Le récit se déroule au Portugal en 1938, à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, et invite à suivre les pas de Doutor Pereira. Journaliste culturel d’un grand quotidien, ce dernier mène une vie monotone et solitaire, tout en fermant les yeux sur les dérives du régime dictatorial instauré par Antonio de Oliveira Salazar. Cette petite vie rangée se retrouve cependant bouleversée par la rencontre d’un jeune révolutionnaire antifasciste à la plume acerbe : Francesco Monteiro Rossi !
Le lecteur suit donc la lente prise de conscience de ce personnage veuf et obèse, qui converse avec le portrait de sa femme décédée et se goinfre de sucreries et de littérature française afin de combler le vide de son existence. Le développement psychologique de cet homme dont la routine se retrouve balayée par le souffle de la révolution est d’une grande justesse. À travers les questionnements de ce personnage finalement très touchant, l’auteur dresse également le portrait d’un pays victime d’un régime totalitaire adepte de la censure et des passages à tabac.
La mise en images de Pierre-Henry Gomont s’installe immédiatement au diapason de la justesse du scénario. Il faut d’une part saluer la merveilleuse restitution de cette ville de Lisbonne aux ruelles étroites et à la chaleur étouffante. Mais il faut surtout applaudir les trouvailles graphiques qui permettent de visualiser les doutes et les réflexions d’un homme torturé par la solitude, qui hésite à se laisser emporter par ce vent de révolte.
Vive la révolution et vive cet album coup de cœur que vous pouvez retrouver dans mon Top BD de l’année !
Ils en parlent également : Mo’, Noukette, Moka, Jérôme
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