devienne innovante ou qu'elle découvre que sa perte de productivité vient du manque de formation, à leur métier, de ses employés. Et qu'ils en souffrent.
Et si c'était le mal de notre société ? La contrainte rend intelligent. Mais elle nous demande un effort. Alors nous avons "interdit d'interdire", et l'humanité s'est mise à régresser ?